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Le gouvernement japonais prend des mesures contre le cyber-harcèlement

Au Japon, le gouvernement a décidé de serrer la vis aux cyber-harceleurs, qui tourmentent leurs souffre-douleurs sur les réseaux sociaux, les forums internet ou les messageries instantanées. La calomnie, la diffamation et la haine en ligne, ce n'est bien sûr pas un phénomène propre au Japon. Mais dans ce pays, ce fléau fait énormément de victimes.

La loi japonaise va rendre plus facile l'identification des harceleurs en ligne.
La loi japonaise va rendre plus facile l'identification des harceleurs en ligne. ©REUTERS/Kacper Pempel
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De notre correspondant à Tokyo,  Bruno Duval

Les tribunaux vont pouvoir contraindre les opérateurs de réseaux sociaux ou de téléphonie mobile à communiquer l'adresse IP, l'identité et le numéro de téléphone de ces harceleurs en ligne, afin qu'ils puissent être poursuivis en justice par leurs victimes.

Actuellement au Japon, quand vous êtes la cible de propos haineux sur les réseaux, de facto, vous ne pouvez pas faire grand-chose. Les procédures en justice sont si longues et si coûteuses que la plupart des victimes renoncent à essayer d'identifier ceux qui les tourmentent, et qui agissent donc en toute impunité.

Mais là, la loi va rendre plus facile l'identification de ces harceleurs en ligne, donc leur jugement et leur condamnation en raison de leurs propos.

Un drame comme déclencheur

Pourquoi le gouvernement japonais se saisit-il maintenant de ce problème de cyber-harcèlement, qui ne date pas d'hier ? A cause d'un drame, le suicide d'une jeune fille de 22 ans. Hana Kimura, une vedette de la télé-réalité : elle participait à Terrace House, le Loft Story japonais, si vous voulez. A longueur de journées, elle se prenait des commentaires haineux sur les réseaux. Au bout de plusieurs centaines de tweets odieux, elle a craqué : elle a mis fin à ses jours.

Il s'ajoute à cela le fait que depuis le début de l'épidémie, beaucoup de Japonais se font harceler en ligne. Sur Twitter, par exemple, il retrouvent des photos d'eux, prises à leur insu quand ils font du jogging sans porter de masque, ou alors, quand ils sortent jusque tard le soir dans les bars. Ces dénonciations anonymes émanent de ce qu'on appelle ici la jishuku keisatsu. En français : la « Police citoyenne de l'auto-discipline ».

Ces justiciers auto-proclamés du virus harcèlent sur le Net tous ceux qu'ils jugent trop laxistes par rapport à l'épidémie. Or, au Japon en ce moment, la deuxième vague de contaminations se profile. On peut donc craindre que ces harceleurs redoublent d'intimidations sur les réseaux.

Une réforme bien accueillie

Les Japonais accueillent plutôt bien cette réforme. 87% des sondés l’approuvent, et, parmi eux, on trouve énormément de parents, qui craignent que leurs enfants soient harcelés en ligne. Les jeunes Japonais sont les plus grands utilisateurs au monde des messageries instantanées.Et plus de 500 000 d'entre-eux sont victimes de harcèlement scolaire.

Or, ce harcèlement ne se produit plus seulement pendant les récréations ou sur le chemin de l'école, mais aussi via les écrans. D'après les spécialistes, cela contribue beaucoup au taux de suicide élevé des jeunes. Chaque année, près de 350 d'entre eux commettent l'irréparable au Japon. Soit un mineur qui se suicide chaque jour, quasiment. Ce chiffre augmente d'année en année. Le gouvernement a donc jugé qu'il était temps de s'attaquer aux cyber-harceleurs.

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