ASSEMBLEE NATIONALE - La liste des candidatures n'est pas close mais l'enjeu est désormais posé. Après l'élection ce samedi 24 juin à la quasi-unanimité de Richard Ferrand à la présidence du groupe La République En marche à l'Assemblée, les députés macronistes se penchent à compter de ce dimanche sur l'élection du futur président de l'Assemblée nationale.
Officiellement, la question n'est pas à l'ordre du jour du séminaire parlementaire convoqué ce week-end et elle ne sera tranchée que ce mardi en réunion de groupe. Le vainqueur du vote interne devrait être logiquement élu dans l'après-midi président de l'Assemblée, le quatrième personnage de l'Etat, lors de la séance inaugurale de la nouvelle législature.
Mais la compétition pour cette fonction prestigieuse s'est accélérée dès vendredi soir avec deux nouvelles candidatures féminines. Après l'ancien vice-président écologiste de l'Assemblée François de Rugy, qui a fait connaître très tôt ses ambitions, les députées du Pas-de-Calais Brigitte Bourguignon et de Loire-Atlantique Sophie Errante, deux anciennes socialistes ralliées à LREM, ont fait connaître leur intention de briguer la succession de Claude Bartolone.
Après un premier ministre de droite, une présidente de gauche?
Ces deux personnalités, moins connues du grand public que l'ancien candidat à la primaire socialiste, ont pour atout de cocher plusieurs cases du délicat équilibre politique macroniste. Après un homme de droite à Matignon, certains responsables REM militent pour une femme de gauche au "perchoir". Ce qui serait une première sous la Ve République et validerait l'entrée en force des femmes à l'Assemblée nationale.
Avant les législatives, l'hypothèse d'une femme issue des rangs des Républicains a beaucoup circulé tout comme les noms de Nathalie Kosciusko-Morizet et de Laure de La Raudière. Mais la très large majorité obtenue par le groupe macroniste a imposé l'idée que la présidence devait lui échoir.
Ce samedi, en ouverture du séminaire, le premier ministre Edouard Philippe s'est bien gardé d'afficher une préférence. Mais il a pris soin de saluer la féminisation de l'Assemblée, estimant que "Marianne était enfin chez elle". La mise en avant de la parité par l'équipe d'Emmanuel Macron devrait donc jouer en faveur des candidatures féminines.
Reste la question de l'expérience qui joue traditionnellement un rôle dans le choix du président de l'Assemblée. Entamant son troisième mandat après avoir coprésidé le groupe écologiste et occupé brièvement la vice-présidence de l'Assemblée, François de Rugy a l'avantage de l'ancienneté. Élues pour la première fois en 2012, ses rivales n'en demeurent pas moins des députées sortantes et pourront tout mettre en avant leur expérience parlementaire dans une majorité qui compte de nombreux débutants.
Le mot d'ordre: rapprocher les citoyens de leur assemblée
"Dans cette Assemblée féminisée, je pense que ce serait bien symboliquement qu'une femme soit pour la première fois à sa tête", a confirmé à l'AFP Brigitte Bourguignon, 58 ans, qui avait succédé à Jack Lang dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais en 2012. Soutien de Manuel Valls lors de la primaire socialiste, celle-ci avait sollicité l'investiture d'En Marche! entre les deux tours de la présidentielle.
Au premier tour des législatives, elle avait réalisé le meilleur score (41,95% des suffrages) du parti d'Emmanuel Macron dans un département où le Front national obtient lui même ses meilleurs résultats. Un fait d'armes qui avait rapidement imposé son nom dans la liste des prétendants sérieux au perchoir.
"Mon nom a circulé, je n'étais pas demandeuse mais je pense que ma candidature a du sens, car je viens d'un département où quatre députés FN ont été élus (...) Je voudrais travailler sur la vulgarisation de nos travaux qui sont incompréhensibles pour nos concitoyens", a ajouté l'ancienne adjointe au maire de Boulogne-sur-Mer Frédéric Cuvillier.
De son côté Sophie Errante, qui entame également son deuxième mandat à 45 ans, veut travailler sur "la réconciliation de l'Assemblée avec ses concitoyens". "Il y a un grand besoin de clarifier le travail des parlementaires, que la fabrique de la loi soit plus compréhensible par les citoyens", a-t-elle déclaré.
"Il faut mieux faire les lois en partant des réalités locales et en mettant en oeuvre le réflexe des expérimentations. Une loi n'est pas que théorique, elle doit être concrète", plaidait-elle auprès de Ouest-France.
La question de l'autorité jouera aussi un rôle non-négligeable dans la compétition qui s'engage. Tout en garantissant le respect de l'opposition dans une Assemblée balkanisée entre (au moins) sept groupes de tailles très inégales, le futur maître du Palais Bourbon devra garantir la sérénité des débats face aux "grandes gueules" qui y siégeront.
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