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8 innovations pour agir contre le sexisme dans sa boîte

80% des salariées disent être confrontées à des agissements sexistes sur leur lieu de travail. Certains outils et initiatives tentent de sensibiliser les entreprises à ces comportements et aident les victimes à se défendre. On a flashé sur huit innovations capables de faire bouger les lignes.

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"Sexisme sans façon" est un jeu qui apprend à démasquer le sexisme (Anact)
Publié le 3 mars 2020 à 14:30

La plus immersive

Utiliser la réalité virtuelle pour lutter contre le sexisme, c’est le pari de la startup Reverto, fondée par un ex-journaliste Guillaume Clere. Equipé d’un casque, on glisse pendant huit minutes dans la peau de Zoé, une cadre trentenaire confrontée à des situations sexistes : plaisanterie grivoise, interpellation familière, discrimination liée à la maternité… Un module interactif permet ensuite de décortiquer l’expérience de la jeune victime, de donner des clés et des conseils pratiques, tout en informant l’entreprise des sanctions encourues. Le scénario de cette vidéo en 360° a été co-écrit par Elisabeth Chaudière, ancienne cheffe de projet informatique et fondatrice du cabinet de conseil Ekiwork. Cet outil a déjà convaincu plusieurs entreprises : SNCF, CGT, Capgemini, Metro, MEDEF…

La plus complète 

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C’est le premier MOOC grand public et gratuit sur les violences sexuelles et sexistes au travail. Conçu par l’équipe de recherches en droit social de l’Université de Lille, il propose de suivre pendant cinq semaines et sous la forme d’une BD, l’histoire de Juliette, une jeune salariée subissant de manière répétée les comportements déplacés de son supérieur. Exhaustif et interdisciplinaire, ce MOOC fait intervenir plus d’une vingtaine d’experts et professionnels : juristes, médecins, psys, policiers, DRH, syndicalistes… Il donne des réponses claires et concrètes aux victimes pour réagir et agir, et accompagne les employeurs dans la gestion de ces situations. Plus de 10.000 personnes se sont inscrites à la première édition de ce MOOC (entre janvier et février 2020), près de 2.000 ont demandé une attestation de suivi. Son renouvellement est prévu à l’automne prochain.

La plus détaillée 

1001 Egalités est la seule appli grand public et gratuite qui vise à éclairer sur les comportements sexistes et sexuels au travail et y apporter des réponses pour y faire face. Elle a été conçue et lancée en décembre dernier par Opcalia (organisme paritaire chargé de la formation et de l'alternance), avec le soutien du Secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes. L’appli propose de se mettre à la place de Julia, une assistante en période d’essai, qui se révèle être en fait une consultante embauchée incognito pour enquêter sur l’égalité au sein d’une entreprise. Truffée d’animations, de vidéos interactives, de quiz et d’éclairages juridiques, l’appli invite à réagir à différentes situations et remarques sexistes et sexuelles, que l’on soit victime ou témoin.

La plus rapide

Meandyoutoo est un questionnaire anonyme gratuit qui détermine en dix minutes si vous êtes ou non un.e collègue sexiste. Cette application a été conçue par deux entrepreneures, Inès Dauvergne et Carole Michelon, à partir de situations réelles. L’outil permet de prendre conscience des stéréotypes de genre au travail, d’identifier des agissements sexistes et sexuelles, de savoir si vous banalisez ou non le harcèlement ou l’agression, si vous êtes un témoin actif ou passif... Les résultats sont éclairants et non culpabilisants, et des statistiques comparent votre positionnement aux autres répondants.

La plus corporate

C’est le dernier-né de la gamme de serious game développés par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Destiné avant tout aux managers, représentants du personnel et aux RH, ce jeu de plateau immersif surnommé "Sexisme sans façon" apprend à démasquer les milles et une facettes du sexisme, facilite la prise de conscience sur le sujet et incite au débat et à la prévention. Il se joue par équipes de 4 à 12 joueurs, se déroule dans l’univers de la restauration et s’inspire de situations de travail réelles : réunions, management, environnement de travail… Il est uniquement vendu sur le site de l’Anact (216 euros).

La plus collective

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Trente entreprises et organisations (L’Oréal France, EY et AccorHotels en tête) se sont engagées il y a un an à faire reculer le sexisme ordinaire en lançant l’initiative #StOpE. Objectif : partager et promouvoir les bonnes pratiques pour lutter contre le sexisme et créer un collectif engagé sur le sujet. Cette démarche collaborative a débouché sur la parution d’un livret articulé autour de huit actions prioritaires, chaque entreprise étant invitée à en déployer au moins une au cours de l’année. Par exemple : appliquer le principe de tolérance zéro, diffuser des outils pédagogiques aux salariés, sanctionner les comportements répréhensibles. Un point d’étape est prévu une fois par an pour dresser le bilan des actions menées.

La plus parlante

Se faire couper brutalement la parole par son patron ou un collègue lorsqu’on est une femme, cela s’appelle le manterruption (hommeterruption ou mecterruption en français). Un phénomène sexiste assez banal dans les débats télévisés, mais aussi dans les réunions au boulot, les conseils d’administration, les conférences... Si votre collègue ou manager doute de sa "domination verbale", Woman Interrupted saura le convaincre. Cette appli, lancée par la filiale BETC à Sao Paulo en 2017, calcule le nombre de fois que vous avez été interrompue par un homme lors d’un échange, dans une journée, une semaine, un mois et une année. Bon à savoir, aucune conversation n’est enregistrée ou sauvegardée, et le test peut aussi s’appliquer aux hommes.

La plus simple

Adapter le test de Bechdel au monde du travail, en particulier dans les entreprises de la tech où les femmes sont sous-représentées, c’est l’excellente idée de Morgane Dion, CEO Equally Work. Pour rappel, cet indicateur est utilisé depuis 2000 pour juger si un film, un livre ou toute œuvre de fiction est sexiste. Il repose sur trois questions évaluant si deux femmes se parlent entre elles et d’autre chose que d’un homme. Dans une entreprise, ce test peut s’appliquer lors d’une réunion en se demandant s’il y a au moins deux femmes présentes, si ces deux femmes partagent leurs avis ou idées ensemble, et si elles peuvent le faire sans être interrompues par un homme. Prêt à partager vos résultats ?

Corinne Dillenseger

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