“Poursuite des arrestations de militantes et de militants”, alerte le compte Twitter d’Al-Qst, organisation saoudienne de défense des droits de l’homme en exil à Londres. Parmi d’autres arrestations intervenues ces derniers temps, l’organisation souligne plus particulièrement celle de Hatoun Al-Fassi, professeure, éditorialiste et militante de longue date des droits des femmes dans son pays.

Les raisons de son arrestation n’ont pas été communiquées pour l’heure, mais le 15 juin, Hatoun Al-Fassi avait publié un éditorial dans le grand quotidien saoudien Al-Riyadh, qui a pu lui valoir l’ire des conservateurs du régime. Elle y réclamait une réforme substantielle de la place des femmes dans les instances religieuses :

À travers l’histoire, il y a eu un accaparement machiste des postes de pouvoir dans la hiérarchie religieuse. Cela a entretenu un héritage de textes qui justifient l’exclusion des femmes des postes de décision. C’est ainsi qu’on a vu, par exemple, la promotion de hadiths [paroles attribuées à Mahomet] contestables pour justifier le fait de priver les femmes d’enseignement scolaire dans beaucoup d’endroits du monde musulman pendant des siècles.

Elle y revendiquait également, “dans le cadre des nombreuses évolutions” promues par le jeune prince Mohamed Ben Salmane, que les femmes puissent être nommées au sein de l’institution judiciaire – un bastion des forces conservatrices religieuses. Et que la proposition, récemment formulée par un des membres du Conseil des grands oulémas, “de nommer des femmes muftis” soit rapidement traduite dans la réalité.

C’est le jeune prince Mohamed Ben Salman – nommé héritier par son père il y a tout juste un an – qui est à l’origine d’une salve de mesures de modernisation de l’Arabie Saoudite, dont l’autorisation de conduire pour les femmes. Mais ces réformes s’accompagnent d’une importante répression à l’encontre des figures de la vie intellectuelle et des élites économiques du pays, ainsi que de purges au sein même de la famille régnante.