Pour aider les femmes à se protéger, le Violentomètre testé et approuvé dans les Hauts-de-Seine

Cet outil permet de diagnostiquer la nature de ses relations amoureuses, qu’elles soient saines ou toxiques. Le centre de planification familiale de Clichy-Levallois l’expérimente avec succès depuis un an pour sensibiliser son public.

 Levallois, ce mardi. Marie-Claire Boussac, infirmière au centre de planification familiale de Levallois-Clichy, fait la promotion du Violentomètre dans son bureau de Levallois, bien en évidence de ses visiteuses.
Levallois, ce mardi. Marie-Claire Boussac, infirmière au centre de planification familiale de Levallois-Clichy, fait la promotion du Violentomètre dans son bureau de Levallois, bien en évidence de ses visiteuses. LP/Pascale De Souza

    Impossible de le rater lorsque l'on franchit le seuil du centre de planification et d'éducation familiale (CPEF) de Levallois-Perret. Le Violentomètre s'affiche sur les murs et s'étale sur les tables. Depuis un an, Marie-Claire Boussac essaime partout où elle va et se trouve cet outil de diagnostic des violences au sein des couples. « C'est un outil très simple et très ludique, avec des items parlant à tout le monde », apprécie cette infirmière, en comparant le Violentomètre à une échelle des douleurs.

    Une graduation de 24 éléments éclaire ainsi l'utilisateur et, surtout, l'utilisatrice sur la nature de sa relation amoureuse : saine (« A confiance en toi », « Accepte tes amies, amis et ta famille », etc.) ou toxique (« T'isole », « Menace de se suicider à cause de toi », etc.). Son coloris tricolore est tout aussi limpide : le vert invite à poursuivre sa relation, le jaune à s'en méfier et le rouge à l'arrêter.

    « Il faut le voir comme un outil d'autodiagnostic. Les gens n'ont pas forcément les ressources pour se rendre compte si leurs relations amoureuses sont saines ou pas. Surtout les jeunes femmes manquant d'expérience », présente le Centre Hubertine Auclert. C'est ce centre francilien référent pour l'égalité hommes-femmes, qui a adapté cet outil de sensibilisation sud-américain, avec la région, la ville de Paris, les observatoires des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis et de Paris, et l'association En Avant Toute(s).

    «Cet outil montre que la violence n'est pas seulement physique»

    « Aujourd'hui, beaucoup de jeunes hommes trouvent normal d'être jaloux. Cet outil montre que la violence n'est pas seulement physique, qu'elle peut aussi être psychologique », ajoute Marie-Claire Boussac, qui a collé un Violentomètre sur son bureau, bien en évidence de ses visiteuses. Comme une invitation à se confier.

    « Tout ce qui est en lien avec la vie relationnelle, affective et sexuelle est tellement intime. Cet affichage est une façon de leur montrer que nous sommes sensibles à cette question », décrit Marie-Claire Boussac, qui a pu vérifier son efficacité.

    Et de citer en exemple cette jeune femme de 26 ans, venue pour une simple contraception. Troublée par la réglette affichée dans la salle d'attente, elle s'est rendu compte que son compagnon cochait plusieurs cases virant au rouge. « Jaloux, manipulateur, qui pète les plombs en cas de désaccord… », décrit l'infirmière. Cette femme envisage aujourd'hui de porter plainte.

    100 000 Violentomètres diffusés en 2019

    « Soit nous savons faire, soit nous conseillons et orientons la personne en nous appuyant sur un réseau d'associations et de structures. Mais dans tous les cas, il faut apporter une réponse », complète l'agente départementale.

    Fort du succès de cette expérimentation étendue aux autres CPEF des Hauts-de-Seine, le conseil départemental a décidé d'accroître encore sa diffusion. « Le Violentomètre a pour vocation à être déployé dans l'ensemble de nos services de solidarité territoriale et de nos centres, a ainsi annoncé son président (LR) Georges Siffredi, ce mardi. Dans la lutte contre les violences faites aux femmes, la prévention est un volet primordial : cela permet de détecter ces violences de manière précoce, mais surtout de les éviter, en donnant les clés pour repérer les signaux d'alertes. »

    Le Centre Hubertine Auclert a pour sa part distribué 100 000 Violentomètres, l'an passé, à des associations, établissements scolaires et collectivités de la région. Le Violentomètre est aussi téléchargeable gratuitement sur son site. 40 000 téléchargements ont été comptabilisés en 2019.

    Le Violentomètre peut être téléchargé à cette adresse