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Une Égyptienne meurt d'une excision, ses parents et le médecin arrêtés

En Égypte, le médecin et les parents d'une jeune fille de 12 ans, décédée fin janvier après une excision, ont été arrêtés. L’éradication des mutilations génitales, une pratique devenue très médicalisée, se révèle difficile.

Des cartes utilisées dans la prévention contre l'excision à Minia, en Egypte, le 13 juin 2006.
Des cartes utilisées dans la prévention contre l'excision à Minia, en Egypte, le 13 juin 2006. © REUTERS
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Une fille de 12 ans est décédée à la fin du mois de janvier, dans le gouvernorat d’Assiout, dans le centre de l’Égypte. Elle a succombé à des complications médicales après qu’un médecin à la retraite lui a retiré une partie de ses organes génitaux lors d’une excision.

"Le médecin a essayé de la sauver, mais elle est décédée", a expliqué le bureau du procureur dans un communiqué publié jeudi 30 janvier, tout en promettant des "actions fermes" contre tous ceux qui pratiqueraient encore ces mutilations dans le futur. Le médecin, les parents et la tante de la fillette ont été interpellés.

En Égypte, les mutilations génitales féminines sont interdites depuis 2008. Elles sont même considérées comme un crime depuis 2016 après la mort d’une adolescente de 17 ans des suites d’une hémorragie. La loi prévoit des peines allant jusqu’à sept ans de prison pour ceux qui pratiquent l’excision et jusqu’à trois ans pour ceux qui la demandent. Les responsables religieux ont également déclaré être opposés à cette pratique.

Le gouvernement égyptien organise régulièrement des campagnes d’informations pour alerter sur les dangers de ces mutilations, mais au lieu de les faire baisser, cela a poussé certains parents à se tourner vers le milieu médical. Selon le docteur Ayman Sadek du Fonds des Nations unies pour la population, "75% des mutilations génitales féminines dans ce pays sont pratiquées par des médecins".

La fillette d’Assiout, identifiée comme Nada Abdul Maksoud d’après des médias locaux, a subi cette procédure dans une clinique et sous la supervision d’un médecin à la retraite. La médicalisation des mutilations génitales féminines lance de nouveaux défis. Elle donne l'apparence de légitimité et de sécurité malgré l’absence d’avantages médicaux et l’existence de risques importants comme les hémorragies, les problèmes urinaires chroniques et les complications lors de l'accouchement.

Parents et médecins sont rarement punis pour ce genre de crime, mais dans le cas de Nada Abdul Maksoud, des associations de défense des droits des femmes sont montées au créneau et ont poussé les autorités à prendre des mesures.

Une pratique d’un autre temps

Les mutilations génitales féminines impliquent généralement l’ablation des lèvres, mais peuvent aussi comprendre la suture des lèvres pour fermer la vulve ou l’ablation partielle ou totale du clitoris. Pour les défenseurs de cette pratique, diminuer le plaisir sexuel permet d’assurer le fait que les jeunes filles restent pures. Dans certaines régions rurales d’Égypte, les époux demandent ainsi à ce que leurs épouses subissent cette pratique avant leur mariage. Selon un sondage réalisé en 2014, 40 % des personnes interrogées estiment que l’excision empêche l’adultère.

L’Égypte continue ainsi d’avoir l’un des taux de mutilations génitales féminines parmi les plus importants au monde. Selon des chiffres publiés par l’Unicef en 2016, 87 % des jeunes filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans ont été mutilées.

Reda Eldanbouki, responsable du Centre des femmes à l'aide juridique et au conseil, explique que les juges et la police traitent souvent ceux qui pratiquent ces mutilations avec clémence : "La plupart d’entre eux ne prennent pas ces affaires au sérieux car ils pensent que c’est bénéfique pour les jeunes filles afin de préserver leur chasteté".

Malgré de récentes mises en accusation, les autorités n’ont pas réussi à prendre des mesures suffisantes pour éradiquer ces pratiques. La loi présente en effet des lacunes. Elle criminalise cette pratique seulement dans le cas où il n’y a pas de justification médicale. "Cette clause permet à certains parents et docteurs d’affirmer qu’ils ne pratiquaient pas une excision mais qu’ils enlevaient une excroissance gênante", décrit Reda Eldanbouki.

"Beaucoup d’autres petites filles égyptiennes devront subir ces mutilations et beaucoup en mourront tant qu’il n’y a pas de réel stratégie de l’État et une vraie criminalisation de ces pratiques", ajoute Amel Fahmy, la directrice générale de Tadwein, un centre de recherches sur l'égalité des sexes en Égypte.

Au moins 200 millions de femmes ont subi des mutilations génitales à travers le monde, selon l’Unicef. Il s’agit de pratiques courantes dans 30 pays. Les Nations unies espèrent la faire disparaitre d’ici 2030.




 

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