En Argentine, une femme transgenre a joué pour la première fois dans l’élite

Née garçon, Mara Gomez a commencé à jouer au football à seulement 15 ans. Elle est devenue la première femme transgenre à jouer dans un championnat féminin de première division.

 Une footballeuse transgenre argentine, Mara Gomez (à gauche), devient la première au monde à jouer dans l’élite féminine.
Une footballeuse transgenre argentine, Mara Gomez (à gauche), devient la première au monde à jouer dans l’élite féminine. AFP/Juan Mabromata

    « Mon truc, c'est l'amour du sport ». Mara Gomez est la première footballeuse transgenre au monde à jouer dans l'élite de son pays. Lundi, elle a affirmé sa volonté de « continuer à progresser sans aucune espèce de plafond », après être devenue la première joueuse transgenre à disputer un match du championnat féminin d'Argentine, un véritable « plafond de verre ».

    « Aujourd'hui, j'ai débuté et je peux croire que des choses aboutissent, qu'elles réussissent, qu'elles se passent », s'est réjouie Mara Gomez malgré la défaite 7-1 de son équipe de Villa San Carlos contre Lanus, lors de la 2e journée de la première division A.

    « Nous essayons ici de faire de notre mieux, à la recherche de résultats. J'avais beaucoup d'anxiété », a aussi confié la joueuse de 23 ans au journal argentin Clarin. « On cherche à profiter et à trouver une place dans le monde », a-t-elle poursuivi, encourageant d'autres trans à « se battre pour leurs rêves ».

    L'Argentine pionnière

    Mara Gomez a obtenu le 28 novembre dernier l'autorisation de jouer en première division féminine, après un long combat, dans un pays où l'espérance de vie moyenne des femmes transgenres oscille entre 32 et 40 ans.

    La joueuse a expliqué avoir dû signer un accord avec la Fédération argentine de football (AFA), aux termes duquel elle doit suivre un traitement hormonal. Elle doit également se soumettre à des mesures de testostérone, au début et en milieu de championnat, afin d'écarter tout soupçon d'avantage sportif par rapport aux autres joueuses de la compétition.

    L'Argentine a pourtant été un pays pionnier en Amérique latine en adoptant une loi sur l'identité sexuelle dès 2012, qui a permis à Mara de faire modifier les informations de sa carte d'identité nationale dès l'âge de 18 ans.

    Lundi, elle a reçu de ses adversaires, en guise de cadeau, un maillot floqué du numéro 10 ( celui de l'icône argentine Diego Maradona récemment décédé, un honneur) et de ses noms et prénom. « C'était émouvant, je ne m'y attendais pas », a commenté l'héroïne du jour.

    Un précédent dans le sport mondial

    Née garçon, Mara Gomez a commencé à jouer au football à 15 ans. Elle s'est distinguée comme la meilleure buteuse des deux dernières saisons de la ligue féminine de La Plata. C'est ainsi que l'a repérée Villa San Carlos, équipe de football professionnelle féminine. Vendredi, en conférence de presse, la jeune femme avait déjà anticipé ce « moment historique au niveau mondial ».

    Ses débuts dans l'élite et dans une ligue féminine créent un précédent dans le sport mondial puisque l'inclusion des athlètes trans est un débat ouvert depuis des années. Au point que le Comité International Olympique (CIO) a recommandé qu'une « opération » ne soit plus « nécessaire pour concourir dans la branche correspondant à l'identité de genre qu'ils expriment ».

    Le débat agite d'autres sports. Les femmes transgenres peuvent-elles pratiquer le rugby dans les catégories féminines? Même après avoir suivi un traitement visant à réduire le taux de testostérone? C'est la question que World Rugby est en train d'étudier, selon The Guardian.

    « Les luttes ont été longues, beaucoup de souffrances, mais ce n'est pas une conquête personnelle, c'est une conquête collective », ajoute Mara qui a considéré à plusieurs reprises que le football a « sauvé sa vie », rapporte Clarin.