Etterbeek rebaptise et féminise ses rues au nom trop "colonial"

Onze rues d'Etterbeek ont été symboliquement rebaptisées ce lundi

© @Etterbeek

Temps de lecture
Par Véronique Fievet

L’initiative n’est que temporaire mais elle est sans conteste dans l’air du temps ! A Etterbeek, onze rues portant le nom d’acteurs de la colonisation, ont été symboliquement rebaptisées ce 15 juin.

Pendant neuf mois, elles porteront le nom de femmes dont l’engagement ou le talent, trop vite oublié, méritait d’être rappelé. Ainsi la Rue Général Fivé devient la rue Rosa Parks (1913-2005) du nom de la militante contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis.

La rue Colonel Van Gele s’appellera rue Marie Popelin (1846-1913), première femme docteure en droit (ULB). Le square Leopoldville est rebaptisé square Marie Muilu Kiawanga (1880-1959), "Maman Marie", résistante congolaise.

Croiser l’enjeu féministe et décolonial, c’est raconter une autre partie de l’histoire

Si ces changements de noms de rue semblent faire écho aux débats actuels sur le passé colonial de la Belgique, Françoise de Halleux, échevine de l’Egalité des Chances et de la Diversité à Etterbeek, s’en défend. "L’initiative a été prise avant le confinement. Notre volonté commune, avec mon collègue Karim Sheikh Hassan (échevin en charge de l’Espace public), était de mettre en lumière le rôle trop souvent invisible, des femmes dans l’Histoire. Le nombre de rues portant des noms des femmes est ridiculement faible. Nous avons choisi de rendre hommage à des femmes qui illustrent la diversité des parcours et des origines qui font la richesse de la population bruxelloise. Et il nous semblait que le quartier des casernes faisait la part un peu trop belle aux personnalités issues de la période coloniale".

Des balades pédagogiques à partir du mois de septembre

A partir du mois de septembre 2020, plusieurs balades pédagogiques à l’intention des riverains et des écoles seront organisées en partenariat avec des historien.ne.s. Pour Karim Sheikh Hassan : "s’approprier l’espace public, cela implique de savoir pourquoi l’endroit où l’on vit porte tel ou tel nom, et ce qu’il y a derrière". Un dépliant reprenant un plan des balades ainsi qu’une biographie des personnages féminins mis à l’honneur devrait bientôt être disponible à la maison communale et sur le site de la commune.

Officiellement, les noms de rues ne changent pas

Un geste symbolique qui ne devrait pas modifier en profondeur les habitudes des etterbeekois, habitant les rues concernées. Car changer un nom de rue, c’est une procédure qui ne s’improvise pas. Elle implique notamment de consulter la commission royale de Toponymie. Cela n’a pas été le cas. "Nous n’avons pas voulu imposer aux habitants les formalités d’un changement d’adresse. Il s’agit donc d’une initiative temporaire (neuf mois)". Quitte à la pérenniser ensuite si une volonté citoyenne se dégageait en ce sens, précise encore l’échevine Françoise de Halleux.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous