LIVRES - Des livres pour ces femmes qui sont “oubliées”, mais aussi pour leur faire oublier, le temps de quelques pages, leur réalité. C’est toute l’ambition de ce projet qui entend envoyer des romans, essais et toutes sortes d’ouvrages à des femmes incarcérées.
Lancée le 5 décembre 2019 en France, l’initiative “Aux oubliées”, repérée par ActuaLitté, a vu le jour un an plus tôt en Espagne. Ce sont trois femmes, Laure Gomez-Montoya, Debora Kahn-Sriber et Karine Vincent, qui ont décidé de reprendre le flambeau dans l’Hexagone. Elles se décrivent comme “engagées pour l’émancipation des femmes”.
Une seule prison pour femmes existe en France, rappellent-elles. Celle-ci est située à Rennes. “Les autres centres de détention pour femmes sont des quartiers de femmes dans des prisons ‘mixtes’”, est-il indiqué sur leur site. Ces “quartiers”, expliquent-elles, “sont généralement enclavés, isolés du reste de la détention, ce qui rend l’accès aux différents services – comme les services médicaux, la formation ou les ateliers – plus difficile pour les femmes.”
Pour ces détenues, qui n’ont pas réellement accès aux activités pensées pour les hommes dans les prisons, “Aux oubliées” a pensé aux livres, qui sont “comme un baume pour l’âme. Quand ils ne divertissent pas, ils permettent d’apprendre, de s’ouvrir, d’oublier ou encore ont le pouvoir d’aider à décider du nouveau cours d’une vie…”
Livre personnalisé
Tout le monde peut envoyer à ces femmes un livre. Et n’importe lequel: roman, essai, court ou long, neuf ou d’occasion, et même en langue étrangère, tous les envois sont permis. À une seule condition: que le livre soit personnalisé.
Sur la première page, écrivez “un mot, une lettre, à cette femme. Un lien, un début de correspondance si vous le désirez, quelque chose pour lui dire qu’elle n’est pas oubliée”. Les livres sans ce mot en première page ne seront pas acceptés.
Comme expliqué dans le post Instagram ci-dessous, il suffit ensuite de l’envoyer à Karine Vincent à la maison d’éditions L’Iconoclaste, pour laquelle elle est en charge des relations presse.
Fleury-Mérogis
Le premier envoi aura lieu le 9 mars, à la prison de Fleury Mérogis. Les livres reçus après cette date ne seront pas perdus, puisque d’autres livraisons dans d’autres prisons seront ensuite effectuées.
Voici quelques exemples de livres et mots qui seront d’ores et déjà envoyés aux détenues de Fleury Mérogis. “Le Petit Prince est pour moi le plus beau livre sur l’amitié et l’amour. Alors je suis heureuse de vous l’offrir avec émotion et joie. Peut-être un jour d’en parler ensemble... ‘On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.’”
“Bonjour, j’espère que ce livre vous apportera autant qu’à moi-même. Il m’a redonné espoir à un moment de ma vie difficile. Cette lecture parle de grande vérité. Il vous touchera sûrement. La vie est aussi pleine de belles surprises. Ne l’oubliez pas. Je vous souhaite une très belle lecture. Céline”
“Pour toi qui es là-bas, j’espère que ces pages amèneront un peu de lumière dans tes journées. Je pense à toi, même si nous ne nous connaissons pas. Amicalement, Karim”
Quand le projet a été lancé en Espagne, 800 livres ont été collectés en quatre semaines. Depuis, trois mille livres ont été distribués dans trois prisons. En France, 2534 femmes étaient détenues au 1er janvier 2019.
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