VIH"Le week-end du Sidaction 2020 est annulé. Pas la solidarité."

Par têtu· le 08/04/2020
Sidaction dons

TRIBUNE. En raison de l'épidémie de coronavirus, le weekend du Sidaction, qui devait se tenir du 2 au 5 avril, est annulé. Mais le travail des associations et des chercheurs ne s'arrête pas, et plus que jamais, le Sidaction a besoin de vos dons.

Chaque année, fin mars ou début avril, et ce depuis 1994, le week-end du Sidaction occupe l’espace médiatique pendant 3 jours. Ce temps de mobilisation est essentiel pour l’ensemble des acteurs de la lutte contre le VIH, médecins, chercheurs et militants associatifs. Il constitue en effet le seul moment de l’année où une trentaine de médias partenaires informent, de concert, le grand public sur les progrès scientifiques, délivrent des messages de sensibilisation et rappellent que le VIH tue encore 770.000 personnes par an et en contamine près de 1,8 millions dans le monde. C’est également, et surtout, un week-end crucial pour Sidaction, qui rassemble à cette occasion plus de 4 millions d’euros de promesses de dons. Ces dons viennent abonder les financements accordés aux chercheurs et aux associations en France et dans 19 pays d’Afrique et d’Europe de l’Est.

Décision douloureuse

Jusqu’à présent, aucun événement de l’actualité, aussi « perturbateur » soit-il, ne nous avait amené  à prendre cette douloureuse décision d’annuler purement et simplement le week-end du Sidaction. Au moment où la France, et tant d’autres pays en Europe, allaient atteindre le pic de l’épidémie de Covid-19, au moment où chacun était mobilisé dans la lutte contre ce nouveau virus, nous ne pouvions imaginer tenter d’attirer l’attention sur une autre cause, aussi légitime soit-elle.

C’est bien entendu un coup rude pour la  lutte contre le VIH. Parce que si nous avons annulé le week-end du Sidaction et avons renoncé à notre visibilité dans les médias, le VIH, lui, ne fait pas de pause et ne renonce à rien. Et c’est pour cette raison que nous avons terriblement, et plus que jamais, besoin du soutien de nos donateurs.

Combattre deux virus à la fois

Les associations que nous finançons aujourd’hui redoublent leurs efforts pour désormais  combattre deux virus à la fois. Le Covid-19 a un immense impact sur l’ensemble de notre société, nous le constatons chaque jour. Mais, ce que chaque acteur de la solidarité constate également, c’est son effet dévastateur sur les personnes qui étaient déjà marginalisées ou discriminées. Le Covid-19 creuse encore plus les inégalités sociales et économiques qui font depuis longtemps  le lit de l’épidémie de VIH/sida.

Nous avons plus que jamais besoin des dons du grand public pour pouvoir répondre aux besoins des personnes vivant avec le VIH ou de celles qui y sont très exposées. Chaque jour, toutes les associations que nous soutenons, ainsi que certains médecins, nous font part des conséquences délétères du Covid-19 sur la vie quotidienne de ces personnes et de leurs effets, à plus ou moins long terme, sur leur état de santé. Les acteurs se battent aujourd’hui pour répondre au mieux  aux besoins de personnes âgées, vivant avec le VIH, souffrant d’autres pathologies et souvent très isolées socialement. Elles se mobilisent au quotidien pour venir en aide aux travailleuses du sexe impactées de plein fouet par les conséquences du Covid19, ainsi qu’aux personnes migrantes vivant souvent dans des conditions rendant insupportable le confinement.

Besoin de soutien

Nous craignons des interruptions de traitement chez les personnes vivant avec le VIH qui n’ont pas facilement accès à l’information, quelles qu’en soient les raisons, et qui ne savent pas, par exemple, qu’elles peuvent récupérer leurs ARV à la pharmacie même si leur ordonnance est expirée. Pire, nous savons déjà aujourd’hui, que des personnes sans papiers ne vont pas oser sortir de chez elles, de peur d’être contrôlée par la police et de se voir délivrer une OQTF (Obligation de quitter le territoire) comme cela est déjà arrivé ces dernières semaines. Comment prendre soin de sa santé, comment s’inquiéter des effets délétères et silencieux du VIH, alors qu’un autre virus est autrement plus présent et vous expose à d’autres risques bien plus immédiats ?

Avec peu de moyens pour se protéger, avec un soutien souvent insuffisant des financeurs publics, les équipes associatives se démènent comme elles le peuvent pour faire face au Covid-19, que ce soit en France ou à l’étranger. Elles auront encore plus besoin de soutien dans les mois à venir pour gérer les conséquences à long terme de cette nouvelle épidémie. Et si, aujourd’hui, les financements affluent pour la recherche scientifique et médicale sur le Covid-19, il s’agira également pour Sidaction de soutenir plus que jamais les chercheurs investis sur le VIH, qui devront eux aussi composer avec cette crise sanitaire, sans pour autant perdre de vue les objectifs que nous nous étions collectivement fixés pour mettre fin à une épidémie que nous combattons, ensemble, depuis plus de trente ans. 

 

Pour contribuer au Sidaction, rendez-vous sur leur site internet