VIDÉO - "Être une femme en 2020, c’est ne plus avoir peur" : rencontre avec Anastasia Mikova, co-réalisatrice de "Woman"

Jérôme Vermelin, Léa Bons et Flore Galaud
Publié le 3 mars 2020 à 18h44, mis à jour le 3 mars 2020 à 19h07

Source : Sujet TF1 Info

INTERVIEW - Après "Human", la journaliste Anastasia Mikova a refait équipe avec Yann Arthus-Bertrand pour "Woman", au cinéma ce mercredi. Un documentaire dans lequel des femmes du monde entier se confient sur les sujets les plus intimes. Elle raconte à LCI les coulisses de cette aventure exceptionnelle.

C’est un projet hors norme, de longue haleine, en phase totale avec l’actualité. Dans "Woman", en salles ce mercredi, le photographe Yann Arthus-Bertrand et la journaliste franco-ukrainienne Anastasia Mikova donnent la parole à 2000 femmes, à travers 50 pays. L’enfance, la sexualité, le travail, la maternité, la vieillesse, la maltraitance aussi… Face caméra, ces anonymes d’horizons, d’âges et de parcours différents se racontent pour les besoins de ce documentaire saisissant, prolongé par un livre et une exposition immersive qui débutera en avril à la Villette, à Paris.

L’idée de "Woman" remonte à 2015, lorsque le binôme est encore en train de travailler sur "Human", son précédent projet. "Sur le terrain, j’avais été frappée par le nombre de femmes prêtes à témoigner à visage découvert dans des pays où 10 ou 15 ans auparavant, nous n’en aurions trouvé aucune", raconte Anastasia Mikova à LCI. "C’était deux ans avant l’affaire Weinstein et j’ai réalisé que quelque chose était en train de se passer. Les femmes étaient prêtes à prendre la parole et j’ai dit à Yann que nous devions créer une fenêtre pour elles."

Chacune de ces rencontres a été unique et chaque femme a laissé une empreinte sur moi
Anastasia Mikova

La force de "Woman" réside dans la simplicité de son dispositif, propice aux confidences les plus intimes. "Je n’étais pas sûre qu’on y parviendrait sur tous les sujets", avoue la co-réalisatrice. "Par exemple la sexualité : est-ce que les femmes au fin fond du Bangladesh allaient accepter de nous parler de leurs orgasmes ? Et pourtant c’est ce qu’elles ont fait. Dès qu’on ouvrait la porte, c’était l’avalanche ! On a dû couper au montage parce que sinon ça devenait un film érotique ! (Rires)".

Dix mois de montage ont été nécessaires pour mettre en forme le fruit d'une aventure qui a profondément marqué celle qui collabore avec Yann Arthus-Bertrand depuis l’émission "Vu du ciel", diffusée de 2006 à 2011 sur France Télévisions. "Chacune de ces rencontres a été unique et chaque femme a laissé une empreinte sur moi", nous avoue-t-elle. "D'ailleurs, il suffit de me montrer une photo. En deux secondes, je sais qui est cette femme et je sais ce qu'elle m'a racontée."

"C'est quoi, être une femme en 2020 ?", demande-t-on à Anastasia Mikova, au sortir de cette aventure exceptionnelle. "C’est ne plus avoir peur", lâche-t-elle avec le sourire. "Combien de fois ai-je entendu les femmes me dire qu’elles ne sentaient pas à la hauteur ? Je pense que nous les femmes, avant même qu’on nous juge, avant même que les hommes nous imposent quoi que ce soit, nous nous auto-jugeons déjà beaucoup trop. Je pense qu’on est en train de vivre une époque où les femmes ont de moins en moins peur … et n’auront plus peur demain. Je ne vous raconte pas ce qui va se passer. Ça va être dingue (rires)".


Jérôme Vermelin, Léa Bons et Flore Galaud

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