Marlène Schiappa interpelle LCI après les propos polémiques de l’éditorialiste Julie Graziani

Julie Graziani intervenait lors de l’émission « 24h Pujadas » sur LCI.

Julie Graziani intervenait lors de l’émission « 24h Pujadas » sur LCI. LCI

« Si on est au Smic, et bien il ne faut peut-être pas non plus divorcer dans ces cas-là », s’est indignée Julie Graziani en évoquant le cas d’une mère de famille célibataire ayant fait part de ses inquiétudes à Emmanuel Macron.

Et une nouvelle polémique pour LCI. Lundi 4 novembre lors de l’émission « 24h Pujadas », l’éditorialiste de la revue d’extrême droite « L’incorrect », Julie Graziani, a fermement critiqué le « parcours » de vie d’une mère de famille faisant part de sa détresse à Emmanuel Macron. Des propos qui n’ont pas du tout plu à la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Mardi sur Twitter, Marlène Schiappa a interpellé la chaîne d’info en continu, dénonçant un « violent mépris des mères isolées ».

Sur le plateau de LCI, Julie Graziani réagissait à une séquence montrant une mère célibataire de deux enfants touchant le Smic, apostrophant Emmanuel Macron à Rouen. « Je trouve que les aides ne sont pas terribles », confie-t-elle au président. « Seule avec deux enfants au Smic, je ne vois pas trop comment on peut s’en sortir », ajoute-t-elle. Julie Graziani se lance alors dans une diatribe blâmant cette femme pour les difficultés qu’elle rencontre.

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« La première te dit : j’ai deux enfants, je suis seule, je suis au Smic. Je comprends très bien qu’elle ne s’en sorte pas, c’est sûr qu’elle ne s’en sort pas à ce niveau-là. Mais je ne connais pas son parcours de vie à cette dame. Qu’est-ce qu’elle a fait pour se retrouver au Smic ? Est-ce qu’elle a bien travaillé à l’école ? Est-ce qu’elle a suivi des études ? Et puis, si on est au Smic, et bien il ne faut peut-être pas non plus divorcer dans ces cas-là. A un moment donné, quand on se rajoute des difficultés sur des difficultés, et des boulets sur des boulets, on se retrouve avec des problèmes. »

Devant le regard médusé d’Aurore Lalucq, députée européenne (Place publique) également présente sur le plateau qui lui fait remarquer que cette femme « a quand même le droit d’être divorcée et d’être bien payée », elle tente de temporiser : « Je ne dis pas que c’est forcément elle qui a divorcé, peut-être que son mari l’a quittée… […] A un moment donné il faut prendre sa vie en main, faut arrêter de se plaindre et d’empiler les difficultés. »

« Un violent mépris des mères isolées »

Alors que la polémique montait sur les réseaux sociaux, où l’extrait a été vu près d’un million de fois, Marlène Schiappa a également tenu à dénoncer les propos de l’éditorialiste. « J’aimerais comprendre, écrit-elle à l’attention de LCI, quel est le message quand on blâme une femme de ne gagner que le SMIC puis qu’on lui reproche publiquement d’avoir divorcé ? Riche on peut divorcer, pauvre il faut subir ? Sous couvert d’opinion, un violent mépris des mères isolées ! »

De son côté, l’éditorialiste de la revue fondée par des proches de Marion Maréchal Le Pen, persistait et signait lundi soir sur Twitter, expliquant que « chacun est responsable de ses parcours de vie ». « Tu as fait le mauvais choix de boulot, tu as fait le mauvais choix de mec, tu assumes. Ce n’est pas à l’Etat d’arranger tes problèmes », a-t-elle écrit, avant d’évoquer le cas de sa propre mère.

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Elle a cependant fini par présenter ses excuses dans un billet posté mardi sur le site de « L’incorrect », reconnaissant une formule « provocatrice et blessante pour les intéressées ». « Mon propos n’était pas de dire qu’une mère de famille en situation de précarité n’avait pas à divorcer », écrit-elle. Elle ajoute cependant que « même dans des situations difficiles, nous restons responsables des actes que nous choisissons et nous ne pouvons indéfiniment nous retourner vers l’Etat pour résoudre nos problèmes personnels ou pour nous victimiser ». Le rétropédalage n’en est donc pas vraiment un.

Ce nouveau dérapage, LCI s’en serait bien passé : depuis la rentrée, la chaîne croule sous les polémiques, entre diffusion du discours violent d’Eric Zemmour contre l’islam ou dérapages à répétition sur le voile et les musulmans. En octobre dernier, le CSA avait prononcé une mise en garde « ferme » contre la chaîne, qui avait promis la fin des polémiques. Pour ce faire et comme l’écrivait « le Parisien », LCI avait d’ailleurs décidé de revoir le casting de ses intervenants. Elle avait notamment prévu de se passer d’intervenants venus de revues proches de l’extrême droite, comme Boulevard Voltaire ou encore… « L’incorrect », dont fait justement partie Julie Graziani.

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