Huit héroïnes de la Seconde Guerre mondiale que vous devez connaître

Pensez à un acte d'héroïsme en temps de guerre.

An illustration of Cheng Benhua, a Chinese resistance fighter

Crédit photo, Davies Surya, BBC

Imaginez-vous un homme ou une femme agissant avec courage ?

Trop souvent, le rôle des femmes pendant les conflits n'est pas reconnu.

C'est pourquoi, pour commémorer le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale cette année (la guerre a pris fin en Europe le 8 mai), nous célébrons huit femmes dont la bravoure et les réalisations les distinguent des millions d'autres qui ont fait preuve de courage dans ce conflit dévastateur.

Cheng Benhua : accueillir la mort avec un sourire

Cheng Benhua était une héroïne de la résistance qui a combattu les Japonais après qu'ils aient envahi la Chine en 1937.

Une photo d'elle prise peu avant sa mort à la baïonnette est devenue l'image emblématique d'une héroïne sans peur.

Elle a été prise par un photographe japonais qui a fait la chronique de ses derniers moments, après qu'elle ait été capturée pendant les combats et emprisonnée.

Elle avait été violée par ses ravisseurs à plusieurs reprises, mais cela n'a pas brisé son esprit.

Sur l'image, elle semble sourire face à la mort, les bras repliés sur sa poitrine, la tête relevée pour rencontrer l'œil de l'objectif en forme de défi.

Sa pose est commémorée par une statue de cinq mètres à Nankin, elle-même le site de l'un des pires massacres de la guerre, lorsque jusqu'à 300 000 hommes, femmes et enfants chinois ont été massacrés par les troupes japonaises.

Elle avait 24 ans lorsqu'elle est morte en 1938, un an avant que la guerre n'arrive en Europe, mais un an après le début de la guerre pour les Chinois.

Cheng Benhua avait "la personnalité la plus marquante, la plus impressionnante et la plus digne de respect" parmi les millions de morts, a déclaré l'historien chinois et directeur du musée, M. Fan Jianchuan, au Quotidien du peuple en 2013.

Noor Inayat Khan : la princesse espionne

Princesse indienne et espionne britannique, Noor Inayat Khan était la descendante directe du Sultan Tipu, le souverain musulman de Mysore au XVIIIe siècle.

An illustration of Noor Inayat Khan

Crédit photo, Davies Surya, BBC

Fille d'un père indien - un professeur soufi - et d'une mère américaine, elle est née à Moscou et a étudié à la Sorbonne à Paris.

Ses compétences linguistiques lui ont valu une place au sein du Special Operations Executive (SOE) britannique - des agents infiltrés qui ont été parachutés en France occupée pendant la guerre pour perturber les activités nazies par le sabotage, assurer la liaison avec la résistance française et espionner les mouvements de troupes.

Elle a travaillé comme opératrice radio - la première femme à assumer ce rôle dangereux - et changeait constamment de lieu pour éviter d'être repérée.

Elle a fini par être capturée par la police nazie, la Gestapo, interrogée et torturée.

Elle a tenté de s'échapper à plusieurs reprises - une fois, elle a failli s'enfuir par-dessus les toits.

Après chaque tentative, les conditions de son emprisonnement et de ses interrogatoires se sont aggravés, mais on pense qu'elle n'a jamais donné d'informations utiles aux Allemands, qui ne la connaissaient que par son nom de code Madeleine et ne savaient même pas qu'elle était indienne.

En septembre 1944, Inayat Khan et trois autres agents féminins du SOE furent transférés au camp de concentration de Dachau, où ils furent fusillés le 13 septembre.

Pour son courage, Inayat Khan a reçu à titre posthume la George Cross britannique et une Croix de Guerre française avec une étoile d'or. Elle existe également un monument dédié à sa bravoure dans les jardins de Gordon Square à Londres.

"Noor Inayat Khan continue d'inspirer encore aujourd'hui, non seulement pour sa bravoure exemplaire, mais aussi pour les principes qu'elle défendait", a déclaré Shrabani Basu, auteur de Spy Princess, The Life of Noor Inayat Khan, à la BBC.

"Bien qu'elle était soufie et qu'elle croyait en la non-violence, elle a fait le plus grand sacrifice - sa vie - dans la lutte contre le fascisme", a-t'il ajouté.

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Lioudmila Pavlichenko : mme la mort

An illustration of Lyudmila Pavlichenko, a Soviet sniper

Crédit photo, Davies Surya, BBC

Lioudmila Pavlichenko est l'un des tireurs d'élite les plus efficaces de l'histoire, ayant abattu 309 soldats allemands après l'invasion nazie de l'Union soviétique en 1941.

Des dizaines de ses victimes étaient elles-mêmes des tireurs d'élite ennemis, qui ont perdu une partie de chat et de souris avec la femme dont les exploits lors des sièges de Sébastopol et d'Odessa lui ont valu le surnom de "Lady Death".

Les tireurs d'élite nazis n'ont pas pu l'attraper, mais elle a été blessée par un tir de mortier et, bien qu'elle se soit rétablie, elle a été retirée du front et mise au travail en utilisant sa renommée pour susciter un soutien à l'effort de guerre soviétique.

Dans son rôle d'affichiste pour l'Armée rouge, elle a voyagé dans le monde entier, rencontrant au passage le président américain Franklin D. Roosevelt.

Bien qu'elle ait reçu l'Étoile d'or du héros de l'Union soviétique, elle a ensuite été largement oubliée par l'Histoire.

"Il est surprenant qu'une femme sniper aux capacités exceptionnelles n'ait pas été correctement célébrée et commémorée après sa mort", a déclaré à la BBC Iryna Slavinska, militante pour l'égalité des sexes.

"Mais le récit soviétique de la Seconde Guerre mondiale était centré sur l'image d'un soldat courageux, d'un homme - il suffit de penser à tous les monuments érigés aux héros de guerre et au Soldat inconnu. Les femmes ne faisaient pas partie de ce récit", explique-t'elle.

Nancy Wake : la souris blanche

Plus grande que nature à bien des égards, Nancy Wake avait la réputation d'être une combattante hors paire, une séductrice hors paire et une grande buveuse, ainsi qu'une ennemie implacable des nazis.

An illustration of Nancy Wake, an Australian spy during WW2

Crédit photo, Davies Surya, BBC

Elle est née en Nouvelle-Zélande, mais a grandi en Australie. Elle s'est enfuie de l'école à l'âge de 16 ans et a obtenu un emploi de journaliste en France, en mentant, semble-t-il, sur sa capacité à écrire en égyptien ancien.

Elle y rencontre et épouse un industriel français, Henri Fiocca, et vit à Marseille lorsque les Allemands envahissent la ville en 1939.

Wake rejoint la résistance française et guide les aviateurs alliés en fuite au-dessus des Pyrénées pour les mettre en sécurité en Espagne. Lorsque son réseau est dénoncé aux Allemands en 1942, Wake s'enfuit en Grande-Bretagne via l'Espagne.

Fiocca, resté derrière et a été capturé, torturé et exécuté par les nazis. Wake a été parachutée en France pour commencer à travailler pour le Special Operations Executive (SOE) britannique.

Elle participe à de nombreuses missions audacieuses - elle affirme avoir tué une sentinelle allemande à mains nues à une occasion. "Ils avaient enseigné le judo au SOE, et je me suis entraînée à l'extérieur. Mais c'était la seule fois où je l'ai utilisé - whack - et ça l'a bien tué", a-t-elle déclaré dans une interview télévisée dans les années 1990.

Après la perte de précieux codes radio alliés au combat, elle s'est portée volontaire pour parcourir 500 km à vélo à travers le territoire ennemi afin de récolter les informations perdues. Elle a dit avoir parcouru la distance en trois jours seulement.

Elle se déguisait et prenait rendez-vous avec les Allemands pour obtenir des informations. Bien maquillée et un peu de boisson sous le bras, et je passais devant leurs postes (allemands), je leur faisais un clin d'œil et leur disais : "Voulez-vous me fouiller ? Mon Dieu, quelle séductrice j'étais", a-t-elle déclaré au journal australien.

Elle a frôlé la mort à de nombreuses reprises pendant la guerre, mais a toujours réussi à échapper à ses poursuivants, selon son biographe, Peter FitzSimons.

Sa capacité d'évasion a conduit les Allemands à l'appeler la Souris Blanche - également le nom de son autobiographie.

Wake a reçu de nombreux prix après la guerre et est décédée le 7 août 2011, à l'âge de 98 ans, à Londres. Elle a demandé que ses cendres soient dispersées en France.

Jane Vialle : Reporter, espionne, politicienne

Jane Vialle est née en République du Congo mais s'est installée à Paris dès son enfance et travaillait comme journaliste lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté.

Vialle a quitté Paris et est devenue un agent secret de la résistance française dans le sud du pays, qui, bien que n'étant pas officiellement occupé par les Allemands à l'époque, était dirigé par le régime fantoche de Vichy.

Elle recueille des renseignements sur les mouvements de troupes nazies qu'elle transmet ensuite aux alliés.

L'ennemi l'a capturée en janvier 1943 et elle a été accusée de trahison.

Ses secrets étaient cependant à l'abri des autorités, car elle avait si bien codé ses données qu'elles étaient indéchiffrables.

Vialle fut d'abord envoyée dans un camp de concentration puis dans une prison pour femmes à Marseille, mais elle s'échappa ou fut libérée et survécut à la guerre.

Elle a été élue au Sénat français en 1947.

Hedy Lamarr : la bombe la plus brillante d'Hollywood

Hollywood actress Hedy Lamarr

Crédit photo, Getty Images

La star du cinéma née en Autriche a eu une carrière étincelante qui lui a valu la célébrité, une étoile sur le Walk of fame à Hollywood et six maris.

Née Hedwig Eva Maria Kiesler dans une riche famille juive de Vienne, elle a d'abord épousé un industriel du commerce des armes qui désapprouvait sa carrière d'actrice naissante et l'obligeait à jouer l'hôtesse pour ses amis et collègues, dont des nazis.

Lamarr ne pu pas supporter cela et s'enfuit secrètement d'abord à Paris puis à Londres, où elle rencontre le légendaire Louis B. Mayer, directeur des studios MGM.

Il lui propose un contrat à Hollywood et commence à la promouvoir comme "la plus belle femme du monde".

Son succès dans les plus de 30 films dans lesquels elle est apparue est notable, sans être extraordinaire. Ce qui lui vaut une place sur cette liste, c'est son activité secondaire - en tant qu'inventrice.

Lamarr a développé un système de guidage pour les torpilles alliées qui pouvait contrer la menace de brouillage par l'ennemi en changeant de fréquence.

La marine américaine n'a pas repris son brevet, mais des éléments de ses inventions pionnières sont visibles dans la technologie Bluetooth et WiFi d'aujourd'hui.

Mya Mi : avec une épée et du poison

La lutte de Mya Yi a commencé avant même que les Japonais n'envahissent la Birmanie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Mya Yi photo portrait

Crédit photo, Ludu collection

Elle a mené une campagne pour l'indépendance du pays, s'opposant aux autorités coloniales britanniques.

Elle a rejoint les forces de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle avait toujours une épée et une bouteille de poison avec elle pour se défendre.

En 1944, elle a traversé à pied le territoire, y compris les chaînes de montagnes, en pleine zone ennemie, pour se rendre en Inde, sous contrôle britannique, afin de poursuivre la lutte contre les Japonais.

Elle panse ses blessures avec des bandes de paréo au fur et à mesure de son voyage et refuse les offres des hommes qui lui proposent de la porter.

En Inde, elle a contribué à la rédaction de pamphlets, largués plus tard sur la Birmanie, détaillant la façon dont les Japonais traitaient la population.

Bien qu'elle ait prévu de retourner en Birmanie avec son mari après la naissance de son premier fils - elle avait suivi une formation de parachutiste - elle a donné sa place à un autre combattant et n'est revenue qu'en octobre 1945, après la fin de la guerre.

Mais son combat se poursuit, car elle se bat pour l'indépendance puis contre les régimes militaires du pays.

Rasuna Said : La lionne

rasuna

Crédit photo, BBC/Davies Surya

Rasuna Said est une exception sur cette liste, car pendant la guerre, elle s'est rangée du côté des forces de l'axe, du moins en apparence.

Elle a été une figure clé dans la lutte pour l'indépendance de l'Indonésie, et l'ennemi pour elle n'était pas tant les Japonais que les colonisateurs néerlandais de l'Indonésie.

Said est devenue politiquement active très jeune et a fondé un parti politique - l'Association musulmane indonésienne (PERMI) - au début de la vingtaine. La ligne du parti était fondée sur la religion et le nationalisme.

Elle est une oratrice passionnée dont les discours sont "comme l'éclair pendant la journée" selon une biographie, et son courage pour critiquer les autorités coloniales néerlandaises lui a valu le surnom de Lionne.

Les Néerlandais interrompaient fréquemment ses discours et l'ont arrêtée lors d'un meeting, ce qui lui a valu une peine de quatorze mois de prison.

Lorsque les Japonais envahirent l'archipel en 1942, Said rejoignit une organisation pro-japonaise, mais s'en servit pour poursuivre ses activités en faveur de l'indépendance.

Dans le cas de l'Indonésie, les combats n'ont pas cessé lorsque les Japonais ont été vaincus. Les Néerlandais sont revenus pour tenter de rétablir leur autorité, d'abord avec l'aide des Britanniques, et un conflit meutrier s'en est suivi pendant quatre ans.

Il s'est terminé par la reconnaissance de la souveraineté indonésienne par les Néerlandais en 1949, et le rôle de Said dans ce processus est commémoré par le fait que son nom orne l'une des principales rues de la capitale, Jakarta.

Défenseuse acharnée de l'égalité des sexes et de l'éducation des femmes, Rasuna Said est l'une des rares femmes indonésiennes à s'être vu accorder le statut de héros national.