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Femmes

L’emploi des femmes dans le monde est menacé par le Covid

Selon une étude publiée par McKinsey, les femmes risquent plus que les hommes de perdre leur travail. A l’échelle mondiale, une tendance qui pèsera lourdement sur l’économie si les gouvernements ne prennent pas de mesures volontaristes.

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La probabilité que les femmes aient un emploi est inférieure à celle des hommes de 26 points de pourcentage, même si 70% des femmes préféreraient travailler plutôt que rester à la maison

Selon McKinsey, l'emploi des femmes est plus menacé que celui des hommes après la crise du Covid.

AFP - PHILIPPE HUGUEN

L’emploi des femmes dans le monde est menacé par la crise du Covid-19 : c’est le cri d’alarme que lance McKinsey dans une étude consacrée aux effets de la pandémie sur le travail. "Le risque de perdre leur emploi est 1,8 fois plus important pour les femmes que pour les hommes", résume Sandra Sancier Sultan, directeur associé senior au bureau de Paris. Un impact que l’étude qualifie de "disproportionné", et qui peut s’expliquer par l’addition de trois facteurs.

Première cause de vulnérabilité : les femmes, qui occupent 39% des emplois dans le monde, sont surreprésentées dans certains secteurs dont l’activité devrait le plus reculer en raison de la crise du Covid. Leur forte présence dans le secteur, plus préservé, de la santé ne compensera pas les dizaines de milliers de suppressions d’emplois à venir dans l’hôtellerie, la restauration ou le commerce. Résultat, 54% des postes menacés dans le monde concernent les femmes. Une tendance déjà constatée aux Etats-Unis, où le taux de chômage des femmes a été supérieur de 2% à celui des hommes entre avril et juin 2020, selon les chiffres publiés par le Fonds monétaire international (FMI).

Retour au travail plus incertain pour les femmes

"La deuxième cause est la part plus grande du travail domestique non rémunéré pendant le confinement, qui était déjà globalement assuré à 75% par les femmes", indique Sandra Sancier Sultan. Au-delà du travail qu’elles fournissent habituellement à la maison, les femmes ont été mobilisées pendant la crise par le suivi des enfants dont l’école était fermée ou l’accompagnement de parents âgés vulnérables. Leurs tâches domestiques se sont ainsi accrues de 20% à 30%, estime McKinsey. Après la levée des mesures de confinement, leur retour au travail est encore plus incertain que celui des hommes.

La troisième cause de ce décrochage relève des biais sexistes. "Plus de la moitié des sondés en Asie du Sud, Moyen-Orient et Afrique considèrent que les hommes devaient être prioritaires dans l’accès à l’emploi en cas de pénurie de travail", indique Sandra Sancier Sultan, en référence à une enquête World Values Survey. Une régression historique qui anéantirait les progrès réalisés à grand peine ces dernières années en matière de parité et d’égalité entre les femmes et les hommes.

Un appel à des politiques plus volontaristes

Au-delà de ce recul, un tel scénario aurait des conséquences économiques considérables, avertit McKinsey. "Si rien n’est fait, l’économie mondiale pourrait perdre 1.000 milliards de dollars de PIB d’ici à 2030", souligne la consultante. D’où l’appel à la mise en place de politiques favorables à l’emploi des femmes. Selon l’ampleur des mesures qui pourraient être prises pour encourager le travail féminin (congé parental, garde des enfants, défiscalisation…), la trajectoire de l’économie sera différente. En France, il pourrait ainsi y avoir un écart de 0,3% entre le scénario où aucune mesure particulière ne serait prise, et celui où l’emploi des femmes ferait l’objet d’une politique volontariste.

L’avertissement de Mc Kinsey fait écho à celui du FMI. Pour l’organisation dirigée par Kristalina Georgieva, la menace qui pèse sur le travail féminin risque d’accroître la pauvreté des pays les plus démunis. "Ce n’est pas seulement la question des femmes, écrivait la successeure de Christine Lagarde fin juillet, mais celle de leur famille et de leur pays". A l’inverse, écrit McKinsey, une politique planétaire en faveur de l’égalité professionnelle pourrait créer jusqu’à 13.000 milliards de dollars de PIB dans le monde d’ici à 2030. Ce serait un levier de croissance extrêmement puissant.

 

 

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