Des messages anti-Roman Polanski collés sur la façade de l’Académie des César

«Collages féminicides», le collectif à l’origine de cette action, demande l’annulation de la cérémonie qui doit se tenir vendredi.

 De nombreuses associations féministes n’acceptent pas que le cinéaste franco-polonais reçoive des honneurs, alors qu’il est visé depuis novembre par une nouvelle accusation de viol.
De nombreuses associations féministes n’acceptent pas que le cinéaste franco-polonais reçoive des honneurs, alors qu’il est visé depuis novembre par une nouvelle accusation de viol. LP/Frédéric Dugit

    L'Académie des César s'est réveillée avec de nouvelles décorations ce mercredi matin. « Collages féminicides », un collectif féministe, a collé dans la nuit du 25 au 26 février des messages anti-Roman Polanski sur le siège de l'organisme, dans le XVe arrondissement de Paris.

    « Violanski les César de la honte », est-il écrit en lettres rouges et noires. Ou encore « Violanski : voulez-vous vraiment vivre dans un monde où un pédocriminel est nommé 12 fois aux César ? »

    Des messages similaires ont également été collés en face de la salle Pleyel (Paris VIIIe), où se déroulera la 45e cérémonie des César vendredi. « Public Complice », « Cinémas complices », pouvait-on lire ce mercredi matin, rapporte Franceinfo. Le collectif à l'origine des collages demande « la fin de l'impunité et de la protection des violeurs », ainsi que l'annulation de la cérémonie.

    Un happening lors de la cérémonie

    Indignées par les nominations du film de Polanski, « J'accuse », plusieurs associations féministes ont appelé à un rassemblement vendredi à 18 heures devant la salle Pleyel.

    Elles n'acceptent plus, tout comme une partie de l'opinion publique, que le cinéaste franco-polonais reçoive des honneurs, alors qu'il est visé depuis novembre par une nouvelle accusation de viol et toujours poursuivi par la justice américaine dans le cadre d'une procédure pour détournement de mineure lancée en 1977.

    Le collectif féministe #NousToutes a notamment annoncé qu'il organiserait un happening au cours duquel il décernerait à des cinéastes « d'autres prix - moins glorieux -, afin que le rideau se lève sur la protection que leur accorde le monde des arts et du cinéma ».

    Des César sous tension

    Quelques jours après la condamnation de l'ex-magnat d'Hollywood Harvey Weinstein - reconnu coupable lundi d'agression sexuelle et de viol -, étape importante pour le mouvement #MeToo, ce regain de la polémique Polanski fait tache.

    Enfonçant le clou, l'actrice Adèle Haenel, qui a créé un séisme dans le cinéma français en novembre en accusant le réalisateur Christophe Ruggia d'« attouchements répétés » quand elle était adolescente, a estimé lundi dans un entretien au New York Times que la France avait « complètement raté le coche » de #MeToo. La comédienne de 31 ans, en lice pour le César de la meilleure actrice pour « Portrait de la jeune fille en feu », a mis en garde : « Distinguer Polanski, c'est cracher au visage de toutes les victimes. Ça veut dire : ce n'est pas si grave de violer des femmes. »

    La réalisatrice Céline Sciamma, très impliquée dans le collectif 50/50 qui promeut l'égalité dans le cinéma, a quant à elle estimé dans le quotidien britannique The Guardian que la France était « un pays dans lequel il y a beaucoup de sexisme, et une forte culture patriarcale ».