Avortement : que ce soit loi !

"Femmes d'Argentine (Que sea ley)" (Juan Solanas, 2019) - ©LES FILMS DU SUD
"Femmes d'Argentine (Que sea ley)" (Juan Solanas, 2019) - ©LES FILMS DU SUD
"Femmes d'Argentine (Que sea ley)" (Juan Solanas, 2019) - ©LES FILMS DU SUD
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En Amérique latine, la question de l’avortement reste sujette à discussion, voire à mobilisation. On en parle avec notre invité Juan Solanas, réalisateur du documentaire "Femmes d'Argentine (Que sea ley)" (en salle le 11 mars).

Avec
  • Juan Solanas Réalisateur

Le 8 mars dernier avait lieu la journée internationale des droits des femmes, l’occasion de revenir sur un combat qui n’est pas encore gagné, même là où il semble acquis : celui pour le droit à l’avortement, au cœur du documentaire_,_ Femmes d’Argentine (Que Sea Ley), réalisé en 2019 par Juan Solanas. Sélectionné à Cannes Hors Compétition, il y a notamment été célébré par des militantes de la vague verte et des figures de la croisette comme Penélope Cruz ou Pedro Almodóvar, soutiens de la lutte pour la légalisation de l’avortement. 

Après Nordeste (2005), Un Certain Regard à Cannes, ou encore Upside Down (2012) – un film de science-fiction avec Kisten Dunst et Jim Sturgess-, Juan Solanas, fils du cinéaste Fernando Solanas, réalisateur connu pour sa conscience sociale, semble revenir à ses racines.

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Il se centre ainsi sur la lutte pour le droit à l’avortement en Argentine, pays où avait été rejeté le 8 août 2018 un projet de loi dont l’issue était très attendue et qui avait donné lieu à de nombreuses manifestations. Alors que le 5 février 2019, le nouveau président argentin, Alberto Fernández, déclarait qu’il déposerait devant le Parlement "un projet de loi mettant fin à la pénalisation de l’avortement et permettant la réalisation d’un avortement dans n’importe quel établissement (de santé) public", Juan Solanas parcourt les provinces argentines pour recueillir les témoignages de femmes, d’hommes aussi, ayant souffert de près ou de loin de l’interdiction d’avorter en Argentine. Celui-ci n’est en effet légal qu'en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. 

#MeToo est né en Argentine avec le mouvement argentin "Ni una menos".        
(Juan Solanas)

En Amérique latine, l’avortement est un thème tabou, et plus de 97% des femmes vivent dans des pays où la loi reste très restrictive. L’Uruguay, la Guyane, Cuba, Porto Rico et Mexico sont les seuls pays où l’avortement est autorisé à la demande de la femme. C’est sans compter sur la détermination de la société civile, et notamment sur celui du mouvement des femmes argentines, au cœur de la Campagne Nationale pour le Droit à un Avortement Légal, Sûr et Gratuit ( Campaña Nacional por El Derecho al Aborto Legal Seguro y Gratuito) et qui a mis le thème de l’avortement sur le devant de la scène nationale. Ainsi, un projet de loi est présenté chaque année au Congrès. En 2018, avant d’être refusé par le sénat, une première victoire était obtenu lorsque, le 14 juillet, le projet était voté par les députés. 

Comme en France ou un peu partout, il y a en Argentine un vrai problème de formation des médecins […], de violence systématique.      
(Juan Solanas)

C’est autour de ces deux dates que Juan Solanas construit son documentaire, intégrant entre ces deux parties les témoignages de députées, médecins, théologiens, militantes de tous les bords, pro-choix autant que pro-vie, afin d’explorer les enjeux sociaux, sanitaires mais aussi vitaux du droit à l’avortement, lequel, s’il est de plus en plus reconnu par la jeune génération en Argentine, est loin d’être acquis et se trouve même menacé jusque dans des pays comme la France où l’Espagne, où le parti Vox, d’extrême droite et anti IVG, a été élu au Sénat et à l’Assemblée des Députés.

Dans mon film, ce ne sont pas des cas extrêmes, mais le fruit d’une idéologie perverse inexplicable pour moi : « Je ne te mettrai pas d’anesthésie, tu y as pris du plaisir, maintenant tu vas souffrir »… On l’impression d’être dans un mauvais film moyenâgeux.      
(Juan Solanas)

La Grande table
27 min

Extraits sonores : 

  • Femmes d’Argentine (Que Sea Ley) (Juan Solanas, 2019)
  • Le violeur, c’est toi !” : hymne chilien repris dans toutes les langues à travers le monde
  • Simone Veil, 13 novembre 1974 INA

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