Droits des femmes et COVID-19 : un appel à la vigilance

Simone de Beauvoir ne se serait donc pas trompée en rappelant aux femmes à la vigilance et de ne jamais oublier « qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. ». Effectivement, ce ne sont pas des droits acquis et ceci s’observe mieux malgré les temps difficiles de l’humanité voire les crises humanitaires que nous traversons aujourd’hui avec le coronavirus. En effet, le monde a connu déjà un recul de l’égalité entre les hommes et les femmes en 2017 qui a été dénoncé dans le rapport annuel du Forum économique mondial (WEF). Mais aux USA le pays des grandes différences, des droits acquis depuis 1973, se sont vus graduellement écorchés encore plus en 2019 avec le gouvernement Trump où 28 états ont soumis des projets de loi pour restreindre le droit à l’avortement contrairement aux provinces canadiennes. La liberté de choisir des femmes apparaît donc comme le terrain de bataille des grandes politiques conservatrices. Elles se sentent moins en sécurité.

Droits des femmes réduits ?

Encore en 2020 en plus de la pandémie du COVID-19 actuelle, les droits des femmes subissent plusieurs érosions qui ont entraîné une diversité de réactions. Par exemple au japon le 23 avril 2020, le maire de la ville d’Osaka, Ishiro Matsui pour réduire la fréquence des courses et le volume des personnes à s’y rendre, publie sur un média nippon que les hommes devraient y aller tous seuls. Car, selon lui « les femmes prennent du temps lorsqu’elles regardent les produits et hésitent entre l’un ou l’autre ». Des propos qui ont soulevé de vives réactions dans ce pays pourtant conservateur et il a présenté des excuses. Sous cette douce correction linguistique, on peut entrevoir les mentalités encore vierges de changements sur la femme.

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Comme au Pakistan, un imam populaire a su déclencher une grande contestation de ses 3,5 millions abonnés sur son compte Youtube, après avoir appelé les femmes à se vêtir avec plus de « pudeur » et selon un des hadiths de la religion pour éviter la propagation du coronavirus. Selon lui, cela réduirait le mauvais œil aussi et maintiendrait les valeurs morales en omettant complètement que les premières contaminations ont eu lieu lors d’un rassemblement religieux en début mars (plus de 100 000 tablighis de 70 pays). Une propagation qui a affecté des centaines d’individus dans ce pays où l’assassinat des femmes est encore un crime d’honneur. Sur Twitter, la ministre des Droits de l’Homme Shireen Mazari comme d’autres personnalités n’a pas hésité à dénoncer ces propos.

En Europe, en réaction à la décision des députés polonais de ne pas adopter deux projets de loi visant à interdire l’éducation à la sexualité et à restreindre encore davantage l’accès à l’avortement, les polonais ont bravé le confinement en pleine crise du COVID-19 à travers une forte contestation afin de faire entendre leur voix. Les voix de milliers de personnes ont clamé désaccord vis-à-vis de l’orientation des décisions parlementaires cette semaine du 16 avril.

Violence conjugale : une explosion confinée en pleine pandémie

Aussi incroyable que cela ne puisse paraître, certaines femmes se posent toujours la question de savoir comment dénoncer la violence conjugale qu’elles subissent en plein confinement de la COVID-19. Un autre facteur qui a fait reculer drastiquement le droit des femmes : la violence.

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Au Canada par exemple, le nombre d’appels du voisinage concernant la violence conjugale de famille a augmenté de 30 %. Au Royaume-Uni c’est une hausse de 25% de signalements en ligne, de 16% en Espagne, de près de 50% au Brésil, plus de 20% au Texas et plus de 40 femmes déjà en Tunisie. Depuis le 27 mars en Afrique du Sud, plus de 12 000 femmes violentées ont fait appel par téléphone et aussi pour leurs enfants maltraités dès les premières semaines du confinement. Un pays africain où le nombre de féminicides (meurtres de femmes) s’élève déjà à 5 fois plus que dans le reste du monde. Le cri d’alerte des femmes martelant que : « les hommes tuent plus que le coronavirus » fait vibrer la toile, les médias et l’ONU qui a multiplié ses apparitions médiatiques à travers António Guterres.

Les experts expliquent cet éclatement par les millions de pertes d’emploi, le stress des enjeux économiques, l’anxiété de la contamination et l’isolement entre les 4 murs. Le taux de violence s’est élevé au point où depuis mars 2020 de nombreux organismes d’aide proposent des moyens de chercher de l’aide aux femmes confinées avec leur partenaire violent. Les moyens les plus connus sont : lignes téléphoniques, cellules d’intervention policière rapides, SOS-violence, assistance psychologique, maisons d’hébergement, financements gouvernementaux, fondations et les dons. Par manque de place, les centres d’hébergement font face alors à des défis de taille depuis le début de la pandémie pour être en mesure de recevoir ces femmes et enfants victimes de violence conjugale. On enregistre de longues files d’attente surtout dans les pays développés où justement le taux de contamination et de décès demeure le plus élevé après la Chine. Les blogs ont alors multiplié leurs appels au calme, à la tolérance, aux conséquences de la violence mais surtout à la gestion des comportements violents inévitables malheureusement comme dans une récente publication de femmescelibataires.club qui offre des conseils en 7 points à pour éviter ces homicides conjugaux. Car en plus d’être très difficile d’accéder à elles, ces femmes sont isolées et subissent en continue des violences confinées qui peuvent bien finir en féminicides, infanticides ou des décès. On pourrait les encourager à sortir de ces relations abusives mais, elles y sont et cela demanderait plus de se défendre.

Des viols encore impunis

Un autre facteur important continue d’enfoncer le droit des femmes : le viol. Des viols collectifs se poursuivent encore malgré la pandémie et ceci dès le début du jeûne du ramadan qui a débuté majoritairement le vendredi 25 avril. C’est le cas du Tchad, pays musulman, où une jeune fille de 13 ans a été violée par 5 jeunes hommes après lui avoir fait consommer une drogue psychotrope. Bien que la jeune fille se retrouve dans un état critique à l’hôpital, un de ces jeunes, récidiviste et plusieurs fois condamné a pu retrouver sa liberté sans difficultés selon le quotidien Alwihda. Un autre cas de viol par un diplomate sénégalais de 41 ans a été révélé en Gambie ce 29 avril 2020 sur une handicapée mentale âgée de 17 ans dans un autre média de la région. Pendant ce temps, il ne faut pas oublier de surveiller vos enfants car de jeunes filles continuent de tomber sous le charme de proxénètes du net.

La femme est donc devenue plus qu’un champ de bataille comme l’exprime Nighat Dad avec son corps dans nos sociétés, des ambitions politiques, des équilibres religieux et de l’éducation. Les aptitudes et compétences des femmes deviennent invisibles face à autant de ségrégations genrées. Avec cette explosion de maux malgré la pandémie actuelle, il se peut que les femmes doivent craindre une altération à plusieurs niveaux de leurs droits les plus simples. Elles devront peut-être espérer une égalité dans un horizon qui va bien au-delà des 170 années prédites dans le rapport du Forum économique mondial, pousser leurs réflexions sur leurs conditions sociales ou mieux, réorienter leurs intérêts vers de nouveaux paradigmes plus efficaces.

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