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Le Mexique veut en finir avec le «machisme qui tue»

Environ 3800 femmes sont assassinées chaque année au Mexique, selon les chiffres de l'Institut national des statistiques. Des milliers de Mexicaines ont manifesté, mercredi, à l'occasion de la journée internationale de l'ONU contre la violence faite aux femmes

Des manifestantes abattent une barrière durant une manifestation contre les féminicides à Mexico City, mercredi 25 novembre. — © EPA /Jose Pazos
Des manifestantes abattent une barrière durant une manifestation contre les féminicides à Mexico City, mercredi 25 novembre. — © EPA /Jose Pazos

Le gouvernement mexicain a promis mercredi de mettre fin au «machisme qui tue» quelque 3800 femmes chaque année au Mexique, à l'occasion d'une journée internationale de l'ONU contre la violence faite aux femmes. «Le machisme tue, détruit la vie des femmes et limite le développement de notre pays», a déclaré mercredi la ministre de l'Intérieur Olga Sanchez.

Insistant sur la nécessité de «ne plus reproduire le système culturel machiste et patriarcal» très ancré au Mexique, la ministre de l'Intérieur a estimé que ce pays a une «dette historique» envers les femmes, «en particulier envers les victimes de la violence, et nous ne pouvons pas permettre l'impunité».

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Une manifestation pacifique

Au même moment, des milliers de femmes sont descendues dans la rue à Mexico pour manifester leur indignation face à cette violence endémique au Mexique. Les manifestantes se sont concentrées autour du Monument à la révolution avant de marcher en direction du Zocalo, la place principale dans le centre de Mexico, où se trouvent le palais présidentiel et la cathédrale.

© AFP /VICTORIA RAZO
© AFP /VICTORIA RAZO

La manifestation  s'est déroulée dans le calme mais aussi dans la tension avec les forces de l'ordre quand certaines manifestantes, plus radicales et revêtues de noir, ont tenté de s'en prendre à des bâtiments publics.

«N'oublions pas que si cette violence nous unit, elle se transforme aussi en quelque chose de plus fort encore, la digne colère féministe», a déclaré l'une d'entre elles, Luky Coutino, une étudiante de 27 ans.

L'impunité des agresseurs dénoncée

Selon les chiffres de l'Institut national des statistiques cités par la ministre, environ 3800 femmes sont assassinées chaque année au Mexique. Ces dix dernières années, six femmes sur dix ont subi une agression. Les statistiques montrent également qu'en moyenne 32 filles âgées de 10 à 14 ans deviennent mères chaque jour à la suite d'abus sexuels, et qu'une sur quatre a subi des violences en milieu scolaire.

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L'impunité dont bénéficient les agresseurs au Mexique est particulièrement problématique puisqu'en moyenne seule la moitié des meurtres classés comme féminicides sont condamnés. Dans certains Etats mexicains, l'impunité atteint même 98%, selon un rapport présenté mercredi lors de la conférence matinale quotidienne du président Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO). A cette occasion, le président mexicain a souligné que le phénomène d'agression contre les femmes vient des «conditions de pauvreté et d'inégalité économique».

Le 9 novembre, la police de la station touristique de Cancun (est) a tiré des coups de feu en l'air alors que des manifestants, pour la plupart des femmes, protestaient devant l'hôtel de ville après le meurtre brutal d'une jeune femme. Cet incident - sans précédent au Mexique - avait suscité de nombreuses critiques dans le pays ainsi qu'à l'étranger.

Une performance pour dénoncer la violence faite aux femmes au Chili

Quelque 2000 femmes se sont retrouvées mercredi dans le centre de Santiago du Chili pour répéter la performance «Un violeur sur ton chemin». Quatre membres du collectif féministe Las Tesis ont renouvelé cette chorégraphie, créée il y a un an par ce collectif et depuis répétée par des milliers de femmes à travers le monde. Cette fois revêtues de combinaisons noires, et non rouges comme il y a un an, elles ont réussi à répéter une seule fois cette performance avant que la police ne les disperse à coups de lances à eau.

Des feux d'artifice ont également été tirés et les manifestantes sont parvenues à dévoiler les paroles de la chanson «Un violeur sur ton chemin», qui accompagne cette performance, avant que la police n'intervienne et évacue complètement la Plaza Italia, lieu emblématique des manifestations dans le centre de la capitale chilienne.

Plus tôt mercredi, des groupes de femmes ont manifesté dans le centre de Santiago pour exiger la fin de la violence machiste. Des barricades ont été incendiées et un magasin a été pillé.