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Club Entrepreneurs

Cette femme a créé l'une des pépites françaises de l'aéronautique

Clémentine Gallet, rare femme dirigeante dans le secteur, a cofondé cette entreprise de robots et de logiciels en 2001 avec son mari. Ses machines équipent tous les grands noms de l’aérien. Elle est l'invitée du Club entrepreneurs Challenges - Grant Thornton. 

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Challenges - Quel est votre métier?

Clémentine Gallet -  Coriolis développe et fournit des machines robotisées et des logiciels pour la fabrication de pièces en matériau composite. Il s’agit principalement de fibres de carbone ou verre imprégnées de résine. C’est comme du plastique, mais en beaucoup plus rigide. Nous fabriquons à la fois le robot et le logiciel qui le fait bouger.

Qu’apporte cette technologie?

De la performance mécanique et de l’allègement. Une pièce en carbone pèse 20% de moins qu’une pièce en aluminium. Sur un marché conservateur, opéré par de gros acteurs, nous avons apporté une technique peu chère, flexible, relevant de l’industrie 4.0 avant l’heure. C’est de la fabrication additive, sur le principe d’une imprimante 3 D: le robot empile des couches de carbone.

 

 

Au départ, vous visiez la mer…

Oui. Dans les années 1990, en stage dans les chantiers navals, mon mari a eu l’idée d’une machine pour concevoir automatiquement les coques de voilier. Après deux ans à vivoter, le fonds de développement économique de Lorient nous a soutenus. Mais en Bretagne, les constructeurs nautiques n’ont pas voulu de notre robot.

Comment avez-vous pivoté?

A ce moment-là, Boeing et Airbus ont lancé leurs appareils en composite. Airbus a acheté notre première machine pour de la recherche. Puis Bombardier Canada en a acheté pour un avion volant. Aujourd’hui, nous travaillons aussi pour Safran, Comac en Chine, UAC en Russie, l’Amérique du Nord. Notre chiffre d’affaires, de 29 millions d’euros, est réalisé à 75% à l’international.

Quels sont vos axes d’innovation?

Nous devons rendre les machines plus intelligentes et apprenantes. Pour l’instant, nous récoltons la donnée sans la traiter. Nous travaillons sur une nouvelle génération de machines qui conçoit des pièces très larges et très planes pour les ailes d’avion. Nous dépensons 14% de notre chiffre d’affaires en R&D.

D’autres projets?

Nous regardons l’automobile. L’an dernier, nous avons acquis l’entreprise normande MFTech, qui conçoit aussi une technologie à base de robots et de fibres de carbone mais est spécialisée dans la fabrication de réservoirs d’hydrogène. Nous avons financé l’opération par de la dette.

L’entreprise vous appartient-elle?

Oui, à 51%. En 2014, j’ai failli vendre à des industriels étrangers. Face à une énorme commande, je me suis dit : notre maison appartient à la banque, nos emplois et notre patrimoine sont dans l’entreprise. Si cela se passe mal, je suis à la rue avec quatre enfants! (rires) Mais j’ai préféré céder 49% du capital à BPI, ACE Management et SFLD. Depuis 2001, 25 millions ont été levés. 2019 s’avère difficile…

Pourquoi?

A cause de la guerre commerciale, c’est difficile de jouer sur tous les pays. Et aux Etats-Unis, le drame du 737 MAX a tout gelé. Nous stagnons, mais c’est très agréable : enfin, on se pose et on réfléchit à l’avenir. Le plan d’économies s’est très bien déroulé. Les départs, dans nos filiales, étaient volontaires.

Votre rêve de croissance?

Créer une ETI familiale à l’allemande, et la rendre ultra-pérenne.

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