(Vancouver) Les victimes de violence conjugale pourraient souffrir des mêmes problèmes de santé que les athlètes, souligne un chercheur de la Colombie-Britannique.

Se basant sur des recherches menées aux États-Unis, le professeur Paul van Donkelaar, de l’Université de la Colombie-Britannique, soutient que de 30 à plus de 90 % de ces victimes pourraient souffrir de lésions cérébrales.

Comparativement à la recherche sur les lésions cérébrales menée sur les athlètes, celle impliquant des personnes qui ont subi des blessures similaires à cause de la violence conjugale en est à ses balbutiements, mentionne-t-il.

Le silence et la stigmatisation qui entourent la violence familiale signifient que ceux qui souffrent de lésions cérébrales passent entre les mailles du système. Pour le professeur van Donkelaar, le Canada fait face à « une crise de santé publique non reconnue ».

Selon Statistique Canada, 79 % des victimes de violence conjugale signalées à la police au Canada étaient des femmes.

La violence conjugale n’est souvent pas rapportée à la police. Il est difficile de déterminer combien de victimes pourraient avoir subi une lésion cérébrale traumatique, souligne M. van Donkelaar.

Paul van Donkelaar et Karen Mason ont fondé en 2016 un organisme visant à appuyer les victimes de mauvais traitements par l’entremise de la recherche, le SOAR.

L’organisme cherche à déterminer le nombre de victimes de violence conjugale pouvant avoir subi des traumatismes crâniens. Il veut aussi savoir dans quelle mesure leurs symptômes ressemblent à ceux des commotions cérébrales liées au sport.

Les chercheurs demande aux victimes si elles ont déjà perdu connaissance, si elles ont des étourdissements ou si elles ont des pertes de mémoire.

Les premiers résultats, publiés récemment dans la revue Brain Injury, indiquent que les 18 femmes initialement recrutées pour la recherche ont signalé des symptômes compatibles à ceux d’une lésion cérébrale traumatique. La recherche est toujours en cours et M. van Donkelaar dit que son équipe est en train d’évaluer une soixantaine de femmes.

La violence domestique comprend souvent des coups à la tête, au visage ou au cou, ainsi que des étranglements, a énuméré le professeur van Donkelaar.

« Chacune de ces expériences a absolument le potentiel de provoquer une forme de lésion cérébrale, semblable à ce qu’on verrait dans de nombreux sports de collision comme le football ou le hockey. »

Une première commotion cérébrale peut en entraîner d’autres, prévient-il.

« Chaque fois, les chances de récupérer complètement sont moindres », fait-il observer. Il signale que les personnes ayant souffert de multiples commotions cérébrales peuvent se retrouver avec des symptômes chroniques comme des étourdissements, des nausées ou des difficultés de concentration.

« Cela peut être débilitant et réduire absolument la qualité de vie sur le plan de la capacité à conserver un emploi, à aller à l’école, à élever vos enfants ou à interagir avec des collègues et des amis », ajoute l’universitaire.

La peur et les stigmates qui empêchent les victimes de se plaindre font en sorte que les lésions cérébrales deviennent encore plus difficiles à déceler, particulièrement en cas de blessures évidentes comme une fracture.

Le SOAR a créé des ressources pour aider les travailleurs des refuges et les professionnels de la santé à avoir des conversations avec des victimes de violence conjugale pour évaluer si elles pouvaient avoir une lésion cérébrale et les référer aux services de soutien appropriés.