Propagation de la Covid-19 dans l'air : quels risques de contagion dans les lieux clos ?

Par Marie-Émilie Hugoni
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Transports en commun, salles de réunions, abattoirs, Ehpads… Les lieux dans lesquels le nombre de contaminations à la Covid-19 est important ont tous un point commun : ce sont des lieux clos. Comment expliquer une telle propagation du virus dans les milieux fermés ? Explications.

Partager un espace confiné, mal ventilé, pendant une ou plusieurs heures, constituerait le dénominateur commun à la grande majorité des situations propices à la contagion de la Covid-19. En effet, la plupart des clusters enregistrés par Santé publique France se sont constitués au sein de lieux clos.

Selon une étude pré-publiée le 16 avril 2020 sur le site Medrxiv et menée par des chercheurs japonais, le risque de contamination dans un environnement intérieur et clos serait 18,7 fois plus élevé que dans un environnement extérieur.

Une transmission possible par l’air

Ce lundi 5 octobre 2020, les centres américains de prévention et de lutte contre les maladies ont reconnu la transmission par aérosols comme l'un des trois modes d'infection au coronavirus, en plus des gouttelettes respiratoires et du contact avec une personne ou une surface contaminée.

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En juillet dernier, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'était également exprimée sur ce sujet après la publication d'une lettre ouverte de 239 scientifiques internationaux, qui alertaient les autorités sanitaires sur les risques de propagation du virus dans l'air, parfois au-delà de deux mètres. 

Sur la base de ces observations, Erin Bromage, professeur agrégé de Biologie à l’université Dartmouth dans le Massachusetts aux États-Unis, estime dans un long billet publié sur son blog, que 90% des chaînes de contamination auraient été initiés dans des lieux clos et mal ventilés où une forte densité de personnes est maintenue pendant plusieurs heures.

Dans les endroits clos, la moindre circulation de l'air permet plus facilement aux particules virales d'atteindre une concentration suffisante pour infecter celui qui les respire. Tous les lieux ne sont toutefois pas égaux face à ce risque de transmission par aérosol.

Selon le point épidémiologique hebdomadaire du 15 octobre 2020 de Santé publique France, "les clusters en cours d’investigation sont principalement en milieu scolaire et universitaire (26%), dans les Ehpads, les entreprises privées ou publiques (21%), et les établissements de santé."

Voici les autres lieux considérés comme les plus à risque :

  • Les transports en commun : bien que l’ensemble des transports en commun (avions, trains, bateaux, métros, etc.) ne représentent que 1,2% des clusters recensés depuis mai selon les données Santé publique France, ce chiffre pourrait s’avérer incomplet en raison de l’impossibilité d’identifier un foyer de transmission dans les transports. De plus, la distanciation sociale n’y est pratiquement jamais appliquée. 
  • Les lieux de rassemblements religieux, notamment les églises où le fait de chanter augmente la production et la projection de gouttelettes.
  • Les salles de réunion : généralement étroites, elle rendent la distanciation sociale difficile et ne disposent pas toutes d’une fenêtre pour permettre d’aérer la pièce.
  • Les salles de sport où le port du masque n’est pas obligatoire et où l’activité physique provoque une accélération de la respiration, augmentant le nombre de gouttelettes projetées. Cependant, ces salles sont généralement bien ventilées. 
  • Les supermarchés : notamment en période de forte affluence.
  • Les abattoirs : dans un communiqué publié le 24 juin, l'Académie de médecine vient confirmer les raisons pour lesquelles les abattoirs sont des lieux propices à la propagation du virus. Le document souligne que les facteurs environnementaux ont un rôle à jouer, car ce sont des lieux froids et humides avec peu de lumière naturelle et comportant des systèmes de ventilation et un nettoyage par eau pressurisée. Par ailleurs, compte tenu de l'atmosphère, le port du masque pour le personnel est difficile à supporter. Le bruit environnant impose souvent de se rapprocher et de hausser le ton favorisant la transmission virale par gouttelettes de salive. Enfin, le regroupement dans les vestiaires pourrait également favoriser la propagation du virus.

Selon l’OMS, le risque de propagation de la Covid-19 est plus élevé dans les lieux et situations répondant aux trois critères suivants :

  • Espaces bondés ;
  • contacts étroits ;
  • espaces confinés et clos, mal ventilés.

Un outil pour calculer le risque de propagation

Le site CovidTracker a développé un simulateur en ligne pour calculer le risque de contamination de la Covid-19 selon le nombre de personnes présentes dans un lieu clos.

Sobrement nommé "Calculateur de risque",cet outil a vu le jour à la fin du mois d’octobre grâce à une collaboration entre le fondateur du site, Guillaume Rozier et Elias Orphelin, co-fondateur d’Easynomics. 

En plus de s’adresser à tout le monde, le calculateur est facile d’utilisation. Pour connaitre la probabilité, il suffit d’indiquer le taux d’incidence du département ou de la ville où l’on se trouve ainsi que le nombre de personnes présentes durant l’évènement.

À noter que le taux d’incidence pris en compte est le nombre de cas positifs pour 100 000 personnes sur une semaine, soit sept jours.

Le port du masque obligatoire en lieux clos

Le port du masque est obligatoire dans les lieux publics clos depuis le 20 juillet 2020. Cette obligation concerne les personnes âgées de 11 ans et plus. À l'école, le masque est désormais obligatoire à partir de 6 ans. 

Depuis le 1er septembre 2020, le port du masque est obligatoire dans les bureaux ou salles de réunion où il y a plus d'un travailleur. Il est également obligatoire dans les espaces de circulation du lieu de travail.

Le Haut Conseil de la Santé Publique rappelait le 30 septembre que le port de masque associé à une distance physique suffisante constitue la meilleure stratégie de réduction du risque de transmission de la Covid-19. "Le port du masque représente la seule mesure efficace à disposition si la distance physique d’au moins 1 mètre n’est pas garantie", note-t-il.

L’aération, un geste barrière essentiel

L’aération des pièces a rejoint la liste officielle des gestes barrières le 21 octobre. Le Directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, avait rappelé dans une courte vidéo publiée sur son compte LinkedIn la veille, l'importance d'aérer les pièces pendant au moins 10 minutes, trois fois par jour.

"C’est très important de savoir comment se protéger soi-même, protéger les personnes auxquelles on tient le plus, et agir collectivement contre le virus". Outre les gestes barrières désormais connus, comme le port du masque ou le lavage des mains fréquents, le Directeur général de la Santé insiste désormais sur l'importance de l'aération des pièces ou des locaux clos.

"Il y a des nouveaux gestes, nouveaux réflexes à acquérir tous ensemble. L’aération des locaux qui est toute simple à faire, même pendant l’hiver, pour tout simplement aérer les locaux et réduire la quantité éventuelle de virus, plusieurs fois par jour, n’hésitez pas", avait-il détaillé.

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