Liège: un second refuge pour les jeunes LGBT rejetés par leur famille
La Fondation Ihsane Jarfi, qui lutte contre les discriminations, va ouvrir un second refuge pour jeunes LGBT rejetés par leur famille. Un endroit tenu secret dans le centre de la Cité ardente.
- Publié le 04-01-2021 à 11h19
Un second refuge pour personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres) ouvrira prochainement ses portes au cœur de la Cité ardente. Un dispositif d’accueil d’urgence pour les jeunes qui sont reniés par leur famille et expulsés du domicile familial par leurs parents, en raison de leur orientation sexuelle.
Des refuges de ce type, il en existe à Bruxelles et dans d’autres pays d’Europe et ailleurs dans le monde. À Liège, en collaboration avec la Ville, la Fondation Ihsane Jarfi leur vient en aide, elle qui a été mise sur pied au lendemain du crime homophobe de Ihsane Jarfi en 2012 à la sortie d’une discothèque située en plein centre de Liège. Elle recueille depuis 2019 des jeunes LGBT dont le «coming out» s’est mal déroulé, en leur offrant un toit dans son refuge, dont le lieu est tenu confidentiel pour éviter d’éventuelles représailles.
«Une procédure spécifique est mise en place», explique le Fexhois Hassan Jarfi, le vice-président du Refuge Ihsane Jarfi. «Tout d'abord, nous accueillons la personne exclue dans un lieu de transit, comme une auberge ou un hôtel, dans l'attente d'une enquête effectuée par le CPAS. Il faut que sa demande soit objectivée, avant d'être acceptée. Si la réponse du CPAS est positive, la personne est admise au refuge pour trois mois. Mais ce n'est pas le Club Med. Il ne faut pas qu'elle vienne pour dormir, guindailler ou recevoir ses copains. Elle doit continuer sa vie, poursuivre ses études si elle est étudiante.» Avec pour objectif qu'elle se reprenne en mains et qu'elle construise elle-même son avenir.
L’amour ne doit jamais être une source de discrimination.
«Nous avons octroyé un soutien budgétaire de 35.000€/an (avec une convention de trois ans, Ndlr) pour la création d'un deuxième refuge d'urgence pour y accueillir des jeunes homosexuels ou trans rejetés par leur famille», souligne le ministre de l'Égalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Frédéric Daerden (PS). «L'amour ne doit jamais être une source de discrimination.»
Grâce à cette aide financière, la Fondation Jarfi ouvrira donc un deuxième refuge. Sa capacité d’accueil passera ainsi de deux à quatre personnes. L’équipe a pu en outre être renforcée avec l’engagement d’un éducateur à mi-temps.
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L'accueil des personnes dans un refuge a un coût. «Cela revient à plus de 700€ par mois par personne, mais c'est un bonheur de les aider», indique Hassan Jarfi. «D'un côté, vous avez une société qui tue et de l'autre une microsociété qui guérit, qui soigne, qui répare les dégâts.»
Jusqu’à présent, la Fondation a fourni 760 nuitées à une dizaine de personnes. La demande est en augmentation.
http://www.fondation-ihsane-jarfi.be/
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