Écartées, sous-représentées : un rapport dénonce le sexisme dans les médias, l‘entreprise et la politique

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Écartées, sous-représentées : un rapport dénonce le sexisme dans les médias, l‘entreprise et la politique

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La quasi-totalité des femmes françaises disent avoir subi des actes ou commentaires sexistes en 2019
La quasi-totalité des femmes françaises disent avoir subi des actes ou commentaires sexistes en 2019
© AFP - Alain Pitton / NurPhoto

Dans son deuxième état des lieux du sexisme en France, le Haut Conseil à l’Égalité dresse un tableau assez sombre en la matière. Les femmes sont encore loin d'être traitées à égalité avec les hommes, que ce soit dans les partis politiques, à la télévision ou pendant leurs études et leurs carrières.

Le bilan n‘est pas brillant. Selon le Haut conseil à l’Égalité entre les hommes et les femmes (HCE), qui réalise chaque année un état des lieux du sexisme en France, ce dernier s’y porte un peu trop bien. Que l’on observe le ressenti des personnes interrogées ou les statistiques des ministères de la Justice et de l’Intérieur, les chiffres sont sans appel : 87 % des victimes d’actes sexistes sont des femmes, et 91 % des mis en cause sont des hommes

Plus largement, 99 % des femmes disent avoir été victimes en 2019 d’au moins un acte ou un commentaire sexiste. Autrement dit, presque toutes.

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Seule raison d’espérer un peu : ce qu’en pensent les plus jeunes. Parmi les représentants de la nouvelle génération, 92 % des jeunes considèrent que le sexisme est un problème dans notre société.

Un problème majeur qui touche, d’après le rapport, trois domaines en particulier : le milieu de l’entreprise, celui des médias et enfin la vie politique.

Des bancs de l’université aux bureaux, un même sexisme ambiant

Pour le HCE, l’entreprise est encore un haut lieu du sexisme français. Cela commence dès les études : le rapport assure que les universités et grandes écoles sont des "bastions 'virilistes' où règne une sorte d’institutionnalisation du sexisme qui fonctionne comme rite intégrateur". Sur les campus, "63 % des femmes disent avoir subi ou avoir été témoins de violences physiques ou sexuelles, et 10 % avoir été victimes d’agressions sexuelles".

Le tableau n’est pas plus réjouissant dans le monde du travail, où "la prévalence du sexisme demeure très importante, en France comme en Europe". "60 % des Européennes déclarent en 2019 avoir déjà été victimes d’au moins une forme de violence sexiste ou sexuelle au cours de leur carrière […] en 2016, près de 80 % des femmes considéraient que, dans le monde de l’entreprise, elles étaient régulièrement confrontées à des attitudes ou des décisions sexistes".

Le HCE salue toutefois des tendances encourageantes, comme "l’introduction de l’agissement sexiste dans le Code du travail, en 2015", ou le renforcement récent des "obligations de l’employeur ou de l’employeuse en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles".

À la télé ou dans les urnes, de grands progrès restent à faire

Autre facteur de sexisme dans la société française, la représentation des femmes à la télévision. Selon le HCE, elles ne représentent que 42 % des personnes vues sur le petit écran en 2019… Et seulement 29 % aux heures de grande écoute. Le rapport déplore également les plateaux souvent majoritairement masculins, quel que soit le sujet, et le faible nombre d’invitées ou d’expertes.

Autre cible du rapport du HCE, la téléréalité, "grande pourvoyeuse de sexisme". Il y reproche pêle-mêle les "traits de caractère et assignation à des tâches et rôles stéréotypés, la sexualisation très présente et guidée par la recherche du 'male gaze' et non par l’affirmation de la puissance du corps des femmes, les procédés de dénigrement et de 'clash’." Les femmes y sont "présentées souvent comme stupides, faibles et rivales entre elles".

Mais nul besoin d’aller jusqu’aux "Anges" pour trouver du sexisme. La sphère politique n’est pas mieux lotie : elle reste la "chasse gardée des hommes malgré les avancées remarquables de la parité grâce aux contraintes légales", estime le rapport du HCE. Pour preuve, "84% des maires et 92% des président.es d’intercommunalité sont des hommes". Une tendance qu’on ne peut que rêver de voir s’inverser lors du scrutin à venir, sans grand espoir.

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