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Munich, modèle pour l’égalité hommes-femmes

La capitale bavaroise a reçu lundi un prix qui récompense les communes dans leur travail d’intégration en faveur des femmes. Il récompense trente années de travail, dans une région pourtant connue pour son conservatisme

Vue sur Munich, novembre 2019. — © Peter Kneffel/AFP
Vue sur Munich, novembre 2019. — © Peter Kneffel/AFP

Munich, un exemple en matière d’égalité hommes-femmes? C’est ce que considère un vaste réseau professionnel d’organisations de femmes (BAG), qui a décerné le lundi 9 décembre à la ville d’un million et demi d’habitants son annuel «Gender Award». Remis par la ministre des Femmes, Franziska Giffey, ce prix récompense les communes les plus actives et efficaces en la matière.

48,8% des postes à responsabilités

«Vous êtes un exemple à suivre pour les communes, grandes ou petites», a lancé Maria Unger, membre du jury et elle-même maire durant dix-neuf ans de la ville de Gütersloh, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le jury s’est dit particulièrement impressionné par le travail du Bureau pour l’égalité hommes-femmes, fondé il y a plus de trente ans, en 1985, et qui a réussi à «ancrer ce thème de manière structurelle» à tous les échelons de l’administration locale. Avec 40 000 salariés, la ville a imposé de multiples mesures pour que les femmes puissent mener de front carrière et vie familiale, avec notamment la possibilité de travailler à temps partiel, même pour des postes à responsabilités. 20% d’entre eux peuvent être occupés de cette manière. La ville atteint par ailleurs la quasi-parité avec 48,8% de postes à responsabilités occupés par des femmes. Ces dernières constituent aussi 45% du personnel politique du parlement communal, l’un des taux les plus élevés du pays.

«Notre objectif depuis trente ans est de donner aux femmes qui travaillent dans l’administration communale les mêmes chances qu’aux hommes», résume Nicole Lassal, directrice de ce bureau chargé de l’égalité. Cette stratégie concerne aussi les très nombreux établissements scolaires et culturels municipaux. Ainsi, dans les écoles, des délégués des élèves sont depuis peu chargés de ces questions d’égalité. Autre mesure, la ville a interdit les publicités sexistes et lancera l’an prochain une application permettant aux citoyens de faire remonter leurs plaintes en la matière.

Quant aux aires de jeu, elles devront désormais suivre des critères spécifiques et non discriminants. L’expérience commencera l’an prochain avec la transformation d’un terrain de football en asphalte en aire de jeu adaptée à tous. «Les grands qui surveillent leurs frères et sœurs auront la possibilité de jouer près des petits, explique Nicole Lassal. Des aires de communication, où les enfants peuvent jouer et papoter en même temps, seront aussi aménagées», ajoute-t-elle.

Tradition d’émancipation

Capitale d’une région rurale, conservatrice et catholique, la moderne et émancipée ville de Munich a longtemps été pionnière sur ces questions d’égalité hommes-femmes. Déjà en 1898, cette cité prisée des artistes et des intellectuels obtenait l’abolition d’une loi interdisant aux femmes de participer à toute activité et à tout rassemblement politiques. Un an plus tard, elles organisaient les premières journées bavaroises de la femme, dédiées aux questions d’émancipation. Un héritage que le régime nazi se chargera toutefois de faire oublier.

Bastion social-démocrate depuis 1984, au sein d’une région acquise au parti chrétien-social de la CSU, la municipalité de Munich s’est fait un point d’honneur de militer pour la cause des femmes. «Il est toujours difficile de s’imposer sur ces questions, surtout lorsqu’il s’agit d’obtenir des fonds et des postes, mais nous y sommes parvenus», rappelle Nicole Lassal, qui dirige une équipe de dix personnes. «Nous souhaitons aller plus loin que ce que la législation régionale nous impose et ne voulons pas nous arrêter là. Nous avons encore, concède-t-elle, un long chemin devant nous.»

Munich a ainsi présenté en juillet un catalogue de 67 nouvelles mesures à mettre en œuvre d’ici à 2021, telles qu’une campagne intitulée «faire la fête la nuit» qui prévoit la formation du personnel des boîtes de nuit aux questions de discrimination et de violences sexuelles. En parallèle, les femmes de plus de 16 ans bénéficieront dès l’an prochain d’un bon de 5 euros pour rentrer chez elles en taxi, entre 22h et 6h du matin. Seul bémol à ces efforts, le jury estime que la ville pourrait plus œuvrer en faveur des pères de famille, souvent désireux de s’occuper davantage de leurs enfants.