CONFINEMENTCollages Féminicides trouve un logement aux femmes victimes de violences

Coronavirus à Bordeaux : Comment le collectif Collages Féminicides trouve un logement aux femmes victimes de violences

CONFINEMENTL'antenne bordelaise du collectif féministe aide les femmes victimes en situation d'urgence en leur trouvant un hébergement
Marion Pignot

Marion Pignot

L'essentiel

  • Avec le confinement, les violences intrafamiliales explosent selon les policiers et gendarmes de Nouvelle-Aquitaine. Le phénomène est national.
  • A Bordeaux, le collectif Collage Féminicides a mis ces actions chocs entre parenthèses et aide autrement les femmes victimes de violences conjugales.
  • Depuis une semaine, grâce à un réseau de 300 militantes, le collectif réussit à trouver rapidement des logements aux femmes en « situation d’urgence ».

«On tente de trouver des solutions d’urgence supplémentaires, d’aider avec le peu de moyens que l’on a. » Et ce peu de moyens, c’est déjà beaucoup. Beaucoup pour ces deux femmes victimes de violences conjugales que le collectif Collages Féministes Bordeaux a aidées en moins de deux semaines. Alors que depuis le début du confinement le triste nombre de victimes ne cesse d’augmenter à Bordeaux tout comme en France, le collectif féministe a décidé d’apporter son soutien aux femmes « en situation d’urgence ».

Lila Blin et Charlotte Monasterio, les cofondatrices, tablent sur leur réseau, fort de 300 militantes, pour tenter de trouver un logement à ces femmes « violentées qui se retrouvent parfois sans soutien immédiat ». « Notre militantisme qui se traduit par des collages féministes est à l’arrêt depuis le confinement. On se sentait un peu impuissantes alors que dans la presse tout montrait que les violences conjugales augmentaient », explique Charlotte.

Et puis le collectif est contacté par un journaliste qui ne savait comment conseiller une femme en danger qui venait de lui parler. « On a lancé un appel, trouvé un appart le soir même et on a pu la mettre sécurité », raconte Charlotte. La mission était toute trouvée.

Des femmes prêtes à laisser leur appart à des inconnues dans le besoin

« On ne veut en aucun cas invisibiliser le travail des associations, mais être un soutien de plus, un relais, poursuit la jeune femme de 28 ans. Nous n’avons aucune formation, mais un beau réseau. On peut trouver rapidement une solution d’urgence avant de rediriger ces femmes vers les autorités compétentes. » Le réseau, ce sont ces appartements laissés vides par des militantes parfois confinées chez leurs parents, conjoints ou compagnes. Ces femmes qui sont prêtes à laisser leur cocon quelques nuits à des inconnues dans le besoin. Et Lila ou Charlotte qui écoutent, conseillent.

« On connaît bien le tissu associatif venant en aide aux femmes battues, ce qu’il faut faire en cas de violences, explique Charlotte. On sait aussi que les appels au 3919 [la plateforme d’écoute des femmes victimes de violences] ont baissé depuis le début du confinement, parce que ce n’est pas facile de passer un coup de fil près d’un mari violent. Alors, on propose une alternative. »

« Un soulagement et une mini mini victoire »

Là, il suffit d’un message sur Facebook ou sur Instagram, d’un « tag » est tout se met en branle. La femme mise en sécurité il y a plus d’une semaine a depuis décidé de porter plainte, « un soulagement et une mini mini victoire » pour Charlotte. Et la jeune militante d’insister : « Cette initiative existera que le temps du confinement, parce que les chiffres montrent qu’on a besoin d’être nombreuses en soutien. »

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En Gironde, les interventions pour violences intrafamiliales ont augmenté de 25 % en zone police et de 28 % en zone gendarmerie entre le 17 mars et le 31 mars. Un constat édifiant qui a poussé les avocats du barreau bordelais à lancer une ligne d’urgence gratuite (05.57.77.40.71). Des points d’alerte ont également été mis en place dans certaines pharmacies et supermarchés, la Maison des femmes reste à l’écoute, le SMS d'alerte au 114 et le 3919 sont toujours là comme la plateforme de signalements du gouvernement ou la cellule d’accueil d’urgence des victimes d’agression (Cauva). Enfin l’atelier Remuménage propose, selon Charlotte, « aussi des déménagements en urgence ».

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