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Opéra de Montréal: une première femme à la tête de «Written on Skin»

Nicole Paiement, chef d’orchestre
Nicole Paiement, chef d’orchestre Photo Agence QMI, Toma Iczkovits


Non seulement l’Opéra de Montréal offre, ce mois-ci, la toute première version canadienne de l’opéra Written on Skin, œuvre de l’Anglais George Benjamin acclamée à travers le monde, mais, c’est de surcroît une femme, la chef d’orchestre Nicole Paiement, qui la dirigera pour la première fois.   

«C’est une œuvre qui donne du pouvoir à la femme, abonde Nicole Paiement. À bien des égards, il y a un côté très, très féministe, présenté sous un œil complètement nouveau. On y parle de la libération d’une femme qui, au début, est très prise dans sa vie.»   

Cette femme, c’est la jeune Agnès (incarnée ici par la soprano Magali Simard-Galdès), qui vit sous le joug d’un mari possessif et violent, le Protecteur, à une époque qui nous ramène 800 ans en arrière. D’un chœur d’anges cyniques s’échappera le Garçon, qui poussera Agnès à vouloir fuir ce monde étouffant.   

  

Nicole Paiement, chef d’orchestre
Photo Agence QMI, Toma Iczkovits

La délivrance d’Agnès, qui est au cœur du récit de Written on Skin, souligne Nicole Paiement, se traduit apparemment très bien dans son costume, confectionné par le designer Philippe Dubuc. Le metteur en scène Alain Gauthier, lui, décrit la pièce – jouée pour la première fois en 2012 à Aix-en-Provence – comme une «légende médiévale», une «histoire d’oppression et d’émancipation où se côtoient le passé et le présent».   

«Pour moi, Written on Skin est la grande œuvre du XXIe siècle, présentement, précise Nicole Paiement. C’est l’œuvre à voir, c’est une œuvre unique et ambitieuse. C’est très exigeant au niveau de l’écriture, son langage musical est vraiment original. Les chanteurs font un travail exceptionnel, parce que c’est probablement l’une des œuvres les plus difficiles à apprendre.» 

«C’est une histoire basée sur les époques contemporaine et médiévale, qui relie les deux périodes. Il faut en jouir, sans nécessairement essayer de comprendre...», ajoute la chef.   

  

Nicole Paiement, chef d’orchestre
Photo Agence QMI, Toma Iczkovits

Renouveau  

Native de l’Ontario, Nicole Paiement a étudié la musique à l’Université d’Ottawa et à l’Université McGill, et fut la première femme admise en direction d’orchestre à la Eastman School of Music à Rochester, dans l’État de New York.   

Elle a aujourd’hui sa compagnie d’opéra contemporain à San Francisco et voyage ses baguettes à travers la planète; Dallas, Londres et Los Angeles figurent à son itinéraire des prochains mois. Elle a rarement eu la chance de travailler au Canada et au Québec, même si elle considère Montréal comme son chez-soi.   

Sans s’enflammer lorsqu’on lui demande si le milieu de l’opéra a déjà été et est encore une chasse gardée masculine, la dame reconnaît qu’il lui a fallu tailler sa place.   

«Dépendamment des maisons où je travaille, des grosses boîtes, il y a des endroits où les gens sont surpris de me voir arriver, parce que je ne suis pas très corpulente. Mais je crois que, dès la minute où on commence à travailler, ce côté-là s’égraine, parce que les gens voient qu’on est là pour faire une production intéressante.»   

  

Nicole Paiement, chef d’orchestre
Photo Agence QMI, Toma Iczkovits

«C’est un milieu masculin, et l’opéra demande un leadership différent de celui d’un orchestre. Dans l’opéra, il faut avoir un autre aspect de compréhension, au niveau de la mise en scène, de la production, qui est peut-être plus masculin à certains égards. Il y a peut-être moins de femmes qui s’aventurent vers l’opéra, mais moi, j’ai souvent des assistantes qui sont des femmes, et on en voit de plus en plus.»   

Par ailleurs, Nicole Paiement remarque que, de façon générale, l’opéra – le type d’art qu’elle préfère diriger – s’ouvre à la diversité, tant sexuelle qu’ethnique et générationnelle, et n’hésite pas à parler de renouveau.   

  

Nicole Paiement, chef d’orchestre
Photo Agence QMI, Toma Iczkovits

«Il y a beaucoup de jeunes créateurs qui cherchent à redéfinir ce que peut être l’opéra, pour y intéresser leur génération. Auparavant, l’opéra, c’était le miroir de ce qui se passait actuellement, c’était le cinéma de l’actualité. On a un peu perdu ça, avec la musicologie qui nous amène à reprendre les œuvres du passé. Mais il y a beaucoup de compositeurs qui s’intéressent à nous parler d’histoires récentes, de choses qui nous touchent davantage, avec un langage et une esthétique scéniques particuliers. Pratiquement toutes les semaines, je reçois l’œuvre d’un nouveau compositeur, quelque part à travers le monde.»   

L’Opéra de Montréal présentera Written on Skin les 25, 28 et 30 janvier, et 2 février, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

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