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Une première statue de femme noire inaugurée samedi à Paris

La Mairie veut rendre hommage à la « mulâtresse » Solitude, figure de la résistance des esclaves noirs en Guadeloupe.

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Publié le 24 septembre 2020 à 13h23, modifié le 26 septembre 2020 à 07h16

Temps de Lecture 2 min.

Connaissez-vous Solitude ? Ce samedi 26 septembre, Anne Hidalgo inaugure, dans le 17e arrondissement, un jardin portant le nom de cette Guadeloupéenne morte en 1802, figure méconnue de la résistance des esclaves noirs.

La maire de Paris ne s’en tiendra pas là. A cette occasion, elle entend aussi annoncer son projet d’installer sur place, à terme, une statue représentant cette « mulâtresse », selon le vocable utilisé au temps du colonialisme pour désigner les personnes nées d’un parent blanc et d’un parent noir. Une décision hautement symbolique : « Ce sera la première statue de femme noire à Paris », se félicite l’acteur guadeloupéen Jacques Martial, nouvel adjoint chargé des Outre-mer.

Des statues, Paris en compte environ un millier. Une écrasante majorité d’hommes, y compris de colonisateurs plus ou moins violents, comme Joseph Gallieni, militaire important de la première guerre mondiale mais responsable aussi du massacre des Menalamba, à Madagascar. Très peu de femmes. Si l’on exclut les figures mythologiques et les allégories – la République, l’Abondance, etc. –, une quarantaine de femmes historiques seulement sont visibles dans l’espace public parisien. Parmi elles, cinq Jeanne d’Arc, deux Sainte-Geneviève, mais aussi George Sand, Sarah Bernhardt, Edith Piaf et Dalida. Mais aucune femme noire.

Personnages positifs

Faut-il déboulonner les statues glorifiant les colonialistes et les négriers, décapiter Gallieni, effacer Colbert ? En plein débat mémoriel, Anne Hidalgo a choisi une autre option, plus consensuelle. « Qui n’a pas sa face solaire et sa part d’ombre ?, interroge Jacques Martial. Pour donner à comprendre la complexité de l’histoire, on pourrait ajouter des plaques, par exemple pour préciser le rôle joué par Colbert dans l’esclavage, un crime contre l’humanité. » Dans l’immédiat, la Mairie socialiste veut surtout donner davantage de visibilité à des personnages positifs de cette douloureuse histoire.

A commencer, donc, par Solitude, cette héroïne tirée de l’oubli par un livre d’André Schwarz-Bart paru en 1972. « Cette femme s’est engagée politiquement, a pris les armes pour défendre les valeurs de la République, et l’a payé de sa vie », résume Jacques Martial. Née vers 1772 d’une esclave africaine violée par un marin blanc sur le navire qui la déportait aux Antilles, Solitude bénéficie de l’abolition de l’esclavage en 1794. Quand, huit ans plus tard, Bonaparte envoie une expédition française rétablir l’esclavage en Guadeloupe, elle participe à la résistance. Enceinte de quelques mois, elle se joint aux combats. Les insurgés sont vaincus. Arrêtée, condamnée à mort, elle est pendue le 29 novembre 1802, le lendemain de son accouchement.

A Paris, sa future statue devrait être érigée pratiquement à la place d’une autre, aujourd’hui disparue : celle du général Dumas, un « mulâtre » lui aussi, premier général français ayant des origines afro-antillaises et père de l’écrivain Alexandre Dumas. Le monument à sa gloire avait été envoyé à la fonte sous l’Occupation, les nazis goûtant peu les révolutionnaires noirs. En juin, le premier ministre Edouard Philippe s’était déclaré « profondément déçu que la République, la IVe d’abord, la Ve ensuite, ne reconstruise pas la statue du général Dumas ». Ce n’est toujours pas d’actualité. Pour une fois, priorité est donnée à une femme.

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