Chloe Kim impressionne. Par son talent, sa fraicheur, sa détermination et son parcours. Celle qui se décrit comme drôle, positive, athlétique et un peu folle (« mais dans le bon sens »), est devenue en 2018 la plus jeune femme de l’histoire à remporter une médaille d’Or olympique en snowboard. Et ce n’est que le début : sa saison olympique a été suivie par sa première médaille d'or aux Championnats du monde et sa cinquième médaille d'Or aux X-Games. Chloe a terminé la saison avec une médaille d'Argent à l'US Open alors qu'elle « ridait » sur une cheville cassée. Preuve de son impact, le magazine Forbes l’a nommée sur sa liste des moins de 30 ans les plus influents.  

 
ELLE. Le snowboard est un sport populaire aux États-Unis. Comment l’as-tu découvert ?  

Chloe Kim : J’ai commencé à 4 ans. Je suis partie avec mon père dans un complexe de vacances nommé Mountain High, près de Los Angeles. Il voulait qu’on fasse une activité père-fille pour souder nos liens. J’ai commencé juste comme ça, un peu pour rire. Au final, ça a été un coup de cœur immédiat. J’ai appris très vite, même si c’était dur au départ. Je me souviens avoir beaucoup pleuré parce qu’il faisait froid et que j’étais très jeune. Maintenant, je pleure encore un peu quand il fait froid, mais je me suis habituée.  

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ELLE. Tu ne viens pas d’une famille de sportif : ta réussite a-t-elle étonné tes proches ?  

Chloe Kim : Personne ne s’y attendait !  Dans le monde du snowboard, la plupart des athlètes ont été initiés par un des membres de leur entourage, qui, en général, est déjà aguerri dans la discipline. Moi, ma famille est très normale. Mon père, le premier jour où on a commencé ce sport, n’imaginait pas une seul seconde que je devienne une des meilleures, ni que j'atteigne un niveau professionnel. Et regardez-moi maintenant. Here we are !  

ELLE. En 2018, alors que tu as seulement 18 ans, tu deviens la plus jeune femme à gagner une médaille d’or aux JO d’hiver. Comment le vis-tu ? 

Chloe Kim : Quand j’ai remporté l’or, c’était un moment incroyable, même si j’ai été habituée très tôt à concourir. Petite, je m’entrainais à Avoriaz [station de ski en Haute Savoie] et je vivais en Suisse. Mes parents ont vite réalisé que ce train de vie était au-dessus de notre budget : ils ont décidé que je devais concourir si je voulais continuer à faire du snowboard. J’ai commencé la compétition à un niveau professionnel dès mes 13 ans, ce qui m’a permis de gagner mon propre argent. J’ai été sur le podium à presque toutes les sessions qualifiantes pour les JO de Sochi (2014), mais malheureusement j’étais trop jeune pour y aller. C’est à ce moment que j’ai réalisé que je pouvais le faire et je m’y suis préparée mentalement.   

« J’ai commencé la compétition à un niveau professionnel dès mes 13 ans, ce qui m’a permis de gagner mon propre argent » 

 
ELLE. Ton enfance n’était-elle pas trop stressante avec toutes ces compétitions ?  

Chloe Kim : Je ne me suis pas mise la pression. J’essaie toujours de faire en sorte de m’amuser. Pour ma famille, c’était très important que je sois heureuse. Mes parents et mes sœurs voyageaient tout le temps avec moi pour s’assurer que j’étais à l’aise et que tout ceci était une expérience positive. Je suis arrivée là où je suis grâce à l’effort collectif de ma famille.  

ELLE. Le snowboard est un sport dominé par les hommes. Est-ce que tu as vécu du sexisme au cours de ta jeune carrière ?  

Chloe Kim : Je ne sens pas le sexisme au sein de ma discipline, nous sommes assez bienveillants entre nous parce qu’on sait à quel point c’est dur. Surtout, je me suis imposée suffisamment tôt pour ne pas avoir à subir les remarques sexistes. Jamais personne ne m’a rabaissé à cause de mon genre et j’espère qu’aucune fille n’en fera l’expérience, sinon ça me mettrait vraiment en colère.  

Cependant, du point de vue du spectateur, je reconnais qu’il peut y avoir une forme de sexisme. Beaucoup de gens se moquent et disent qu’ils ne veulent pas regarder des femmes faire du sport. Malheureusement, je pense que ça arrive dans beaucoup de disciplines. Je voudrais leur montrer qu’ils ont tort : ça me motive à être meilleure. Mon objectif est d’arriver au même niveau que les hommes, voire de les dépasser, pour changer les mentalités. 

 

chloe Kim 2

Crédits : Roxy 

ELLE.  En plus d’être une championne de snowboard, tu es étudiante à la fac. Comment réussis-tu à t’organiser entre tes études, le sport et ta vie de jeune adulte ? 

Chloe Kim : Quand j’étais jeune, je suivais les cours par correspondance en raison de ma carrière. La fac a vraiment été une bonne expérience pour moi. J’ai pu rencontrer des gens en dehors du snowboard, ce qui m’arrive rarement. C’était également reposant de prendre une année « off » pour mon corps, parce que le snowboard est extrêmement physique. Actuellement j’ai mis de côté mes études pour me concentrer sur les JO 2022.  

« Mon objectif est d’arriver au même niveau que les hommes, voire de les dépasser, pour changer les mentalités » 

 

ELLE. Tu es une jeune femme qui a grandi sous la présidence Trump. Quels sont tes combats ?  

Chloe Kim : Je me bats contre le harcèlement et le réchauffement climatique. À l’école, quand j’étais plus jeune, j’ai été harcelée pour mon apparence, mon poids. J’avais honte de ma culture et de mon langage à cause des harceleurs et ça me rendait triste. Les enfants peuvent être très méchants parfois. En vieillissant, je me suis engagée à utiliser ma voix pour parler de ces sujets. J’espère qu’un jour, le harcèlement disparaitra entièrement. Je fais partie de cette génération qui prend la parole. Maintenant, les gens nous écoutent et nous voit être le changement. C’est génial et inspirant.  

ELLE.  Si tu avais un conseil à donner à Chloe lorsqu’elle avait 10 ans ? 

Chloe Kim : Ne mange pas autant de donuts ! Plus sérieusement, tout ira pour le mieux. Et j’aimerais pouvoir le dire à toute la famille Kim.