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Covid-19 : un Comité de l’ONU s’inquiète de l’impact de la pandémie sur la traite des femmes et des filles

Une jeune fille à Podgorica, au Monténégro, est assise devant un ordinateur portable en tenant sa tête dans ses mains.
©UNICEF/Dusko Miljanic
Une jeune fille à Podgorica, au Monténégro, est assise devant un ordinateur portable en tenant sa tête dans ses mains.

Covid-19 : un Comité de l’ONU s’inquiète de l’impact de la pandémie sur la traite des femmes et des filles

Femmes

La pandémie de Covid-19 a davantage exposé les femmes et filles victimes de la traite des êtres humains, a alerté mercredi un comité des droits de la femme de l’ONU, qui a appelé à lutter contre un trafic qui s’est adapté à l’ère numérique.

Dans un communiqué, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) s’inquiète de « l’utilisation croissante des médias sociaux pour recruter les victimes de la traite pendant la pandémie de Covid-19 ».

« La pandémie mondiale a révélé le besoin urgent de s’attaquer à l’utilisation de la technologie numérique dans et contre la traite », a déclaré Dalia Leinarte, membre du comité qui a dirigé la rédaction de cette recommandation générale.

Les criminels ont adapté leurs forfaits et modèles économiques à la nouvelle réalité créée par la pandémie du coronavirus, en particulier par le recours à des technologies de communication modernes. Or selon le CEDAW, l’utilisation de la technologie numérique pour le trafic pose des problèmes particuliers lors des pandémies mondiales.

Dans un monde confronté par le coronavirus, « les États parties sont confrontés à l’augmentation de la traite dans le cyberespace ». « Un recrutement accru pour l’exploitation sexuelle en ligne, une demande accrue de matériel et de technologie pour les abus sexuels sur les enfants ont facilité la traite des enfants », ont souligné les experts indépendants onusiens.

D’une manière générale, les réalités de la traite des femmes et des filles s’étendent désormais bien au-delà du monde hors ligne. Selon le Comité, cela met en évidence les tendances récentes de la traite dans le cyberespace. 

« Le développement des médias sociaux et des applications de chat pour accéder facilement aux victimes potentielles lorsque les trafiquants ne peuvent pas utiliser des moyens plus traditionnels pour recruter des femmes et des filles à des fins d’exploitation sexuelle pendant les périodes de restriction et de confinement liées au coronavirus est alarmant », a fait valoir le Comité. 

Par ailleurs, l’utilisation de devises électroniques offre des outils permettant de dissimuler des informations personnelles telles que l’identification des parties concernées et leur localisation. Cela permet aussi d’effectuer des paiements anonymes sans révéler l’objet de la transaction.

Une personne naviguant sur les médias sociaux sur son ordinateur portable (contenu flouté pour protéger la vie privée)
Banque mondiale/Simone D. McCourtie
Une personne naviguant sur les médias sociaux sur son ordinateur portable (contenu flouté pour protéger la vie privée)

Les différents visage du trafic en ligne

Selon les experts, tout cela facilite la tâche des personnes impliquées dans le trafic. « Les canaux de demande par le biais des médias sociaux, du « web noir » et des plateformes de messagerie permettent d’accéder facilement aux victimes potentielles, ce qui accroît leur vulnérabilité », ont détaillé les experts.

Plus largement, le Comité a constaté que les femmes et les filles continuent d’être les principales victimes de la traite dans le monde, malgré les cadres juridiques et politiques de lutte contre la traite existant aux niveaux national et international.

Pour lutter contre ce trafic, le CEDAW a donc demandé aux entreprises de médias sociaux et de messagerie de mettre en place « des contrôles pertinents pour atténuer le risque d’exposer les femmes et les filles à la traite et à l’exploitation sexuelle ». Il a également demandé à ces entreprises d’utiliser leurs données importantes pour identifier les trafiquants et les parties impliquées du côté de la demande. 

La lutte contre la traite des êtres humains implique également de décourager la demande

Les experts ont également exhorté les gouvernements à s’attaquer aux causes profondes qui poussent les femmes et les filles dans des situations de vulnérabilité.

Ces problèmes fondamentaux résident dans la discrimination fondée sur le sexe, notamment les injustices socio-économiques dans les pays d’origine, les politiques migratoires et les systèmes d’asile sexistes dans les pays étrangers, ainsi que les conflits et les urgences humanitaires. 

« La traite est un crime sexiste, étroitement lié à l’exploitation sexuelle », a estimé Mme Leinarte, ajoutant que « les États parties doivent créer des conditions appropriées pour garantir que les femmes et les filles soient à l’abri du danger de la traite ».