« Notre étude montre clairement que les filles réfugiées syriennes au Liban restent les plus durement touchées par la pandémie de Covid-19 », accuse l’ONG Plan international, dans un communiqué du 4 mai. L’organisme dresse un bilan effrayant des effets de la crise sanitaire sur les femmes et plus particulièrement les réfugiées. « La pandémie de Covid-19 est venue aggraver le sort des filles adolescentes qui luttent quotidiennement contre la faim, la précarité menstruelle et le risque de violence », explique l’ONG. En raison du confinement et de la crise économique, une partie de la population libanaise a plongé dans la grande précarité. Le taux de chômage est de 40%, indique Plan international. « 63% des familles libanaises déclarent manquer de nourriture pour les deux prochaines semaines ». Un chiffre qui monte à 83% pour les familles de réfugiés (1 million de Syriens et 180 000 Palestiniens). 

La crise économique du coronavirus accentue la précarité menstruelle, rappelle Plan international. Les protections hygiéniques — produits de première nécessité — ne sont plus accessibles pour « 1/3 des adolescentes. Une situation qui s’aggrave pour les réfugiées : parmi elles, 2/3 sont des réfugiées syriennes », avance l’ONG. Elle pointe du doigt le manque d’accès aux soins. « 83 % des femmes n’ont pas accès aux services de santé sexuelle et reproductive, par crainte de la transmission du Covid-19 ».

Des violences sexistes et sexuelles 

L’ONG, engagée en faveur de l’égalité entre les filles et les garçons et les droits des enfants, assure que les violences faites aux femmes et les discriminations basées sur le genre sont aggravées par la crise sanitaire et économique. « Plus de la moitié (51 %) des adolescentes interrogées relèvent une augmentation du temps consacré aux tâches ménagères, contre 20 % chez les adolescents », explique l'organisation. Une situation qui se confirme chez les Françaises : « On voit très bien par exemple que les femmes se chargent de la majorité du travail dit “non rémunéré” : les tâches ménagères à la maison. En France, dans 63% des familles, c’est la femme qui fait l’essentiel des repas », a déclaré Marlène Schiappa, au micro de « Europe 1 », le 29 avril dernier. 

Plan international ajoute que 30% des adolescentes réfugiées au Liban sont victimes de harcèlement dans les camps de réfugiés. Une violence à l’égard des filles qui s’exacerbe aussi en France. La secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes a souligné les risques de violences sexuelles pour les femmes, pendant et après le confinement. «  En France, il y a eu une affaire dans laquelle le gouvernement a dû intervenir pour faire supprimer des contenus de “revenge porn” », a reconnu Marlène Schiappa. « On voit une augmentation de la consultation des sites pornographiques (…) Une ONG indienne a documenté les termes recherchés et on voit que, plus on arrive dans le confinement, plus on est dans la recherche de contenus gores et violents. Il y a un vrai risque de violences sexuelles au moment du déconfinement », a-t-elle déclaré. Un facteur de plus dont se seraient bien passées les filles et femmes du monde entier.