Podcast : “Dianké”, le feuilleton sans frontières qui honore l’afroféminisme, sur RFI

Premier podcast natif de fiction ouest-africain, “Dianké” déroule en douze épisodes les péripéties d’une Africaine en lutte contre la corruption et le patriarcat… Remarquable, cette superproduction qui porte en étendard la fierté des femmes africaines est diffusée par RFI et une centaine de radios communautaires.

Aida Sock pendant l’enregistrement du podcast Dianké.

Aida Sock pendant l’enregistrement du podcast Dianké. Photo: Boubacar Toure Mandamory

Par Carole Lefrançois

Publié le 09 juin 2020 à 16h00

Mis à jour le 29 juin 2023 à 12h29

Cest une aventure sonore hors normes, tant par son budget (90 000 euros) que par ses conditions d’enregistrement, proches d’un tournage de film. Le tout premier podcast natif de fiction ouest-africain porte le nom d’une femme, comme une promesse. Diffusée par RFI, Dianké est une œuvre ambitieuse et sans frontières, réalisée en cinq langues (français et wolof au Sénégal, bambara au Mali, haoussa au Niger et peul au Burkina Faso) par un binôme franco-sénégalais, composé d’Alexandre Plank et Tidiane Thiang.

Produite par l’ONG dakaroise Raes (Réseau africain pour l'éducation à la santé et à la citoyenneté), leur série en douze épisodes – aussi diffusée sur une centaine de radios communautaires – a pour objectif de semer des graines d’émancipation. Cela à travers une fiction politique qui invite les auditrices à se saisir d’un féminisme qui ne dit pas son nom, par crainte d’une levée de boucliers. Un récit contemporain qui bouscule les stéréotypes de genre.

Photo: Boubacar Toure Mandamory

Dans le rôle principal, la comédienne Aida Sock – également chanteuse d’afro-pop – incarne une lanceuse d’alerte : elle voit son destin bouleversé après avoir posté sur les réseaux sociaux une vidéo sur la corruption dont elle est victime. Pour contrer le système, elle se présente aux élections municipales.

Son programme : les droits des femmes, la participation citoyenne, la lutte contre la désertification des terres, la réfection des établissements scolaires… Dianké entraîne dans son combat toutes les générations avec elle : « L'émergence, tout le monde en parle, mais personne ici ne l’a croisée, rappelle la jeune femme. Mon pays n’est pas une impasse, c’est aussi une somme d’égoïsmes qui savent parfois se conjuguer au pluriel. »

“Dans notre société sénégalaise, nous sommes toutes des Dianké !” Aida Sock, comédienne

Sous ces latitudes, comme ailleurs dans le monde, une femme qui se dresse contre le système patriarcal est taxée de « sorcière, candidate aux mœurs légères avec un penchant pour les femmes… », déplore l’héroïne qui rêve d’un espace politique réinvesti par tous et toutes. « Dans notre société sénégalaise, nous sommes toutes des Dianké ! [...] Toutes n’ont pas la possibilité de s’exprimer ; nous le faisons pour elles, en espérant leur donner le courage de le faire à leur tour », espère la jeune comédienne qui se saisit du rôle corps et âme.

Les dialogues écrits par Insa Sané et Marriannick Bellot interrogent l’Afrique d’aujourd’hui. Chaque épisode s’ouvre sur les mêmes mots, un refrain comme une promesse, une prière, une déclaration d’amour à tout un peuple qui rêve d’un avenir meilleur : « Mon Afrique, c’est pas un continent, c’est un ventre. Un bouclier. L’origine du monde. Elle a le front digne, des stigmates sur les joues et les tempes. Mon Afrique, personne ne la connaît mieux que moi. Elle est une femme en devenir. »

s Dianké sur RFI. Réalisation : Alexandre Plank et Tidiane Thiang. 12 x 20 mn.

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