Quels sont les différents traitements des cancers du sein, leurs bénéfices, leurs effets indésirables ? Des approches comme le yoga ou la méditation peuvent-elles m’être utiles… ? Pour répondre à ces questions – et bien d’autres –, les informations délivrées par Vik, un chatbot (robot conversationnel faisant appel à de l’intelligence artificielle), sont aussi satisfaisantes pour les patientes que celles apportées par une triade de médecins spécialistes, conclut une étude française publiée le 27 novembre dans la revue Journal of Medical Internet Research.
De plus en plus présents dans notre quotidien sous forme d’assistants vocaux, comme Google Assistant, Siri (Apple) et Alexa (Amazon), ou textuels, les chatbots peuvent être utilisés pour obtenir des informations médicales, par exemple concernant des symptômes. « Dans ce domaine, les études d’évaluation sont très rares, car il n’y a aucune contrainte réglementaire, les chatbots n’étant pas des dispositifs médicaux », soulignent Jean-Emmanuel Bibault et Benjamin Chaix, les deux premiers auteurs de l’article, respectivement cancérologue radiothérapeute et ingénieur d’études.
Début 2018, la start-up Wefight, dont Benjamin Chaix est le directeur scientifique, a lancé le chatbot Vik pour accompagner des femmes ayant un cancer du sein. Accessible par Messenger ou grâce à une application sur smartphone, cet assistant virtuel répond instantanément par écrit, renvoie pour certaines questions vers des sites partenaires (réseaux de patientes, institutionnels, laboratoires pharmaceutiques…). Le chatbot s’appuie sur des données validées, telles des recommandations internationales ; certaines informations sont adaptées au contexte national. Il permet aussi des rappels des horaires de prise de médicaments et des rendez-vous médicaux.
« Un risque majeur de déshumanisation de la médecine »
Lors d’une première étude, l’équipe française avait mis en évidence des bénéfices de ce support virtuel en termes d’adhésion au traitement. Pour l’étude qui vient de paraître, les chercheurs ont inclus 142 patientes, réparties aléatoirement en deux groupes. Dans l’un, les réponses à douze questions fréquentes étaient apportées par le chatbot ; dans l’autre, elles étaient rédigées par trois spécialistes en cancérologie (chirurgien, médecin et radiothérapeute).
La satisfaction globale des participantes, mesurée par une échelle standardisée, s’est révélée comparable dans les deux groupes, avec un score moyen de 2,86 sur 4. Plus de huit femmes sur dix ont jugé les informations utiles (82 % dans le « groupe médecins », 85 % dans le « groupe Vik ») ; plus de 60 % d’entre elles en auraient même souhaité davantage (respectivement 65 % et 59 %). « En apportant des informations aux patientes sur certains sujets, Vik permet aux médecins de se concentrer sur les aspects les plus complexes et d’alléger les consultations », estiment MM. Bibault et Chaix, qui travaillent sur des chatbots consacrés à d’autres pathologies (cancer de l’ovaire, dépression, asthme, migraine…).
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