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Japon: un ministre va prendre un congé paternité aménagé

Shinjiro Koizumi a été nommé ministre de l'Environnement en septembre 2019.
Shinjiro Koizumi a été nommé ministre de l'Environnement en septembre 2019. Toshifumi KITAMURA / AFP

Le ministre japonais de l'Environnement, Shinjiro Koizumi, a fait part de son intention de s'aménager un congé paternité. Une première.

Shinjiro Koizumi, étoile montante de la politique nippone et fils de l'ex-premier ministre Junichiro Koizumi, a déclaré ce mercredi 15 janvier son projet d'aménagement de congé paternité pour la naissance de son premier enfant.

Aucun ministre japonais en fonction n'avait jusqu'à présent fait une telle demande. Aujourd'hui, dans un pays où l'on obtient généralement un portefeuille ministériel à un âge avancé, le plus jeune ministre de l'Archipel compte bien casser les codes.

Un acte fort mais limité

Shinjiro Koizumi, âgé de 38 ans et dont le premier enfant doit naître d'ici peu, veut être un modèle pour les autres pères, suspendant autant que possible son travail. Une proposition choc quand on sait que la grossesse est un sujet tabou au Japon et que les clichés machistes perdurent au sein des entreprises japonaises.

Le ministre n'est cependant pas aussi audacieux qu'on le croit : il souhaite que son congé paternité ne dure que deux semaines, réparties sur trois mois après la naissance du nourrisson. «Je veux prendre au total deux semaines, hormis pour les obligations importantes», a déclaré le fils de l'ancien premier ministre. Il a également expliqué que, durant ces deux semaines non consécutives, il travaillera de chez lui, fera des journées plus courtes de sorte à totaliser une quinzaine de jours de congés consacrés à son enfant.

Un congé paternité qui peut donc sembler anecdotique du fait de l'étrange façon dont il sera mis en oeuvre. Shinjiro Koizumi, dont les faits et gestes sont scrutés de près par les médias locaux ne prend pas de risques.

Le porte-parole de l'exécutif, Yoshihide Suga, a soutenu cette initiative, estimant «important de favoriser l'acceptation de la prise de congé paternité et inciter les intéressés à en faire la demande et à les prendre réellement».

Des calendriers de grossesse

Dans certaines entreprises japonaises, des « calendrier de grossesse » sont imposés aux femmes : le système consiste à instaurer entre les employées un ordre dans lequel les employées peuvent se marier ou tomber enceinte, et, selon une règle tacite, chacune doit attendre et ne pas prendre la place d'une employée plus haut placée.

En 2018, le cas d'une jeune femme puéricultrice avait ému tout le Japon : cette dernière avait dû s’excuser auprès de la directrice de la crèche où elle travaillait car elle attendait un enfant alors que c’était au tour d’une de ses collègues d’être enceinte. Elle avait alors dénoncé dans une lettre adressée à l'un des plus grands quotidiens japonais Mainichi Shimbun le « calendrier de grossesse » imposé aux femmes par certains employeurs du pays.

Au regard de la loi japonaise, l’instauration d’un calendrier de grossesse pour les employées est illégale, mais ce type d’organisation n’est jamais officiel et toujours établie verbalement. La pratique est donc rarement dénoncée et demeure impunie.

Très faible taux de natalité

Sur le papier, la loi japonaise est plutôt généreuse en termes de congés parentaux: elle autorise tant la mère que le père à faire une pause allant jusqu'à un an après la naissance d'un enfant. Ce congé peut, par ailleurs, être prolongé au-delà d'un an si aucune place en crèche n'est disponible.

Dans la réalité, en raison des préjugés tenaces envers les hommes au foyer au Japon, seulement 6% des pères prennent des congés paternité, contre 80% des mères parmi la population active. Par ailleurs, sur les rares hommes à prendre un tel congé, plus de 70% d'entre eux sont absents moins de quinze jours de leur travail.

Un sondage de 2015 avait révélé que la moitié des femmes actives japonaises enceintes subissaient une forme de harcèlement (connu sous le nom de «matahara») et que 20% d'entre elles avaient été licenciées une fois enceintes.

Conséquence, les femmes abandonnent ou retardent leur projet de grossesse. D’autres quittent leur emploi si elles attendent un enfant. Une situation culpabilisante pour les femmes et les hommes qui a pour conséquence un impact sur la dénatalité. Le Japon a ainsi enregistré moins d’un million de naissances en 2017, soit la moitié du chiffre d’il y a 50 ans.

Le faible recours aux congés paternité est donc considéré comme l'une des multiples causes du très faible taux de natalité au Japon, que le gouvernement tente de redresser en augmentant les places en crèche et en incitant les femmes à retravailler après avoir eu des enfants.

À voir aussi - Congé paternité : la France est un des pays les moins généreux d’Europe

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13 commentaires
  • clairobscur

    le

    Qui peut s'étonner d'une inégalité entre les hommes et les femmes de ce point de vue? Il y a le congé post natal mais aussi le congé pré-natal qui doivent être comptabilisés dans la répartition des congés entre hommes et femmes... Or, c'est un problème strictement biologique et physiologique, les hommes n'étant pas capable d'enfanter...
    Mais comme la loi sur la PMA et ensuite; la GPA même si elle ne dit pas son nom, a décidé de changer l'ordre naturel des choses alors, on se prend à penser que les femmes et les hommes sont égaux devant la grossesse, ce qui est une aberration .... La nature a horreur qu'on la bouscule, les écologistes si prompts à le dénoncer sur d'autres sujets, entretiennent curieusement le paradoxe, et les apprentis sorciers ne connaissent pas encore toutes les conséquences de leurs actions et de leurs lois...

  • Julius Gaston

    le

    Bravo monsieur.....

  • Biquette35

    le

    On s’en fout de cet inconnu.

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