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« En Arabie saoudite, l’opinion des hommes sur le travail des femmes n’est pas celle qu’ils croient »

L’économiste Paul Seabright rapporte, dans sa chronique, les conclusions paradoxales d’une étude montrant que la faiblesse de l’emploi des Saoudiennes dans leur pays s’explique plus par la croyance en une opinion défavorable sur le sujet que par la réalité de cette opinion.

Publié le 07 octobre 2020 à 06h15 Temps de Lecture 3 min.

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Chronique. Tout le monde sait que les femmes en Arabie saoudite sont contraintes dans leurs déplacements en public par des normes sociales fortes. C’est ce qui expliquerait pourquoi le taux de participation féminine au marché du travail n’était que de 18 % en 2017.

Enfin, tout le monde pense le savoir, mais tout le monde peut se tromper. Le sondage réalisé régulièrement par le centre de recherche Arab Barometer avait posé en 2010 une question à un échantillon représentatif de Saoudiens afin de savoir s’ils acceptaient que les femmes travaillent en dehors de la maison : 77 % des hommes s’y étaient déclarés favorables.

Accepter l’emploi féminin

Mais plus récemment, une étude a montré que les hommes saoudiens sous-estiment fortement l’acceptabilité du travail des femmes à l’extérieur par… les hommes saoudiens (« Misperceived Social Norms. Women Working Outside the Home in Saudi Arabia », par Leonardo Bursztyn, Alessandra L. Gonzalez et David Yanagizawa-Drott, American Economic Review, n° 110/10, 2020).

Les auteurs ont mené une expérience où un échantillon d’hommes étaient, avant de faire le choix d’inscrire ou non leur épouse sur une plate-forme de recherche d’emploi, informés du fait que la majorité de leurs concitoyens masculins étaient en réalité favorables au fait que les femmes travaillent à l’extérieur, alors qu’un autre échantillon, le groupe de contrôle, n’était pas renseigné sur l’opinion de la majorité. Parmi ces derniers, 23 % ont choisi l’inscription à la plate-forme, contre 32 % des hommes renseignés. Cette différence de comportement est particulièrement forte chez les hommes qui avaient le plus sous-estimé l’acceptabilité générale du travail à l’extérieur.

« Il semblerait qu’une habitude sociale puisse se maintenir en place par la seule conviction qu’une majorité de la société le souhaite »

Quelques mois après l’expérience, les auteurs ont vérifié ses conséquences réelles : 16 % des épouses de l’échantillon « informé » ont posé une candidature, contre 6 % dans le groupe de contrôle ; 6 % ont effectué des entretiens d’embauche, contre 1 % ; 9 % étaient en emploi à l’extérieur (contre 7 %, une différence statistiquement non significative).

Les auteurs ont également mené une étude sur des femmes qui candidataient auprès d’une agence de recrutement pour un poste d’administration de sondages, un travail qui pouvait se faire soit à la maison soit au bureau. Les femmes renseignées sur les véritables opinions des hommes étaient prêtes à 33 % à travailler en dehors de la maison, alors que seulement 18 % l’étaient dans le groupe de contrôle.

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