Violences conjugales et confinement : que faire si l'on est victime ou voisin ?

femme de dos telephone
Le confinement est un terrain propice à l'explosion des violences conjugales. Si vous êtes victime, vous pouvez contacter le 17 en cas d'urgence, ou bien le 3919 pour des conseils, ou signaler la situation dans une pharmacie. Vous pouvez aussi quitter votre domicile, malgré le confinement.

Après le premier confinement du printemps 2020, Marlène Schiappa, ancienne secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes annonçait une hausse de 36% des signalements et des interventions qu'ont enregistré les forces de l'ordre. Le nombre d'interventions des forces de l'ordre à domicile avait augmenté de 48%.

En effet, ce cadre de quasi-enfermement avec un conjoint violent est extrêmement dangereux pour les victimes, davantage exposées et isolées dans ce contexte.

Pour ce reconfinement, entamé le 30 octobre pour teinter de freiner la deuxième vague de Covid-19, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes Elisabeth Moreno, a assuré de la continuité du traitement juridique des violences conjugales et un allongement des horaires du 3919.

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D'autres pays européens comme l'Italie et l'Espagne ont déjà eu recours à ces types de dispositifs inédits.

Victime de violences conjugales pendant le confinement, qui puis-je contacter ? 

  • Je peux appeler le 17 ou le 112

Appelez la police en cas d'urgence, de danger imminent, ou après avoir été giflée, frappée, violentée, malmenée, menacée, violée ou agressée sexuellement par votre conjoint. 

  • Je peux envoyer un SMS au 114

C'est un numéro d'urgence mis en place depuis le 1er avril et toujours actif pour ce nouveau confinement.

Si vous êtes victime de violences, conjugales ou familiales, vous pouvez envoyer un SMS au 114, qui prévient ensuite les forces de l'ordre en transmettant vos coordonnées.

Ce dispositif avait dans un premier temps été mis en place par le CHU de Grenoble, à destination des personnes sourdes et malentendantes. Il permet de contacter les autorités quand on est dans l'impossibilité de les appeler, et qu'on n'a pas d'accès à Internet. Le 114 n'est disponible que pendant la durée du confinement.

  • Je peux appeler le 3919

Le 3919 est le numéro national d'aide aux victimes de violences conjugales, mais il ne s'agit que d'une ligne d'écoute, de conseils et d'orientation. Ne l'appelez pas si vous êtes en danger imminent. L'écoutante pourra vous orienter vers des associations ou des intervenants sociaux au sein de commissariats.

Pour rappel, le 3919 est une ligne d'appel anonyme, qui n'apparaît pas sur les relevés téléphoniques. En cette période de confinement, ses horaires ont été allongés : il est ouvert du lundi au vendredi, de 9 heures à 22 heures en continu, et de 9 heures à 18 heures les samedis, dimanches et jours fériés.

En appelant ce numéro, des trajets de VTC pourront être offerts par Uber, a annoncé Elisabeth Moreno, le 27 octobre sur LCI. En demandant de l'aide, un code pourra être utilisé sur la plateforme. Cela concerne particulièrement les femmes n'ayant pas de véhicule, habitant en zone rurale.

  • Je peux appeler le  01 40 47 06 06 si je suis en situation de handicap 

Ce numéro est réservé aux femmes en situation de handicap, victimes de violence. Les permanences sont ouvertes le lundi de 10 heures à 13 heures et de 14 heures 30 à 17 heures 30 et le jeudi de 10 heures à 13 heures.

  • Je peux appeler le 119 si je suis un enfant victime de violences

Le 119 est réservé aux enfants. L'appel est gratuit et possible 7j/7, 21h/24.

  • Je peux faire un signalement sur arretonslesviolences.gouv.fr

Arretonslesviolences.gouv.fr est la plateforme gouvernementale de signalement en ligne des violences conjugales, disponible 7/7j et 24/24h, accessible depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone.

Ce tchat est géré par des gendarmes et policiers formés aux problématiques de violences conjugales et sexistes. Ils peuvent vous aider à enregistrer une plainte ou vous orienter vers des associations pour une prise en charge psychologique et/ou sociale, par le biais d'une conversation individuelle. Ce portail peut également être utilisé par des témoins de violences sexuelles et sexistes pour signaler des faits à la gendarmerie ou à la police.

Le site n'est pas enregistré dans l'historique de votre navigateur, et vous pouvez vous déconnecter à tout moment. Il n'est pas non plus obligatoire de décliner son identité.

  • Je peux alerter via l'application App-Elles

L'application App-Elles est la première application solidaire des femmes victimes de violences. Via un système de localisation, elle permet une localisation et écoute en temps réel si la femme se sent en insécurité. Il est aussi possible d'échanger avec des professionnels et d'avoir accès à des ressources locales. 

Cette application a donc une fonction d'alerte et permet de contacter des proches (trois contacts de confiance enregistrés au préalable) et d'appeler les services d'urgence.

  • Je peux demander à une association de m'aider à obtenir une ordonnance de protection

Le 3919, le Planning familial, ou le CIDFF peuvent vous aider à remplir une demande en ligne d'ordonnance de protection, qui ne nécessite pas d'avoir porté plainte au préalable. 

  • Si j'ai été violée ou agressée sexuellement par mon conjoint, je peux appeler la ligne d'écoute du Collectif Féministe Contre le Viol 

Il reste actif durant le confinement, est gratuit et confidentiel. Le 0 800 05 95 95 est disponible du lundi au vendredi, de 10h à 19h. 

Victime de violences conjugales pendant le confinement, à qui le signaler ? 

  • Je peux me rendre en gendarmerie ou dans un commissariat de police 

L'attestation de sortie ne prévoit pas de mention, mais Elisabeth Moreno l'a confirmé, les femmes violentées ont bien le droit de se rendre en gendarmerie ou commissariat de police pour effectuer un signalement, ou porter plainte.

  • Je peux faire un signalement dans une pharmacie

Cette mesure consiste à faire un signalement dans une pharmacie, ensuite censée appeler la police, pour qu'elle intervienne rapidement. Début novembre, le secrétariat chargé de l'égalité femmes-hommes a précisé : " Les forces de police et de gendarmerie ont reçu consigne du ministère de l’Intérieur d’intervenir en urgence pour les appels provenant des pharmacies".

Le premier cas de signalement de violences conjugales auprès d'une pharmacien avait eu lieu à Nancy le 28 mars. Une femme enceinte de 5 mois, giflée par son époux et menacée avec un couteau, après "une nouvelle dispute", a donné l'alerte dans une pharmacie, qui a ensuite appelé la police. Elle a également dit avoir été violentée à trois autres reprises les mois précédents, et une voisine a confirmé l'avoir déjà vue avec des contusions au visage, a rapporté le procureur de la République de Nancy, François Pérain, cité par l'AFP et Le Parisien.

L'homme a été interpellé au domicile, a reconnu les faits, et été placé sous contrôle judiciaire. Venue seule à la pharmacie, la jeune femme n'a pas eu besoin d'un code.

Attention cependant, certains pharmaciens se sont déjà plaints de manquer de consignes et d'une marche à suivre claire. Si vous êtes mal reçue, cherchez un autre établissement.

  • Je peux chercher conseil auprès d'un point d'accompagnement installé à proximité d'un hypermarché

En mars dernier, Marlène Schiappa avait annoncé dans une interview au Parisien la mise en place de "points d'accompagnement éphémères" dans des centres commerciaux pour accueillir les victimes de violences conjugales. Attention, ces lieux sont dédiés au conseil et à l'écoute, et ne sont pas pensés pour recueillir des plaintes

La secrétaire d'État pour l'Égalité femmes-hommes a annoncé souhaiter qu'une vingtaine de ces points soient créés sur le territoire, à proximité d'hypermarchés. Après de premières ouvertures en région parisienne, le dispositif est censé être étendu à Dijon, Rennes, Lyon, "là où il y a un hypermarché ouvert", a-t-elle déclaré. "Mon obsession, c'est de multiplier les points de contact avec les femmes pour ne rien laisser passer", a-t-elle expliqué.

"En allant faire les courses, ces femmes trouveront une oreille attentive et un accès à leurs droits d'une manière innovante et efficace", a affirmé Marlène Schiappa. 

Début novembre, le gouvernement n'avait pas annoncé de nouvelles précisions à propos de ce système.

Victime de violences conjugales pendant le confinement, puis-je quitter mon domicile ? 

Oui, vous pouvez quitter votre domicile, même si le gouvernement préconise en priorité l'éviction du conjoint violent du domicile. Si possible, avant cela, prévenez la police, ou le 3919, qui s'occupe de trouver des places d'hébergement pour les femmes et enfants violentés.

Le 28 mars, Marlène Schiappa avait annoncé auprès du Parisien l'ouverture de 1000 places supplémentaires dans des centres d'hébergement.

Fin septembre, 1000 places supplémentaires ont encore été annoncées par la nouvelle secrétaire d'État Elisabeth Moreno 6500 sont prévues au total pour les femmes et les enfants.

Début novembre, Elisabeth Moreno a précisé à Public Sénat : "À ce jour, plus de 60 % des places d’hébergement qui ont été promises en 2020 ont été ouvertes. La crise sanitaire a un peu ralenti l’ouverture de ces places mais nous sommes tout à fait optimistes quant au fait que d’ici la fin de cette année les mille places promises seront toutes ouvertes."

Je suis voisin d'un foyer où ont lieu, ou semblent avoir lieu, des violences conjugales, que puis-je faire ?

  • Je me rends chez mes voisins 

Pour demander si tout va bien, s'enquérir qu'il n'y a pas de blessés ou de danger, en respectant la distance de sécurité et les gestes barrières.

  • J'appelle le 17

Si vous entendez des cris, des pleurs, une dispute violente, des objets cassés, si vous sentez qu'il y a un danger imminent : appelez la police.

  • Je peux faire un signalement sur arretonslesviolences.gouv.fr

Si vous êtes témoin ou voisin d'un foyer où ont lieu des violences conjugales ou familiales, vous pouvez également faire un signalement sur arretonslesviolences.gouv.fr.

Comment puis-je m'engager dans la lutte contre les violences conjugales pendant le confinement ? 

  • En faisant un don à des associations

Face à l'urgence de la situation, la Fondation des femmes a par exemple lancé une collecte en ligne pour épauler les associations venant en aide à ces femmes violentées.

  • En faisant de la sensibilisation

Pendant le premier confinement, le collectif Nous Toutes avait imaginé une affiche simple sensibilisant aux questions de violences conjugales, que chacun peut imprimer et coller à se fenêtre ou le hall de son immeuble. Il invite les internautes à partager leurs affiches avec le mot-dièse #OnVousCroit.

Pour le deuxième confinement, le collectif continue sa sensibilisation : "Le confinement n'empêche pas de se sauver de chez soi en cas de violences ou de danger imminent". 

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