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Birmanie : Aung San Suu Kyi incarcérée jusqu'au 15 février

Deux jours après son arrestation dans le cadre d'un coup d'État militaire, Aung San Suu Kyi a été inculpée par la police pour infraction à la législation en vigueur sur les importations, selon un document rendu public mercredi. La dirigeante birmane sera maintenue en détention jusqu'au 15 février.

Aung San Suu Kyi a été arrêtée le 1er février 2021 avec plusieurs dizaines de ses alliés lors d'un coup d'État mené par l'armée.
Aung San Suu Kyi a été arrêtée le 1er février 2021 avec plusieurs dizaines de ses alliés lors d'un coup d'État mené par l'armée. © Jack Taylor, AFP
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La police birmane a inculpé la dirigeante élue Aung San Suu Kyi pour infraction à la législation en vigueur sur les importations et a demandé sa détention jusqu'au 15 février, selon un document consulté mercredi 3 février.

Issu d'un poste de police de la capitale Naypyidaw, le document rapporte que les officiers militaires chargés d'inspecter la résidence d'Aung San Suu Kyi ont trouvé des radios portatives importées illégalement et utilisées sans autorisation.

>> À lire aussi : "Aung San Suu Kyi, la chute d'une icône devenue paria hors de son pays"

Un tribunal "a ordonné sa détention provisoire pour une période de 14 jours, du 1er au 15 février, l'accusant d'avoir violé une loi sur les importations/exportations", a écrit sur Facebook Kyi Toe, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD). L'ex-président Win Myint est inculpé pour avoir violé la loi sur la gestion des catastrophes naturelles, selon lui.

Aung San Suu Kyi a été arrêtée lundi avec plusieurs dizaines de ses alliés dans le cadre d'un coup d'État mené par l'armée.

Des raids ont été menés dans différents locaux du mouvement et des document saisis, selon la NLD).

Premiers signes de résistance

Deux jours après le putsch, condamné par de nombreuses capitales étrangères, les premiers signes de résistance émergeaient.

Des médecins et des professionnels de santé, portant des rubans rouges (la couleur de la NLD), refusaient de travailler, sauf en cas d'urgence médicale.

"Nous obéirons uniquement au gouvernement élu démocratiquement", a déclaré à l'AFP Aung San Min, responsable d'un hôpital de 100 lits dans la région de Magway (centre), alors que l'armée conteste les législatives de novembre, remportées massivement par la NLD.

Des membres du personnel médical de l'hôpital général de Rangoun se sont réunis devant l'établissement, faisant le salut à trois doigts, un geste de résistance déjà adopté par les militants prodémocratie à Hong Kong ou en Thaïlande.

"Honte à l'armée"

Un groupe, "le mouvement de désobéissance civile", a aussi été lancé sur Facebook et comptait mercredi quelque 160 000 abonnés. "Honte à l'armée", "les militaires sont des voleurs", pouvait-on lire sur sa page.

Mardi soir, dans le quartier commerçant de Rangoun, la capitale économique, des habitants ont klaxonné, tapé sur des casseroles, certains scandant : "Vive mère Suu !" (Aung San Suu Kyi).

Pressentant les événements, cette dernière, qui serait pour le moment assignée à résidence dans la capitale Naypyidaw, a exhorté la population à "ne pas accepter" le coup d'État dans une lettre écrite par anticipation.

Mais la peur des représailles reste vive dans le pays qui a vécu, depuis son indépendance en 1948, pendant près de 50 ans sous le joug de la dictature militaire.

"La population sait très bien à quel point l'armée peut être violente et se soucie peu de sa réputation internationale", a souligné Francis Wade, auteur d'ouvrages sur le pays.

L'aide directe américaine bloquée

Les autorités ont déjà publié un avertissement, mettant en garde contre tout discours ou message qui pourrait "encourager des émeutes ou une situation instable".

Le coup d'État, "inévitable" selon le général Min Aung Hlaing qui concentre désormais l'essentiel des pouvoirs, a déclenché un concert de condamnations à l'international.

>> À lire aussi : "Birmanie : Min Aung Hlaing, l'héritier de la junte militaire"

Après avoir menacé d'imposer de nouvelles sanctions, l'administration de Joe Biden a encore haussé le ton contre la Birmanie, premier grand test international pour le nouveau président américain.

Suu Kyi et Win Myint ont "été renversés dans un coup d'État militaire", a fait savoir une responsable américaine. Cette qualification juridique bloque l'aide directe de Washington à l'État birman.

La Chine, alliée de la Birmanie à l'ONU

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni mardi en urgence, et à huis clos, mais n'a pas réussi à se mettre d'accord sur un texte commun. Des négociations sont toujours en cours, selon un diplomate sous couvert d'anonymat.

Pour être adoptée, une déclaration nécessite le soutien de la Chine, qui exerce un droit de veto en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.

Or, Pékin reste le principal soutien de la Birmanie aux Nations unies. Lors de la crise des Rohingya, la Chine avait contrecarré toute initiative au Conseil de sécurité, estimant que le conflit avec la minorité musulmane relevait des seules affaires intérieures birmanes.

Avec AFP et Reuters

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