On dit que la naissance d'un enfant est le meilleur moment de la vie. Cependant, on omet souvent de dire que, même si on est ravies d'avoir notre bébé, les semaines qui suivent l'accouchement peuvent être difficiles à vivre pour une jeune maman. Et particulièrement parce que les femmes sont très peu informées sur les suites de couche.

Depuis quelque temps déjà, la parole se libère sur certains aspects de la vie des femmes, jusque là jugés tabous, comme les règles. La semaine dernière, d'autres voix se sont élevées pour dénoncer le fait que l'on parlait trop peu des suites de l'accouchement, après que la chaîne ABC a refusé de diffuser pendant les Oscars une publicité montrant la réalité après une naissance : une jeune maman qui a du mal à marcher et à uriner, et qui change la garniture de son slip-filet. A la suite de ça, la polémique avait enflé sur les réseaux sociaux, et des mères se sont confiées sur ce qu'elles avaient vécu après leur accouchement. Le mannequin Ashley Graham racontait ainsi devoir "changer ses propres couches". En France, quatre militantes féministes, Morgane Koresh, Ayla Linares, Masha Sacré et Illana Weizman, ont initié le hashtag "MonPostPartum". Avec celui-ci, les femmes racontent ce qu'elles ont vécu et ce qu'on ne leur avait jamais dit sur les suites de couches.

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Un manque de préparation sur les suites de couches

"Les douleurs, le sang, les pleurs... On ne nous prépare pas. C'est le pire moment de ma maternité", raconte une certaine V. C'est ce qui ressort le plus dans les témoignages sous le #MonPostPartum : un manque de préparation certain, qui ne fait qu'augmenter l'angoisse des jeunes mamans. Car les suites de couches peuvent être difficiles à vivre, et encore plus quand on ne sait pas ce à quoi s'attendre, et donc ce qui est normal et ce qui ne l'est pas : "Ne plus pouvoir s'asseoir, n'être pas bien allongée ni debout. Avoir peur d'aller aux toilettes, perdre du sang pendant plusieurs mois, la chute des hormones, la chute des cheveux. La charge mentale", décrit une certaine Aurélie. Sans oublier les fuites urinaires, les tranchées, les douleurs aux seins... "Tu hurles à la mort quand tu veux faire pipi après une épisiotomie", raconte une utilisatrice du réseau social sous le pseudo Loukoum.

Il ne faut pas oublier l'aspect psychologique du post-partum. Entre les chutes d'hormones et les émotions liées à la naissance, les femmes vivent un vrai bouleversement. Sans compter la pression d'être une bonne mère et la culpabilité, qui arrivent immédiatement. Une certaine Françoise raconte ainsi qu'elle aurait aimé savoir que "l'attachement n''est pas automatique, et que même si on n'est pas submergée par cette vague d'amour absolu envers son bébé, on n'est pas une mauvaise mère. Que ce sentiment viendra plus tard et qu'on n'est pas seule à ressentir ça et à s'en sentir coupable".

La pression d'être une bonne maman, donc, mais aussi celle de se remettre vite et de donner le change, même quand ça ne va pas, qui est liée justement avec le fait que les suites de couches sont méconnues. Ainsi, une maman de deux enfants raconte sous le pseudo Mother&Coffee avoir beaucoup souffert après sa césarienne. Une nuit, sa cicatrice la fait particulièrement souffrir, mais cela n'a pas empêché sa propre mère, dès le lendemain, alors que ça commence à aller mieux, de dire : "il faut qu'elle sorte, qu'elle bouge pour se remettre plus vite". "C'est comme ça qu'à J+7 après une césarienne, je me suis retrouvée à me promener en ville, à pousser une poussette beaucoup trop lourde pour montrer aux gens que j'allais bien alors que je voulais juste mourir au fond de mon lit, avec mon bébé dans les bras", se souvient-elle.

En affrontant les suites de couches, beaucoup se sont senties seules. Notamment parce que leur douleur est souvent ignorée par le corps médical, et parce qu'elles ne pouvaient pas compter sur le soutien du papa, obligé de reprendre le travail après son (trop) court congé paternité : "Le plus dur a été le retour à la maison, la reprise du travail de monsieur et faire face aux pleurs à longueur de journée. Seule. Démunie. Épuisée", raconte Camille.

#MonPostPartum : un hashtag nécessaire

En parallèle de ce hashtag, certain.e.s se disent effrayé.e.s, dénoncent des témoignages parfois trop violents et estiment que "le concours de qui a le plus souffert" doit s'arrêter. Pourtant, ces témoignages montrent juste la nécessité de parler des suites de couches. Pour qu'elles soient mieux vécues, ou en tous cas anticipées, il faut que les femmes les connaissent et sachent à quoi s'attendre. Masha Sacré explique : "#MonPostPartum n'est pas un concours sur qui a le plus souffert comme j'ai pu le lire. Ce hashtag sert à libérer une parole cadenassée. Je me suis tue à cause de la honte et l'impression d'être tellement différente des autres mères qui semblaient tout gérer à merveille. [...] Je ne regrette pas d'avoir enfanté, je regrette l'absence de transmission et d'informations qui nous conduisent en dépression et nous plongent dans une profonde détresse."

Et vous, auriez-vous aimé être mieux informée sur les suites de l'accouchement ?