C’est un cri à l’unisson. Ce 16 décembre, plus de 300 dignitaires religieux de 35 pays ont appelé, dans une déclaration publiée par la fondation britannique Ozanne, à interdire les « thérapies de conversion ». Parmi les signataires figurent des représentants anglicans, musulmans, juifs, bouddhistes et sikhs notamment, dont l'ancien archevêque sud-africain Desmond Tutu, prix Nobel de la paix et compagnon de lutte de Nelson Mandela. 

« Nous demandons à ce que tout le possible soit fait pour mettre fin aux pratiques appelées communément "thérapie de conversion" et qui visent à changer, supprimer ou effacer l’orientation sexuelle d'une personne, de son identité de genre ou de son expression de genre, et nous demandons que ces pratiques néfastes soient interdites », déclarent-ils. La « thérapie de conversion », parfois appelée thérapie réparatrice, est largement considérée comme pseudo-scientifique, inefficace et dangereuse par les experts. 

Ces thérapies existent « presque partout dans le monde », selon un rapport publié l’année dernière par OutRight Action International, une organisation de défense des personnes LGBTI+. En France elles sont, en 2020, toujours autorisées et légales.

Une interdiction qui peine à s’établir 

La députée Laurence Vanceunebrock (La République en Marche), accompagnée du député Bastien Lachaud (La France Insoumise), a déposé début juin 2020 une proposition de loi visant à rendre les thérapies illégales et à introduire une infraction spécifique dans le code pénal. Censée être discuté fin 2020 ou début 2021, le gouvernement a préféré une autre option : celui d’un amendement lors de l’examen du projet de loi sur les principes républicains (dite loi sur les séparatismes).

Inscrire cette interdiction par voie d’amendement dans un projet de loi « confortant les principes républicains » inquiète les associations de défense des LGBTI+. « Les "thérapies de conversion" ne concernent pas uniquement les approches confessionnelles, mais également des approches qui se prétendent médicales et sociales. Il existe un véritable danger pour que cette interdiction ne soit, dès lors, pas à la hauteur des risques et des ravages causés », expliquent-elles dans une tribune publiée le 16 décembre dans le journal « TÊTU ». 

Tandis que le débat est ouvert en France, certains pays comme Malte, l’Allemagne, le Brésil ou la Chine sont passés à l’action en rendant, définitivement, les thérapies de conversion interdites.