Les règles, la fin d’un tabou

Dernière mise à jour 15/11/19 | Questions/Réponses
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Avoir ses menstruations est un phénomène naturel, signe d’une bonne santé et d’un corps qui fonctionne. Pourtant, le sujet est encore trop souvent considéré comme gênant. Décryptage avec Sandra Fornage, gynécologue et spécialiste en médecine sexuelle.

La «cup» menstruelle: je m’y mets ou non?

Depuis quelques années, la cup remporte un succès grandissant. Réutilisable, elle est saluée pour son aspect plus respectueux de l’environnement que les tampons, souvent soupçonnés de contenir des pesticides et produits chimiques. Tout comme avec les tampons, il existe un petit risque de choc septique avec la cup. Il est donc important de bien suivre la notice d’utilisation, la vider et la rincer au minimum toutes les douze heures, puis bien la stériliser dans de l’eau bouillante entre chaque cycle de règle.

«Le sang menstruel, c’est sale.»

Absolument pas. Le sang vient de l’utérus, une cavité considérée comme stérile. Il est le résultat d’une stimulation hormonale, qui fait grandir l’endomètre (la muqueuse de l’utérus). À un certain moment du cycle, le jeu hormonal provoque l’évacuation de l’endomètre. Des membranes et du sang s’écoulent alors par le vagin.

Certaines personnes sont dégoûtées par l’aspect souvent assez foncé du sang menstruel. Mais il faut savoir que plus un saignement est rouge, plus il est abondant. Le fait qu’il soit noir n’est pas un mauvais signe, bien au contraire. C’est simplement du sang qui a un peu «stagné» à l’intérieur du corps et a donc commencé à coaguler.

«Une femme qui a ses règles ne peut pas faire l’amour.»

Il n’y a pas de risque à faire l’amour pendant ses règles. En revanche, il est vrai que c’est une période du cycle où certaines femmes se sentent plus inconfortables, font de la rétention d’eau ou sont ballonnées. La présence de sang pendant les rapports peut également générer un inconfort ou une gêne. L’important est donc vraiment que chacune écoute ses envies, le cas échéant il ne faut pas s’en priver!

À noter que la transmission de certaines maladies sexuellement transmissibles, comme le VIH ou l’hépatite, peut être augmentée par le contact avec du sang. Selon les règles du « safer sex », il faut donc toujours se protéger et éviter que la bouche entre en contact avec du sang menstruel lors d’un rapport.

«Une femme qui a ses règles est instable.»

«Mais qu’est-ce qu’il se passe? Tu as tes règles ou quoi?» Quelle femme n’a jamais entendu cette phrase… Il est certes vrai que le syndrome prémenstruel existe, beaucoup de femmes en témoignent. Il se manifeste généralement par une irritabilité, voire même parfois un état de dépression, engendré par le jeu des hormones. En revanche, contrairement aux idées reçues, le syndrome prémenstruel porte bien son nom puisqu’il se manifeste plutôt quelques jours avant l’arrivée des règles que pendant.

«Un cycle menstruel dure 28 jours.»

Non, la norme est fixée entre 21 et 35 jours. Certaines femmes ont leurs règles toutes les trois semaines, tandis que d’autres les ont toutes les cinq. À l’échelle d’une année, une femme qui a des cycles plus longs aura par conséquent un nombre plus faible d’ovulations. En revanche, les ovocytes ont une durée de vie identique chez tout le monde, soit entre 24 et 48 heures.

«Avoir mal pendant ses règles, c’est normal.»

Il est normal de ressentir une tension dans le bas-ventre. Lors de cette période, l’utérus a des contractions pour expulser l’endomètre. En revanche, avoir mal au point de vomir ou ne plus pouvoir faire ses activités habituelles n’est pas normal. Cela peut être le symptôme d’une maladie, comme l’endométriose. Certaines femmes ont également un utérus plus facilement sensible que d’autres. Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à consulter et oser en parler à son médecin. Des solutions existent pour calmer la douleur. Rien ne sert de souffrir en silence!

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Paru dans le hors-série « Votre santé », Le Nouvelliste/La Côte, Novembre 2019.

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