Violences contre les enfants : les signalements d'informations préoccupantes en hausse de 30%

Publié le 31 mars 2020 à 17h16
Enfant maltraité, image d'illustration
Enfant maltraité, image d'illustration - Source : iStock

VIOLENCES INTRAFAMILIALES - Depuis le début du confinement, le nombre d’appels au numéro d’urgence de l'enfance maltraitée 119 n’a pas augmenté. En revanche, les appels pour signaler des informations préoccupantes sont en hausse de 30%, explique à LCI la présidente de l'association La Voix de l’enfant.

Le confinement est propice aux violences intrafamiliales. Alors que le gouvernement et les associations de protection de l’enfance sont mobilisés pour recueillir la parole des enfants et les protéger, la présidente de La Voix de l’enfant, Martine Brousse, dresse auprès de LCI le bilan des deux premières semaines de confinement. 

LCI : Après deux semaines de confinement, quel bilan pouvez-vous dresser ? 

Martine Brousse : Contrairement à ce qu'on attendait, le nombre d'appels au 119 - autour de 1000 par jour - n'a pas augmenté. En revanche, si ce chiffre global n'est pas en hausse, davantage d'informations préoccupantes ont été signalées (+30%). Cette hausse des révélations de situations de danger signifie que la vigilance est plus grande dans les familles et dans le voisinage. Il y a de la maltraitance, malheureusement il y aura de la maltraitance confinée, qu’on ne découvrira qu’à la levée de ce confinement ; mais il y a aussi des voisins et des familles qui se mobilisent, qui sont vigilants, et qui appellent le 119 ou nos associations pour faire remonter une information préoccupante.

Comment expliquez-vous l'augmentation des signalements d'informations préoccupantes ?

Tout d'abord parce que le voisinage est plus attentif. J'ai moi-même eu au téléphone un homme qui avait l'habitude d'entendre ses voisins crier sur ses enfants, mais pensait que cela se limitait au soir, et était dû à l'énervement d'une journée de travail. Mais là il s'est rendu compte que cela durait toute la journée, et a donc fait un signalement. Ensuite, les situations de maltraitance qui existaient déjà peuvent être renforcées par le confinement. Des parents vont être exaspérés par le comportement de leur(s) enfant(s) et passer à l'acte. C'est pour cela que je voudrais rappeler qu'ils peuvent eux aussi appeler le 119 dès qu’ils sentent la colère et la violence monter. 

Des inégalités territoriales

L'action des forces de l'ordre et des services sociaux est-elle à la hauteur ? Pâtit-elle du confinement ?

Les forces de l'ordre interviennent immédiatement et rapidement lorsqu'une mise à l'abri est nécessaire. Le processus veut que les informations préoccupantes soient transmises aux cellules départementales de recueil d’informations préoccupantes (Crip). Là, la question est plus délicate. Beaucoup d'équipes sont en effectifs réduits car beaucoup de travailleurs sociaux qui sont en charge des enquêtes ont été contaminés. Certains départements s’organisent et peuvent continuer une activité normale, mais d'autres sont plus en difficulté. Le confinement révèle les inégalités entre les territoires. Notre rôle est donc de faire en sorte qu’aucun enfant ne soit laissé de coté.

Numéro national : 119 (numéro d’appel pour l’enfance en danger, joignable 24/24h 7/7j, communication gratuite et non-visible sur les factures de téléphone )

Associations de protection de l’enfance :

L’Enfant bleu – Enfance maltraitée : 01 56 56 62 62

La Voix De l’Enfant : 01 56 96 03 00

Colosse aux pieds d’argile : 07 50 85 47 10

Stop maltraitance / Enfance et Partage : 0 800 05 1234


Justine FAURE

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