SEXISME - Le Larousse va peut-être devoir modifier plusieurs de ses définitions. Le dictionnaire fait l’objet de critiques sur les réseaux sociaux après avoir été épinglé le 4 février par le compte Twitter de “Pépite sexiste”, une association de sensibilisation aux stéréotypes et au sexisme dans le marketing.
Sur la capture d’écran du site du Larousse, partagée par l’association, une “présidente” n’est pas définie comme “une personne qui préside une assemblée, une réunion, un tribunal”, comme c’est le cas pour le nom masculin “président”, mais comme la “femme d’un président”.
Le compte précise que, depuis ce signalement sur Twitter, le site du Larousse a supprimé la page de la définition de “présidente”, aujourd’hui rattachée à la définition du nom masculin, comme vous pouvez le voir sur notre capture ci-dessous.
Mais les autres exemples de définitions jugées sexistes ne manquent pas. Dans un message posté sur Facebook et partagé plus de 5500 fois, une internaute épingle le Larousse pour sept autres définitions de noms féminins.
Ainsi, la “boulangère” n’est pas la “personne qui fabrique ou vend du pain”, comme un “boulanger”, mais “la femme d’un boulanger, qui travaille à la boutique”. Une page différente donne toutefois une définition commune à ce métier, qu’il soit exercé par un homme ou par une femme, comme vous pouvez le voir ci-dessous.
De la même manière, une “bouchère” est définie comme “la femme d’un boucher, qui travaille à la boutique”. Et, si le “guerrier” est une “personne qui fait la guerre”, la “guerrière”, elle, est une “jeune fille, jeune femme, qui revendique avec agressivité et violence sa place dans la société”, ou une “militante infatigable de la condition féminine”.
Quand le “maître” est une “personne qui commande”, ou “qui possède à un degré éminent un talent, un savoir et qui est susceptible de faire école”, une “maîtresse”, elle, est une “femme avec laquelle un homme a des relations amoureuses et sexuelles en dehors du mariage”.
“Au début je n’y ai pas cru. Je me suis dit qu’en 2020, ce n’était pas possible d’avoir des positions aussi sexistes. Alors je suis allée vérifier sur le site et...”, a témoigné auprès de BFMTV Marion Vaquero, fondatrice de “Pépite sexiste”, qui indique avoir été prévenue par un message dans sa boîte mail.
Interrogée par Le Parisien, l’historienne de la littérature Eliane Viennot estime que les définitions de métiers comme “ambassadrice” ou “préfète”, réduites par le Larousse à des “femmes d’un ambassadeur” ou “de préfet”, correspondent à une réalité très ancienne. “Jusqu’à la fin du XIXe siècle, ces métiers-là ne pouvaient pas être exercés par les femmes. Présidente, ambassadrice, préfète pouvaient donc avoir un emploi conjugal”, indique-t-elle.
En revanche, “les femmes ont toujours exercé” des métiers de boulangerie, boucherie ou charcuterie, “et elles étaient imposées en tant que telles”. Les qualifier dans ce cas de “femme de” est “absurde”, selon l’historienne.
Des définitions “misogynes”
Sur Twitter, les définitions proposées par le Larousse ont suscité de nombreuses réactions. Certains internautes regrettent des définitions “misogynes” ou “carrément orientées”. D’autres soulignent que l’édition 2016 du dictionnaire papier propose elle aussi une définition faisant de la “guerrière” une “militante féministe”.
Larousse a indiqué à BFMTV et au Parisien que ses équipes travaillaient actuellement sur l’édition 2021 du dictionnaire, sans faire de commentaire sur cette polémique.
Contacté par Le HuffPost, Larousse n’était pas joignable dans l’immédiat.
À voir également sur Le HuffPost : Cette campagne de Rose Carpet contre le sexisme montre que rien n’a changé