Femme ingénieure en train de travailler sur un bras robotique.

En France, le nombre de femmes diminue dans le secteur de la tech

© Django via Getty Images

Entre 2013 et 2018, en France, la mixité a diminué dans les secteurs du numérique et des hautes technologies. Dans L’Union Européenne, elle a progressé, révèle l’étude Gender Scan 2019. Une contre-performance inquiétante.

On le sait, les femmes sont peu nombreuses dans les métiers de la tech. Mais on a beau en parler, en France, rien n'y fait : leur part diminue selon l’étude Gender Scan 2019, présentée au secrétaire d’État au numérique Cédric O mercredi 13 novembre. Ce baromètre réalisé par le cabinet Global Contact mesure la mixité dans les filières technologiques de l’enseignement supérieur et du monde professionnel.

Les résultats sont clairs. Les effectifs féminins du secteur des hautes technologies ont baissé de 11 % entre 2013 et 2018 dans l’Hexagone alors que dans le même temps dans l’Union Européenne ils ont progressé de 14 %. Pour corser le tout, il semble qu'une amélioration à court terme soit peu probable. En effet, chez les diplômés de filière tech (ingénierie, numérique, industrie…) le nombre de femmes en France a également reculé de 6 % entre 2013 et 2017. Dans l’Union Européenne, il a légèrement augmenté de 2 %.

Ambiance sexiste dans les formations tech

L’étude de Gender Scan montre que les femmes françaises de ce secteur sont particulièrement satisfaites. Elles sont 90 % à dire que l’organisation du travail leur convient (contre 74 % en Europe). Elles sont aussi une majorité à reconnaître que leur employeur s'engage pour la mixité. Des chiffres plutôt rassurants.

En revanche, pour comprendre l’origine de la faible féminisation du secteur, se tourner vers les écoles peut être intéressant. Le quotidien des femmes semble y être particulièrement difficile. Une étude de l’association Social Builder de 2017 révélait que, dans les formations tech, 7 femmes sur 10 déclaraient avoir été l’objet d’agissements sexistes. Et 10 % victimes d’harcèlement sexiste voire sexuel. La même année L’Usine Nouvelle décrivait l’ambiance boys club machiste de l’école 42. Un constat renouvelé par Mediapart en 2019. L’école a, semble-t-il, pris le problème à-bras-le-corps en nommant une femme, Sophie Vigier, à sa direction et en favorisant l’inscription des filles.

Des actions, mais pour quels résultats ?

Depuis quelques années, les initiatives pour promouvoir les femmes dans la tech se multiplient. Femmes@numérique, Women in Tech, Femmes Business Angels, concours Monster Innovation… La stratégie est souvent la même : mettre en avant des femmes emblématiques du secteur afin de créer des roles models pour susciter des vocations. Il s’agit plus rarement de dénoncer les agissements sexistes de ce milieu.

Peu de chiffres permettent d’évaluer l’impact réel de ces initiatives, nombreuses mais éparpillées. Pour y remédier, le Conseil national du numérique (CNNum) et Femmes@numérique sont en train de préparer une cartographie de l’ensemble des actions et de dresser un premier état des lieux.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
premium2
commentaires

Participer à la conversation

Laisser un commentaire