FÉMINISME - Et si le sexisme et les inégalités entre les sexes, c’était quelque chose d’inscrit dès le plus jeune âge? Ce jeudi 23 juillet, LCP diffuse le dernier documentaire de la journaliste Ludivine Tomasi, “On ne naît pas féministe” autour du sexisme, du féminisme et des tabous qui entourent la sexualité des femmes. Et de comment tout cela impacte le quotidien et la place de ces dernières dans la société. Une démonstration aussi personnelle que convaincante.
Une longue liste d’avantages et une courte liste d’inconvénients à être un garçon. Et l’inverse lorsqu’on est une fille. C’est le résultat de l’exercice mené dans l’école d’Auch dans le Gers. Deux professeurs demandent à leurs élèves de 6 ans, séparés en deux groupes non mixtes, de s’imaginer changer de genre pendant la nuit. Au réveil, ils doivent décider les points positifs et négatifs de cette transformation. Et les résultats sont effarants.
Du “sexisme dans les espaces publics”
“Si on serait (sic) une fille, et ben on pourrait pas jouer au foot”, explique un garçon. “Ben oui, parce qu’après y’a les garçons qui vont nous virer”, renchérit un autre.
Et du côté des filles, on fait le constat inverse. “Je peux jouer au foot” maintenant, sourit l’une d’entre elles. Un constat qui désole Ludivine Tomasi. “C’est triste de se dire qu’à 6 ans, on se dit inconsciemment que c’est trop bien d’être un garçon, et moins bien d’être une fille, confie-t-elle au HuffPost. À cet âge-là, ils s’empêchent de faire des choses et s’auto-censurent.”
Ces élèves de primaire ont en effet déjà assimilé “le sexisme dans les espaces publics”, comme l’explique Emmanuel Veneau, le professeur des écoles à Auch qui a discuté avec les garçons.
La réalisatrice voit un parallèle entre le foot et cette appropriation de l’espace public. “Dans les écoles, les terrains de foot prennent beaucoup de place, les garçons y jouent dessus et les filles sont dans les coins. Nous, les femmes, on a intériorisé le fait d’être plus discrètes et de faire moins de place dans la rue ou en public.”
Filmer ces jeunes enfants a fait remonter certains souvenirs. “Quand j’étais petite, on m’a toujours reproché de trop parler, de prendre trop de place. En grandissant, je me suis rendu compte que c’est beaucoup plus gênant quand ce comportement vient d’une fille que d’un garçon.”
Et Ludivine Tomasi déplore que les garçons soient catégorisés comme actifs, tandis que les filles doivent être passives. “Même aujourd’hui, je me salis moins, je prends moins de risques, j’essaye de ne pas prendre trop de place.”
Un manque d’éducation à la sexualité
Un constat qui s’étoffe au fur et à mesure du documentaire. On y découvre l’ignorance des collégiens au sujet des organes sexuels féminins. Et ce malgré la loi de juillet 2001 qui prévoit, dans le code de l’éducation, qu’une information et une éducation à la sexualité soient dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées, avec au moins trois séances annuelles.
Les difficultés se retrouvent aussi dans les manuels scolaires de sciences et vie de la terre (SVT) donnés aux collégiens, puisque seulement un sur huit représente correctement les organes sexuels féminins. Et de nombreux professeurs ne sont eux-mêmes pas formés aux questions touchant à la sexualité.
C’est pourquoi des formations existent pour leur permettre d’acquérir ces connaissances. Elles sont nécessaires pour prévenir les violences sexistes auxquelles les femmes doivent faire face, souvent dans la rue, parfois au domicile.
Tout au long du documentaire, on suit les pensées et la progression de la réalisatrice Ludivine Tomasi. Aux côtés de professeurs des écoles et de professionnels de l’éducation sexuelle tels que le Centre régional d’information et de promotion de la santé sexuelle (Crips), elle brise les tabous autour de la sexualité des femmes.
Ce documentaire sera diffusé jeudi 23 juillet à 20h30 sur LCP.
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