Les dirigeants et dirigeantes de PME-ETI sont conscients de la persistance des inégalités professionnelles entre hommes et femmes.

Les dirigeants et dirigeantes de PME-ETI sont conscients de la persistance des inégalités professionnelles entre hommes et femmes.

Getty Images

On interroge rarement les patrons de PME-ETI sur la mixité, tant on estime qu'ils sont déjà débordés par beaucoup d'autres sujets. Et ils le sont, comme l'a confirmé le 99e Observatoire Banque Palatine des PME-ETI, publié le 17 septembre. Quelque 300 dirigeants d'entreprises, de 15 à 500 millions d'euros de chiffre d'affaires, ont été interrogés entre le 17 et le 28 août par OpinionWay, sur la situation de leur entreprise et l'environnement économique.

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Si la confiance des sondés dans leur entreprise s'améliore nettement par rapport au mois de juin - ils sont 66% à se déclarer optimistes quant à l'activité future contre 45% avant l'été - leur perception de l'économie française et mondiale reste très négative : ils sont seulement 18% à se dire confiants sur les perspectives au niveau national et international dans les six prochains mois. D'ailleurs, 44% d'entre eux anticipent quand même une décroissance de leur chiffre d'affaires fin 2020 par rapport à l'année précédente. Leur souci principal (à 85%) : maintenir leur nombre de salariés. Pour ce qui est des investissements, 42% pensent que la situation actuelle de leur entreprise redevient propice à de telles décisions.

Une conscience de la persistance des inégalités entre les sexes

Quand on les interroge sur l'égalité professionnelle, les dirigeants de PME-ETI s'accordent un satisfecit : 91% estiment qu'elle est assez ou très respectée dans leur entreprise. Alors qu'ils sont beaucoup moins nombreux (56%) à porter le même jugement sur la société et le monde professionnel en général. Illusion d'optique ? Réel sentiment que les choses vont bien chez eux, moins chez les autres ?

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Si on rentre dans le détail, on s'aperçoit que ces dirigeants sont conscients de la persistance des inégalités : 81% sont d'accord avec le fait qu'il existe parfois, pour un même poste et même niveau d'expérience, des différences de salaires entre hommes et femmes, et avec le constat que la maternité reste un frein à l'embauche pour certains employeurs. Près de 70% d'entre eux reconnaissent aussi qu'une femme doit davantage prouver ses compétences qu'un homme pour accéder à des postes à responsabilité et que les perspectives d'évolution de carrière sont inégales entre les deux sexes. La perception de ces inégalités est plus aigüe chez les dirigeantes que chez les dirigeants. Mais elle progresse visiblement chez les hommes, qui sont majoritaires à les reconnaître.

L'ambition, attribuée autant aux dirigeantes qu'aux dirigeants

Cette prise de conscience est sans doute la première étape avant le passage à l'action pour vérifier que de telles inégalités ne prospèrent pas dans leur propre entreprise. A cet égard, le recours aux quotas pour améliorer la mixité n'est pas aussi mal perçu qu'on pourrait le croire : 43% des patrons interrogés les jugent plutôt efficaces et même 3% pensent qu'ils sont très efficaces ! Soit au total 46% de dirigeants favorables. Avec une différence toutefois : 54% des dirigeantes jugent cette solution intéressante pour seulement 44% des dirigeants.

Christine Jacglin, directrice générale de la Banque Palatine depuis bientôt un an après avoir dirigé le Crédit Coopératif, avoue faire partie des nouveaux convaincus : "Contrairement à mes opinions initiales, je suis persuadée aujourd'hui que les quotas peuvent être efficaces pour avancer", dit cette diplômée de Sciences-Po Paris qui a fait toute sa carrière dans le groupe BPCE. Elle apporte cependant un bémol : "Les quotas doivent refléter la composition et le degré de diversité des entreprises", ajoute-t-elle. En clair, difficile d'avoir 50% de femmes au comité exécutif si elles ne sont pas autant dans les rangs des cadres et managers.

Autre enseignement encourageant de ce focus égalité professionnelle : les stéréotypes semblent peu à peu lâcher du terrain. Ainsi, parmi les traits de personnalité les plus courants spontanément associés aux dirigeant(e)s, l'ambition ressort à peu près au même niveau quel que soit le sexe : 15% des sondés la citent pour les femmes et 16% pour les hommes. En revanche, ils sont un peu plus nombreux (19%) à citer l'engagement pour les femmes, que pour les hommes (16%). Avantage aussi aux femmes pour la rigueur, citée à hauteur de 17% pour les dirigeantes et seulement 14% pour les dirigeants. Une raison supplémentaire pour les patrons de PME-ETI de plaider en faveur de la mixité ?

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