Vatican : que signifie la nomination de Francesca Di Giovanni?

Le Pape François a nommé, ce mercredi, une femme laïque au poste de vice-présidente à la Secrétairerie d’Etat, un des plus importants ministères du Vatican. Une première. Décryptage.

 Francesca Di Giovanni devrait faire valoir son expérience sur les questions relatives aux migrants, au droit international humanitaire et privé.
Francesca Di Giovanni devrait faire valoir son expérience sur les questions relatives aux migrants, au droit international humanitaire et privé. REUTERS/Vatican Media

    Femme et laïque. Par le passé, une seule de ces caractéristiques aurait suffi à lui fermer les portes des hautes sphères du Vatican. Pourtant , Francesca Di Giovanni, 66 ans, a été nommée mercredi au poste de vice-ministre à la Secrétairerie d'Etat, le premier et plus important « dicastère » (ministère) du Saint-Siège. Signe d'une véritable modernité?

    Francesca Di Giovanni est loin d'être une inconnue. Cette Palermitaine, diplômée en droit, travaille depuis vingt-sept ans à la Secrétairerie d'Etat. Avec cette nomination, elle devient secrétaire chargée du multilatéralisme, sorte de ministère des Affaires étrangères, selon le Vatican.

    « On peut dire que c'est une activité qui traite des relations entre les organisations intergouvernementales au niveau international et comprend le réseau des traités multilatéraux », résumait la nouvelle vice-présidente dans une interview à Vatican News mercredi.

    Un niveau de responsabilité jamais approché par une femme. « Sous Jean-Paul II, il y avait ou une deux femmes, comme sœur Judith Zoebelein, qui s'occupait du site Internet, il ne faut pas l'oublier. Mais ce qui est vraiment nouveau c'est la nomination à la Secrétairerie d'Etat », note Antoine Marie Izoard, directeur de la revue Famille Chrétienne, ancien correspondant au Vatican. D'autant plus pour une laïque.

    Les prémisses de la réforme de la curie romaine

    « Il s'agit probablement d'une laïque consacrée (NDLR : un croyant qui dédie sa vie au Christ et respecte notamment des préceptes de chasteté, ou encore de pauvreté), mais surtout c'est une femme compétente qui arrive à ce poste », souligne Antoine Marie Izoard. Comme le Saint-Siège l'a rappelé, Francesca Di Giovanni dispose notamment d'expériences sur les questions relatives aux migrants et aux réfugiés, au droit international humanitaire et au droit international privé.

    « On peut voir dans cette nouvelle une prémisse de l a réforme de la curie romaine. François prépare une nouvelle constitution et elle va permettre la nomination de femmes. Pas en nombre énorme, mais rien n'empêche qu'une femme soit à la tête d'un conseil pontifical pour la culture par exemple. On va sortir de l'absurde », assure-t-il.

    En octobre, en conclusion du synode sur l'Amazonie, le pape François avait laissé échapper quelques indices autour de cette annonce. Le pontife argentin avait notamment insisté sur la « nécessité de réfléchir sur ce que signifie le rôle de la femme dans l'Église » et expliqué « qu'une femme pouvait être à la tête d'un dicastère ». C'est presque chose faite.