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Ce que les femmes subissent au Yémen est une "honte pour l'humanité"

par Sarah Chekroun ,
Ce que les femmes subissent au Yémen est une "honte pour l'humanité"© GettyImages
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Au Yémen, la condition des femmes inquiète de plus en plus les militants et les groupes de défense des droits humains car elles sont de plus en plus exposées à des abus "sans précédent" dans les zones contrôlées par les Houthis.

Depuis cinq ans, le Yémen connaît une guerre civile qui oppose les forces gouvernementales du président Abdrabbo Mansour Hadi et de l'autre, la rébellion Houthiste qui s’est emparée d’une partie des territoires. La gravité de ce conflit a accru les violences sexistes envers les femmes et les filles qui deviennent alors de plus en plus vulnérables et subissent de nombreux abus. "C'est la pire et la plus sombre période pour les femmes yéménites", déclare Rasha Jarhum, défenseure des droits humains et fondatrice de l'initiative Peace Track à The National.

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Avant le début de la guerre, les femmes ne bénéficiaient pas de "lois ou institutions pour les protéger" mais elles avaient à la place des codes moraux et tribaux qui les protégeaient des abus. Cependant, ces protections se sont affaiblies à cause des pressions du conflit.

Un groupe d'experts de l'ONU a découvert un réseau Houthi qui opérait pour opprimer les femmes qui s'opposaient au groupe rebelle. Les Houthi ont même formé des combattantes, appelées "Zainabiyat", qui ne manquent pas de maltraiter les femmes qui s'opposent à la rébellion. "C'est la première fois dans l'histoire du Yémen que nous voyons quelque chose comme ça", assure Rasha Jarhum.

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Les détentions arbitraires de femmes en raison de leur affiliation politique, de leur travail humanitaire ou de consolidation de la paix augmentent ces dernières années. Selon le rapport, ces arrestations massives de femmes ont commencé après la nomination Houthie de Sultan Zabin à la tête de la division d'enquête criminelle de Sanaa en 2018. Les abus que ces femmes subissent pourraient constituer des crimes de guerre.

Selon Muna Luqman, fondatrice de la Food for Humanity Foundation et militante des droits humains, les femmes combattantes étaient respectées par la communauté mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pour Muna Luqman, ce que les femmes endurent au Yémen est une "honte pour l'humanité".

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"Les épreuves des femmes sont doublées par rapport à celles des hommes en raison de la stigmatisation de la société conservatrice du Yémen, qui est souvent utilisée contre elles", renchérit Afrah Nasser, chercheuse au Yémen pour Human Rights Watch. "Il est tout à fait épouvantable que les femmes soient exposées à ces actes brutaux de détention arbitraire, de disparition forcée, de violence sexuelle et de stigmatisation sociale", ajoute-t-elle en soulignant que le gouvernement doit déployer ses efforts pour "combattre les perceptions de honte ou de culpabilité" que subissent les femmes survivantes.

Une récente enquête de l'Associated Press révèle que des centaines de femmes ont été enlevées par les rebelles et détenues dans des prisons secrètes. Si les Houthis démentent ces affirmations, six femmes qui se sont enfuies en Égypte ont pu s’entretenir avec l’agence de presse au sujet de leur traumatisme. C’est notamment le cas de Samera Al Huri, enlevée en juillet 2019 après avoir refusé de devenir informatrice sur les militants anti-rebelles. Des officiers masqués avec des kalachnikovs l'ont emmenée et emprisonnée à Dar Al Hilal, une école abandonnée de Sanaa. Elle explique que certaines nuits, Sultan Zabin prenait des "jeunes et jolies filles" de l’école pour les violer.

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Selon Bardis Assayaghi, une poétesse maltraitée par les Houthis, 120 femmes seraient détenues au Dar Al Hilal, "enseignantes, militantes des droits de l'homme, adolescentes". Entre 200 et 350 femmes seraient actuellement détenues dans la capitale du Yémen mais l'Organisation yéménite de lutte contre la traite des êtres humains affirme que les chiffres devraient être plus élevés.

"Les autorités Houthies doivent prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ces actes brutaux. Les alliés des Houthis doivent faire tout ce qu'ils peuvent pour faire pression sur les autorités Houthies pour qu'elles mettent fin à ces violations des droits de l'homme", a conclu Afrah Nasser.

150 personnalités signent une tribune afin de sensibiliser sur les violences faites aux femmes

Vidéo par Juliette Le Peillet
Sarah Chekroun
Responsable édito affiliation
Passionnée par les thématiques beauté et mode mais aussi le lifestyle, je suis toujours à la recherche des plus grandes tendances et des meilleurs produits à tester afin de vous …
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