Le gouvernement lance une phase test de distribution de protections hygiéniques avec un budget dédié d’un million d’euros. 1:28
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Pauline Jacot, édité par Mathilde Durand , modifié à
Une phase test de distribution gratuite de protections périodiques va être lancée prochainement par le gouvernement afin de lutter contre la précarité menstruelle. Dans certains lieux d'accueil, les femmes sont particulièrement touchées. C'est le cas à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, où Europe 1 est allée à leur rencontre. 
REPORTAGE

Il y a quelques semaines, un rapport parlementaire alertait sur la situation de précarité menstruelle pour certaines femmes en France. Selon l’association Règles Élémentaires, elles seraient 1,7 million à ne pas pouvoir se procurer des protections périodiques, faute de moyens. Le gouvernement lance une phase test de distribution de protections avec un budget dédié d’un million d’euros. Des serviettes hygiéniques et tampons seront ainsi distribués gratuitement en France, notamment dans les lieux d’accueil. Europe 1 fait le point à Bagnolet en Seine-Saint-Denis, dans un centre d’accueil pour les jeunes femmes victimes de violences sexistes et sexuelles.

"Les femmes doivent choisir entre s'alimenter et avoir une serviette"

Les usagères sont particulièrement touchées par le problème de précarité menstruelle. "C’est quasiment quotidiennement, des jeunes viennent en me disant 'je n’ai rien'", explique Amandine Maraval, de l'association Une femme, un toit, et directrice du centre. Les jeunes femmes qui viennent au centre d'accueil sont très souvent sans ressources. "Quand elles viennent et qu'on leur propose de leur donner cinq euros, elles vont préférer s’acheter des serviettes plutôt que de s’acheter à manger. Aujourd'hui, des femmes doivent choisir entre s’alimenter ou avoir une serviette", déplore la responsable.  

"Cela nous aide psychologiquement"

"Je suis venue car j’ai été victime de violence conjugale", raconte Emilie, 22 ans, qui vient au centre tous les jours. Plusieurs entreprises de Seine-Saint-Denis distribuent gratuitement des protections périodiques dans le salon du centre. "Cela va beaucoup aider les femmes, on en a vraiment besoin régulièrement. Peut-être que certains ne voient pas ça, mais nous, cela nous aide psychologiquement", confie la jeune femme. 

"Si on prend une marque, c’est quand même 3 ou 4 euros. Financièrement c’est un budget, même si on trouve des systèmes D, des fois c’est compliqué", raconte Lucie, qui touche 700 euros par mois. Le coût des menstruations pour les femmes à l'échelle d'une vie peut s'élever entre 8.000 et 20.000 euros. Des serviettes et des tampons gratuits, c'est aussi très important, rappelle la responsable du centre, pour que ces femmes se sentent en confiance et reviennent toquer à la porte de la structure.