Dominique Arbiol, première femme nommée à la tête de l’École de l’air

L’armée française se place au quatrième rang mondial en termes de féminisation, mais les femmes sont généralement peu présentes dans les rangs élevés.

 Le général Dominique Arbiol va devenir la première femme directrice de l’École de l’air.
Le général Dominique Arbiol va devenir la première femme directrice de l’École de l’air. AFP/Pauline Merkel

    Pour la première fois dans l'histoire de la France, une femme sera à la tête de l'École de l'air. Dominique Arbiol deviendra ce vendredi la directrice de cette école qui forme des officiers de l'Armée de l'air, témoignant de la volonté de la France de féminiser ses troupes.

    « Je serai un peu plus observée, c'est une première », admettait Dominique Arbiol dans le Figaro en début de semaine. « Mais c'est une source de motivation supplémentaire. Les plafonds de verre tombent peu à peu. »

    Femmes dans l'armée : la France quatrième dans le monde

    En 1983, elle fut la première fille à intégrer l'École des pupilles de l'air en classe préparatoire. Recalée. Elle retente des années plus tard, via le concours interne de l'École militaire de l'air. Major de sa promo. Puis elle entre dans le renseignement.

    « Je n'ai jamais eu de difficultés à m'intégrer. À partir du moment où vous avez les compétences, il y a peu de contestations sur votre place au sein de l'armée », dit-elle dans sa biographie officielle.

    Mais la réalité est bien différente pour beaucoup d'autres femmes dans l'armée.

    Aujourd'hui, le taux de féminisation s'établit autour de 15 % mais varie selon les services. Il était l'an passé de près de 60 % au sein du Service de santé des armées (SSA), contre 10 % dans l'armée de Terre et 14 % dans la Marine. L'armée de l'Air était un des meilleurs exemples avec 23 % de femmes dans ses rangs.

    La proportion diminue drastiquement quand on monte dans les grades. Selon les derniers chiffres du ministère, 9 % seulement des officiers généraux sont des femmes, avec là encore un record de 26 % attribué au SSA, quand l'armée de terre plafonne à 1,2 %.

    L'armée française se classe au quatrième rang mondial en termes de féminisation derrière ses homologues israélienne, hongroise et américaine, selon le ministère des Armées.

    Scandales de harcèlement moral et agressions sexuelles

    L'institution n'est pas épargnée non plus par le harcèlement et les violences sexuelles.

    En 2014, le livre « La guerre invisible », écrit par deux journalistes, avait dénoncé la gestion calamiteuse des agressions sexuelles et viols au sein de l'armée.

    Le ministère avait créé la cellule « Thémis » en 2014 pour recueillir les témoignages des victimes et veiller à l'application de sanctions. Depuis, elle a été saisie à 402 reprises.

    L'exemple le plus emblématique de l'urgence d'agir est venu en 2018 du prestigieux lycée militaire de Saint-Cyr-l'École, théâtre d'un scandale de harcèlement moral d'une jeune fille de 20 ans, élève en classe préparatoire. Elle confiait se sentir « persécutée » par un groupe de garçons appelés les « tradis ».

    En février dernier, le lycée militaire a déclenché une enquête interne et saisi la gendarmerie après des accusations de harcèlement sexuel.

    En mars 2019, Florence Parly, ministre des Armées, a annoncé le « plan mixité », des mesures conçues pour faire progresser la présence des femmes au sein de l'armée et d'augmenter le nombre de haut-gradées.

    « Les petits renoncements d'aujourd'hui feront les incapacités de demain », ajoutait-elle, admettant ainsi la force des résistances, pour sa plus grande exaspération.