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Le système ne protège pas les femmes violentées, dénonce un expert



MONTRÉAL – Comment le système judiciaire peut-il réellement protéger les femmes victimes de violence conjugale ainsi que leurs enfants afin d’éviter d’autres drames intrafamiliaux comme celui survenu cette semaine dans le quartier Pointe-aux-Trembles, dans l'est de Montréal?

C’est la question qui a été soulevée jeudi à l’émission «Le Québec matin» de LCN, au lendemain du triple meurtre d’une femme et de ses deux enfants, qui auraient possiblement été tués par l’ex-conjoint et père des petits.

Dahia Khellaf, 42 ans, et ses deux garçons âgés de 2 ans et de 4 ans ont été retrouvés morts mercredi matin par deux policiers. Le père s’était enlevé la vie la veille en sautant du sixième étage de l’Hôpital de Joliette, dans Lanaudière, et les autorités venaient justement annoncer la nouvelle à la femme, qu'ils ont retrouvée inanimée ainsi que les deux garçons.

«Un 810, dans certains cas, c’est comme demander à un loup d’arrêter de manger de la viande. Il y a des cas où ça ne s’applique pas, c’est complètement inutile», a dénoncé l’expert en affaires policières Jean-François Brochu, en référence à l’article 810 du Code criminel, qui constitue un interdit de contact émis par la cour.

Selon lui, il est plus que temps de renforcer les lois afin de mieux protéger les femmes, puisqu’un cet interdit ne peut absolument rien garantir.

«Les gens sont sous ordonnance, ont des 810, et ils n’ont pas le droit par exemple de suivre une personne, de lui envoyer des textos. Ils vont le faire quand même, la femme va porter plainte, les policiers procèdent à l’arrestation, et on se ramasse devant les tribunaux. Ensuite, on remet [l’accusé] en liberté, avec des conditions à respecter! À un moment donné, il va falloir qu’on resserre les règles!» a expliqué M. Brochu, qui est un ancien sergent à la Sûreté du Québec.

L’ex-conjoint de Mme Khellaf devait respecter un 810. Il lui était interdit d’approcher son ex-femme ainsi que le domicile de celle-ci, sauf si elle le consentait. Il avait toutefois le droit d’entrer en contact avec ses enfants.

Nabil Yssaad a-t-il respecté son 810? Lui a-t-il été possible d’approcher son ex-femme parce qu’elle a consenti à une visite? Impossible de le dire pour le moment.

Jean-François Brochu croit sans l’ombre d’un doute qu’il faudrait envisager le port du bracelet électronique dans certains cas pour mieux protéger des victimes potentielles.

«Il faut que le fédéral mette ses culottes! Obliger des gens comme monsieur, comme dans ce cas-ci, à porter un bracelet électronique avec un système d’alarme pour la victime», croit l’expert, tout en précisant que le gouvernement québécois pourrait faire pression sur le fédéral dans ce dossier.

«Il y a des dizaines de femmes qui sont dans les ressources pour femmes violentées partout au Québec actuellement, qui ont peur, qui sont dans leur maison, leur appartement, elles sont suivies par leur ex-conjoint, elles ont peur, et on ne s’en occupe pas! On n’a pas de moyens pour contrôler l’agresseur, l’assassin potentiel», a-t-il déploré.

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