A peine 6 % des rues bruxelloises portent des noms de femmes

Seules 6 % des rues bruxelloises portent des noms de femmes

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Par Elisabeth Groutars

A Bruxelles, seules 6 % des rues portent des noms de femmes. Pour souligner cette inégalité, une association faisant la promotion des données ouvertes "Open Knowledge Belgium" et l'association féministe "Noms peut-être" ainsi qu'une soixantaine de citoyens ont créé une carte en ligne. Cette carte met en lumière les personnages féminins qui ont donné leur nom aux rues bruxelloises. Le site s'appelle EqualStreetNames.Brussels. 

Cartographier les rues par genre 

En consultant cette carte en ligne, vous verrez beaucoup de rues en jaune et très peu de rues en mauve. Le jaune pointe les rues aux noms masculins, le mauve, les rues désignant les personnages féminins. En un clic, vous pouvez alors en savoir plus sur l'histoire des hommes et surtout des femmes en question. " Ce sont des noms que l'on voit tous les jours et on ignore parfois ce qu'il y a derrière", explique Manon Brulard, responsable du projet pour OpenKnowledge Belgium. "Par exemple, si vous habitez dans le quartier Saint-Gilles, vous pouvez zoomer, vous verrez l'Avenue Louise et quand vous allez cliquer sur l'Avenue Louise, vous découvrirez que Louise était une princesse de Belgique, née en 1858 et qui est morte en 1924".

Pour plus d'informations, le site basé sur les données d'OpenStreetMap vous renvoie en fait vers la page internet Wikipédia. La carte a été réalisée en février dernier par une soixantaine de citoyennes et les associations qui ont lancé le projet. Une manière "de montrer que les données ouvertes appartiennent à tout le monde, et donc elles peuvent être utilisées pour soulever des questions sociétales", pour Manon Brulard. Mais aussi de souligner l'inégalité de genre, dans les noms de rue bruxelloises. Cette carte a déjà été réalisée ailleurs dans le monde, comme à San Francisco, Mumbai ou récemment Barcelone et Madrid. 

Les femmes invisibles dans l'espace public

Utiliser ces données ouvertes permet donc de voir que seules 6 % des rues ont aujourd'hui un nom de femme en région bruxelloise. Camille Wernaers, membre de la collective féministe Noms Peut-être détaille: "Avec ce code couleur, le problème est très visuel et très clair! C'est comme si l'on disait que les femmes n'ont rien fait, que quand on a créé certains quartiers de Bruxelles, elles n'étaient pas là. On se rend compte que les femmes disparaissent de la mémoire collective alors que de tous temps, elles ont été peintres, architectes. Elles ont fait plein de choses, c'est juste que l'on ne les honore pas et qu'on en les garde pas dans notre mémoire". 

Des suggestions pour de nouvelles rues 

Les responsables du projet espèrent ainsi inciter les communes à donner des noms féminins aux futures nouvelles rues. "On sait que c'est compliqué de changer les noms de rues existantes. C'est ce que nous explique les communes," explique Camille Wernaers. "Alors, pour que l'on arrive à une égalité, il va falloir que chaque nouvelle rue porte un nom de femmes. Il n'y a pas de petits combats! C'est important, une rue, c'est un endroit où on habite, où on travaille, où on se donne rendez-vous, ça reste dans la mémoire collective". 

Pour suggérer de nouveaux noms de rue féminins aux communes, des ateliers seront organisés à Bruxelles. Ateliers ouverts tant aux hommes qu'aux femmes. Le premier est organisé le 23 mars à la Maison des femmes de Schaerbeek. 

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